polymédication

Plus des trois quarts des patients de plus de 90 ans sont polymédiqués

Une vaste étude confirme la surprescription de médicaments chez les sujets très âgés. 

07/02/2025 Par Dre Marielle Ammouche
Thérapeutique Gériatrie
polymédication

La grande majorité des patients consomment 5 médicaments ou plus par jour. C’est ce qui ressort d’une étude de cohorte, réalisée à partir des données de 2022 du Système national des données de santé, concernant les personnes âgées de 90 ans et plus affiliées au régime général d’assurance maladie. Au total, près de 700 000 sujets ont été inclus dans l’étude. La majorité étaient des femmes (73,2%). 75% étaient âgés de 90 à 94 ans et 2,9% avaient plus de 100 ans.

La polymédication était définie par la prise de 5 médicaments ou plus. Un traitement contre l’hypertension était prescrit chez 77% des sujets, 50,4% avaient une maladie cardiovasculaire et 17,7% souffraient de démence.

Il est alors apparu que plus des trois quarts des patients de plus de 90 ans étaient polymédiqués (77,7%). Les médicaments les plus prescrits étaient les antihypertenseurs (73,8%), les antalgiques (58,8%), les antithrombotiques (55,3%), la vitamine D (51,1%) et les psychotropes (42%). On observait une diminution progressive de la prescription de certains médicaments avec l’âge, "mais probablement insuffisante", soulignent les auteurs. Les médicaments qui étaient moins prescrits étaient plutôt d’ordre préventifs, alors qu’on constatait une augmentation des médicaments de gestion des symptômes.

Le fait de résider en Ehpad était aussi associé à une diminution du nombre de médicaments. Et ces patients étaient plus souvent traités par psychotropes et moins susceptibles de recevoir des médicaments cardiovasculaires.

Les auteurs concluent que "l'arrêt des traitements doit être discuté dans le contexte d’une espérance de vie courte afin d’éviter les effets néfastes de la polymédication".

Références :

D’après Lukshe et al. Journal of the American Medical Directors Association, Volume 26, Issue 3, 105459 ; et un communiqué d’Epi-Phare (29 janvier) 

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Claire FAUCHERY

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1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 10 mois
Les choix sont difficiles. J'aurais tendance à parler "cibles" plutôt que médicaments. Parfois une association (d'anti-hypertenseurs par exemple) est moins dangereuse (rapport bénéfice risque) qu'un seul dont l'augmentation de la dose peut être mal tolérée. Là, c'est surtout une adaptation de posologie et de tolérance. Mais est on bien d'accord que 5 médicaments, c'est comme 5 fruits et légumes, c'est plutôt une cible? Bien sûr il y a des ordonnances qui sont de véritables "coupe faim" tant il y a de médicaments à "ingurgiter" et dont on ne peut pas connaitre toutes les interactions. Question: ces fameux malades de plus de 90 ans polymédiqués, sont ils la preuve qu'ils sont "bien traités" ou particulièrement résistants, même aux "mauvais traitements"? Seconde question: la persistance des psychotropes en EHPAD: montre t'elle que les autres médicaments sont peu utiles ou que la surveillance évite les chutes liées aux psychotropes ou que les soignants ont besoin de tranquillité? Enfin une remarque. Trouver que dans une population de personnes âgées de plus de 90 ans, la mortalité est supérieure quand elle est polymédiquée que quand elle ne l'est pas ne me paraît pas être un scoop. Une population "malade" est plus susceptible d'avoir plus de facteurs de risques qu'une population saine! Dans l'étude de cohorte en question il n'est pas détaillé le fait de savoir si les traitement étaient justifiés ou pas. Je ne sais pas s'il était possible de faire un descriptif des maladies traitées et s'il aurait été éthique d'interrompre les médicaments ou de faire un comparatif en "simplifiant". Tout cela montre que c'est bien de se poser des questions, que ce n'est pas toujours facile d'y répondre et qu'il faut pourtant simplifier les prescriptions (et pas seulement pour les personnes âgées). La médecine serait elle un métier difficile contrairement à ce qu"en pensent certains de nos politiques?
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597 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 10 mois
Il ne s'agit pas de savoir s'ils ont 90 ans, mais quel est leur âge réel, leur espérance de vie correcte, leur tolérance aux médicaments.....
Photo de profil de HENRI BASPEYRE
14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 10 mois
évidence arriver à 90 ans en bon état ce n'est pas si mal même en tenant grâce à des médicaments payés par les cotisations sociales des intéressés,pas par l'AME!
 
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