Un généraliste menace de déplaquer si le poste de son épouse enseignante est supprimé

31/01/2024 Par Louise Claereboudt
Installé depuis près de cinq ans à Saint-Benoît-du-Sault (Indre), un jeune médecin généraliste envisage de fermer son cabinet si son épouse, enseignante dans un lycée voisin, est mutée dans un autre établissement scolaire.  
 

C'est une situation qui illustre parfaitement la complexité des installations de médecins dans les territoires reculés. En 2019, un jeune généraliste fraîchement diplômé de la faculté de Limoges prend la décision de revenir sur ses terres d'origine, à Saint-Benoît-du-Sault, dans l'Indre. Il décide de s'y installer dans un cabinet. Pour le plus grand bonheur des 600 habitants du village. 

Oui mais voilà, cinq ans après avoir posé sa plaque, le jeune praticien pourrait bien la dévisser sous peu. Le poste de sa compagne, professeure d'espagnol dans le lycée d'une commune voisine, est en effet menacé de suppression. Cette dernière pourrait bien être mutée dans un autre établissement scolaire. Si tel est le cas, "j'ôterai ma plaque pour la suivre", prévient le généraliste, outré. 

L’an dernier, le médecin était déjà monté au créneau après une première menace de suppression du poste de sa femme, rapportent nos confrères de La Nouvelle République. Des élus, dont le maire de Saint-Benoît-du-Sault, s'étaient mobilisés "pour qu'il soit maintenu", rappelle-t-il. Si la mutation est actée, "mes 1 500 patients […] devront se débrouiller pour trouver un autre médecin dans un secteur bien sinistré", alerte le trentenaire, qui se tournerait alors vers le remplacement ou le salariat. 

"J’ai grandi ici où la population a la chance d’avoir deux généralistes […]. Je pensais que la santé était devenue une priorité, mais je constate que ce n’est pas le cas, cette situation décourage de s’installer", a déploré le généraliste. Le maire, qui porte un projet de maison de santé, a lui aussi fait part de ses craintes à La Nouvelle République, déplorant "le manque de cohérence entre deux politiques. La santé est un vrai sujet d’intérêt général et, dans ce cas présent, ce que fait l’un est défait par l’autre"

Pour l'heure toutefois, aucune décision n'a été prise concernant le poste de l'enseignante. 

 

[avec La Nouvelle république

5 débatteurs en ligne5 en ligne
Photo de profil de Patrick Sorbette
251 points
Incontournable
Pharmaciens (CNOP)
il y a 2 ans
J'hésite entre chantage et trafic d'influence, dans la forme et dans le fond. Avec sa femme ils ont tous deux un métier, et ils ont choisi de faire primer celui de sa femme. Si la demande pour des cours d'espagnol n'est plus présente, son poste ne se justifie plus. Elle est donc mutable, avec l'avantage de conserver son emploi. Elle pourrait également refuser sa mutation et changer de métier si le couple choisissait de faire primer l'emploi du mari. La difficulté serait alors de trouver un emploi localement. Mais ils ne veulent pas faire ce choix. C'est une décision personnelle qu'ils auraient pu exprimer sans chantage. Le risque de céder à ce chantage c'est qu'on ne peut pas savoir à quel moment le maitre chanteur s’arrêtera ni ce qu'il demandera par la suite s'il ne s'arrête pas connaissant son pouvoir de nuisance.
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Je comprends le choix personnel de ce confrère de suivre sa femme, mais je n'aime pas la manière dont il semble en faire un scandale. Lorsqu'on choisit le métier d'enseignant dans l'école publique, on accepte le principe des mutations. On ne va pas maintenir éternellement un poste inutile juste pour garder le toubib du coin, ce n'est ni juste pour le contribuable, ni juste pour les enfants qui ailleurs ont besoin de cet enseignant, ni juste pour les autres enseignants qui n'ont pas les mêmes moyens de pression.
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
Il n'y a pas à juger si notre confrère a raison ou tort. Si la médecine libérale doit être la priorité des politiques ou si c'est l'enseignement. Il y a simplement à constater que l'aménagement du territoire a des conséquences. Un médecin n'est pas un chiffre isolé dans un tableur. Un enseignant non plus. La constitution d'un "désert médical" est la conséquence d'une politique d'aménagement des services AU public. La pénurie de professeurs dans certains territoires peut s'expliquer par la difficulté de mobilité du conjoint, et bien sûr l'inverse comme le montre cet exemple. C'est pour cela que les "déserts" s'étendent en patchwork quand l'école, les commerces, les transports, les services, les loisirs, etc... disparaissent et/ou sont regroupés dans les "métropoles" et ne sont considérés que comme des coûts et non pas des investissements.
 
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