maladie cardiovasculaire

Maladies cardiovasculaires : les maladies auto-immunes accentuent le risque

A l’origine d’une inflammation systémique, les maladies auto-immunes comme le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite axiale sont associées à un sur-risque de survenue d’une maladie cardiovasculaire.
 

01/10/2025 Par Dre Marielle Ammouche
Congrès de l'European Society of Cardiology 2025
maladie cardiovasculaire

« Le psoriasis est associé à un risque accru d’insuffisance cardiaque, même en l’absence de maladies cardiovasculaires athérosclérotiques », a exposé la Dre Maria Flarup Dons, du département de cardiologie du Copenhagen Gentofte University Hospital (Danemark), au congrès de l’European Society of Cardiology, le 30 août. Dans l’étude Psocadia qu’elle a dirigée, elle a cherché à évaluer la prévalence d’une dysfonction myocardique chez 1 042 personnes atteintes de psoriasis et/ou de pustulose palmoplantaire, comparées à 1 042 témoins. Il en ressort que les sujets du premier groupe présentaient plus fréquemment une dysfonction systolique du ventricule droit (16 % vs 2,5 %) ainsi qu’une dysfonction systolique du ventricule gauche (22,8 % vs 15,4 %). « La signification clinique de ces altérations cardiaques dans le psoriasis justifie une étude plus approfondie », a ajouté la Dre Flarup Dons.


Des taux augmentés de maladie cardiaque ischémique, d’insuffisance cardiaque et de mortalité cardiovasculaire sont également observés dans l’arthrite inflammatoire, dont les formes principales sont la polyarthrite rhumatoïde (PR) et la spondylarthrite axiale (axSpA). Dans l’étude de cohorte prospective Artcadia, le Dr Morten Sengelov, du Copenhagen Gentofte University Hospital, a comparé les mesures échocardiographiques de 1 272 patients atteints d’arthrite inflammatoire, dont 36 % d’hommes, d’âge moyen 60 ans, et de 1 272 témoins. Les résultats ont mis en évidence que 28,4 % des sujets du premier groupe souffraient de dysfonction cardiaque, contre 16 % du second. « Ces résultats suggèrent que la PR et l’axSpA peuvent partager des voies inflammatoires qui contribuent à la dysfonction cardiaque au-delà des facteurs de risque traditionnels », a estimé le Dr Sengelov.
Des résultats confirmés par une étude de Dorina-Gabriela Condurache, doctorante au William Harvey Research Institute, Queen Mary University of London (Royaume-Uni), fondée sur les données cliniques et génétiques ainsi que sur les résultats d’imagerie de volontaires inclus dans la UK Biobank. L’étude a porté sur 1 474 personnes atteintes de PR (dont 70,4 % de femmes, d’âge moyen 59,9 ans) et 493 630 témoins (54,2 % de femmes, d’âge moyen 56,5 ans) suivis pendant quatorze ans. Les résultats ont montré que la PR était associée à une augmentation de l’incidence de toutes les maladies cardiovasculaires, principalement les maladies péricardiques (hazard ratio [HR] = 2,88 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 2,04-4,06), l’insuffisance cardiaque (HR = 1,92 ; IC à 95 % : 1,63-2,27) et la cardiomyopathie non ischémique (HR = 1,69 ; IC à 95 % : 1,06-2,68). D’où « la nécessité d’une stratification précoce du risque cardiovasculaire et d’une approche multidisciplinaire pour optimiser la prise en charge dans cette population à haut risque », a plaidé la chercheuse.

 

De nouveaux outils d’évaluation


Des outils permettent de mieux définir le profil de risque. « Le suivi des changements d’atténuation spatiale dans le tissu adipeux périvasculaire a été introduit comme une nouvelle façon de quantifier l’inflammation de manière non invasive à l’aide de l’angiographie coronarienne de routine par tomodensitométrie », a expliqué la Dre Brittany Weber, directrice en cardio-rhumatologie et cardio-dermatologie à l’University of Texas Southwestern Medical Center à Dallas (États-Unis). Elle a mené une étude sur 909 patients suivis pendant 5,5 ans, dont 56,7 % de femmes, d’âge moyen 62 ans. 61,4 % des participants avaient un psoriasis, 30,5 % une arthrose rhumatoïde et 12,5 % un lupus érythémateux systémique. Le critère d’évaluation principal (décès pour cause cardiovasculaire, infarctus du myocarde ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque) est survenu chez 69 sujets (26 %) ayant un fort indice d’atténuation des graisses périvasculaires (FAI), contre 87 sujets (13,5 %) à faible FAI (HR ajusté = 1,47). « La quantification non invasive de l’inflammation coronaire pourrait servir de marqueur pronostique pour ces patients », a commenté la Dre Weber.
Leur suivi doit inclure la gestion des facteurs de risque communs aux maladies inflammatoires auto-immunes et aux maladies cardiovasculaires : obésité, dyslipidémie, diabète, hypertension artérielle et tabagisme.

Références :

Congrès de l’European Society of Cardiology (Madrid, 29 août-1er septembre). D’après la session « Maladies auto-immunes, inflammation et maladies cardiovasculaires » (30 août).

 

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Claire FAUCHERY

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