
Vaccination : des propositions concrètes des académies de médecine et de pharmacie
Le constat est alarmant considèrent les académiciens, tant au niveau de la population générale que des professionnels de santé. Il faut agir de façon urgente. Un changement dans les stratégies vaccinales apparait donc nécessaire pour tenter de lutter contre les crises à venir. Médecins ambassadeurs, simplification du calendrier vaccinal, extension des lieux de vaccination, nouveaux vaccins… Des solutions existent, assurent les experts.

Alors que l’épidémie de grippe est particulièrement forte, et que les infections respiratoires bactériennes sont aussi en augmentation, perturbant bon nombre d’hôpitaux, les pouvoirs publics et les experts alertent sur l’insuffisance de la vaccination, pilier de la prévention.
A leur tour, les académies nationales de médecine et de pharmacie tirent le signal d’alarme sur l’urgence de la situation. Lors d’un récent colloque, qui s’est déroulé fin 2024, elles se sont réunies dans l’objectif de "repenser notre politique vaccinale contre les infections respiratoires", et de trouver des solutions innovantes. Lors de ce colloque, les deux académies ont présenté une feuille de route ambitieuse avec des propositions concrètes pour faire de la vaccination "une pierre angulaire de notre système de santé" et "en amplifier la dimension stratégique".
"Il faut cesser de voir la vaccination comme une dépense alors que c’est un investissement pour protéger durablement la population et réduire le coût des infections respiratoires. Ce colloque a été un catalyseur d’actions concrètes. Nous avons l’opportunité de transformer ces échanges en avancées tangibles pour la santé publique", a ainsi déclaré la Pre Catherine Barthélémy, présidente de l’Académie de médecine.
Les experts soulignent tout d’abord que le constat est "alarmant". Les infections respiratoires évitables par la vaccination constituent "un fléau sanitaire et économique majeur en France, exerçant une pression croissante sur un système de santé déjà saturé, particulièrement en période hivernale", affirment-ils. Les complications peuvent être graves pour les patients, en particulier pour les personnes atteintes de maladie chronique ou vulnérables. Et c’est sans compter le poids financier sur le système de santé. "Leur coût global reste sous-estimé en raison d’un manque de données centralisées", affirment les académiciens. La grippe, à elle seule, engendre des coûts directs et indirects s’élevant à plusieurs centaines de millions d’euros, voire près d’un milliard. Les surinfections qui en découlent favorisent une utilisation inappropriée des antibiotiques, aggravant les risques sanitaires et les dépenses."
Malgré cela, la couverture vaccinale reste dramatiquement basse. : moins de 30 % des moins de 65 ans contre la grippe, et seulement 5 % contre le pneumocoque. Chez les professionnels de santé aussi, les taux restent à un niveau "alarmant", considèrent les académiciens présents au colloque.
De nombreux facteurs peuvent expliquer cette insuffisance : sentiments de bénignité des infections en cause, une certaine complexité des recommandations, pénuries, absence de suivi numérique, défiance envers les vaccins...
Simplifier les recommandations et faciliter l’accès aux vaccins
Face à cette situation, les académiciens appellent à un "bouclier vaccinal" dès 60 ans pour simplifier et renforcer la stratégie vaccinale. Ils proposent l’introduction d’un seuil d’âge unique fixé à 60 ans, et la création de carrefours vaccinaux à des âges clés de la vie. Ils pensent aussi qu’il faudrait que les vaccins soient plus pris en charge avec un "zéro reste à charge" pour les vaccins prioritaires. Une harmonisation des calendriers vaccinaux au niveau européen apparait aussi nécessaire.
Les experts plaident aussi pour un meilleur accès aux vaccins. Cela passe par une meilleure gestion du stockage des produits pour les professionnels de santé, ainsi qu’une extension des lieux de vaccination à des endroits très fréquentés comme les pharmacies, les gares ou encore les centres commerciaux. Toute consultation et hospitalisation doit aussi être une opportunité pour la vérification vaccinale. Enfin, la modernisation des systèmes d’information est jugée "indispensable". Cela passe notamment par l’interopérabilité des plateformes numériques, telles que le dossier médical partagé ou le carnet vaccinal numérique.
Renforcer l’innovation et la formation
L’innovation doit, par ailleurs, être encouragée dans ce domaine. Mais, selon les académiciens, il existe actuellement des freins dus, en particulier, à "des méthodes d’évaluation qui ne prennent pas en compte les spécificités des vaccins". Les experts appellent à "une réforme en profondeur" de ces méthodes d’évaluation "pour intégrer de nouveaux critères dès les premières étapes et accélérer la mise sur le marché des vaccins innovants". Des vaccins de nouvelle génération doivent aussi voir le jour dans un avenir plus ou moins proche. Il s’agit notamment des vaccins mucosaux et intradermiques, qui "promettent une avancée majeure grâce à leur efficacité, praticité et meilleure acceptabilité", soulignent les experts.
La formation des professionnels doit aussi être renforcée car son insuffisance actuelle "freine leur capacité à sensibiliser et convaincre les patients de l’importance de la vaccination". Il s’agit en particulier qu’ils contribuent à lutter contre les nombreuses fake news dans ce domaine et deviennent des "ambassadeurs de la vaccination". Dans les établissements, une idée pourrait être l’affichage des taux de vaccination, de façon à "promouvoir la transparence et l’adhésion".
En outre, les campagnes d’information doivent être plus orientées vers les populations éloignées du système de santé, mais aussi les seniors via, notamment, des programmes numériques spécifiques.
Au global, les experts appellent à "reconnaître la vaccination comme un investissement stratégique, un pilier essentiel pour renforcer la santé publique et anticiper les crises sanitaires futures". Ils souhaitent un véritable "changement de paradigme", avec des "financements adaptés et une gouvernance coordonnée".
Références :
D’après une communication des Académies nationales de médecine et de pharmacie (15 janvier)
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