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Mucoviscidose : Kaftrio entraîne des bénéfices cliniques durables en vie réelle

Évaluer en vie réelle l’efficacité et la tolérance à long terme de Kaftrio (ivacaftor, tezacaftor, elexacaftor), modulateurs du CFTR en trithérapie, mis à disposition des patients français atteints de mucoviscidose depuis 2021, tel est l’objectif de l’étude Solar conduite par le laboratoire Vertex*. 

17/09/2025 Par Michèle Reboul
Pneumologie
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Cette étude observationnelle en vie réelle, a inclus 3866 patients (de 6 ans et plus) enregistrés dans le Registre français de la mucoviscidose, porteurs d’au moins un allèle F508del du gène CFTR et ayant commencé un traitement par Kaftrio entre le 18 décembre 2019 et le 31 décembre 2023. « L’étude SOLAR nous a permis de savoir si les données des essais cliniques effectuées sur des malades sélectionnés et des périodes courtes, se retrouvent dans la vraie vie, à plus long terme, chez des patients traités pour mucoviscidose en France. Elle a été demandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) afin de disposer d’un travail exhaustif, incluant tous les patients ayant reçu Kaftrio en France, sans sélection de profils particuliers », précise le Pr Pierre-Régis Burgel, professeur de pneumologie à l’hôpital Cochin (Paris).

 

De nombreux critères évalués

SOLAR a recueilli les données des patients sur les 36 mois précédant l’initiation du traitement par Kaftrio (période de référence) et jusqu’à 36 mois suivant l’initiation (période de suivi). Parmi les critères évalués, l’étude a évalué le volume expiratoire maximum par seconde (VEMS), les exacerbations pulmonaires, l’état nutritionnel (indice de masse corporelle), la tolérance du traitement, le recours à la transplantation pulmonaire et la mortalité. L’étude a inclus un peu plus d’hommes que de femmes (53 % versus 47%). L’âge moyen au début du traitement était de 28 ans. Environ 50 % avaient déjà reçu un autre modulateur du CFTR avant leur initiation par Kaftrio. Le VEMS moyen à l’inclusion était de 65 %, avec une grande variabilité et l’IMC moyen des adultes se situait autour de 21,5 kg/m². « Environ la moitié des patients était porteuse de deux mutations F508del. Par ailleurs, 72 patients (2,2%) étaient sur le chemin de la transplantation pulmonaire (déjà inscrits sur une liste de greffe ou inscription imminente) », indique le Pr Burgel.

Une nette amélioration des fonctions respiratoires

Les premiers résultats de l’étude*, qui concernent 3312 patients âgés de 12 ans et plus, confirment les résultats des essais cliniques. « Dans les études de phase III, le VEMS s’améliore dès 15 jours de traitement d’environ 14 % en valeur absolue. Nous n’avions jamais observé de résultats aussi spectaculaires avant la mise à disposition de Kaftrio », souligne le Pr Burgel. Dans l’étude Solar, après 12 mois de suivi, la VEMS montre une amélioration de 14,8 % par rapport à l’initiation du traitement. « Nous retrouvons donc les mêmes valeurs en vie réelle (sur des malades non sélectionnés) que celles des essais cliniques. Par ailleurs, les premiers patients ayant reçu le traitement dans le cadre de l’ATU étaient les plus sévères. Malgré cela, à 24 mois de suivi, le VEMS moyen de la cohorte augmente de 15,9 points par rapport à l’initiation du traitement. Cela signifie que nous obtenons un effet rapide, comparable à celui des essais cliniques et qui ne s’échappe pas dans le temps », note le pneumologue.

 

Diminution des exacerbations et prise de poids

Concernant les exacerbations pulmonaires (recueillies dans le registre au travers des cures d’antibiotiques intraveineuses), les résultats sont spectaculaires. « Dans les 12 mois qui précédaient l’instauration du traitement, 40 % des patients avaient nécessité au moins une cure d’antibiotiques intraveineux, à l’hôpital ou à domicile. Cela représentait 3 000 événements (c’est-à-dire, 3000 fois 14 jours : la durée habituelle d’une cure d’antibiotiques en perfusion) avec en moyenne une exacerbation par patient et par an. Après 12 mois de suivi sous Kaftrio, on observe une nette amélioration : seulement 167 patients ont présenté une exacerbation, contre 1 285 auparavant, avec 205 exacerbations enregistrées, contre 3 000 initialement. Il faut cependant souligner un facteur confondant : les premiers traitements ont débuté en 2020, période marquée par le confinement lié au Covid-19, qui a contribué à une baisse générale des exacerbations respiratoires. Plus intéressant : à 24 mois de suivi, on a divisé par cinq les exacerbations et les cures d’antibiotiques sur une période indépendante du Covid-19 », détaille le Pr Burgel. En outre, les patients sous Kaftrio prennent du poids. Chez les adultes de plus de 20 ans, l’IMC augmente en moyenne de 1,3 points la première année, passant en moyenne de 21 kg/m² à environ 22,5. kg/m² Après cette première année, la prise de poids se stabilise. Ainsi, les patients dénutris parviennent progressivement à retrouver un état nutritionnel plus proche de la normale.

 

Peu d’arrêts de traitement

Au terme d’un suivi moyen de 21 mois portant sur environ 3 300 patients traités par Kaftrio, :4,7 % ont interrompu leur traitement (effets secondaires ou participation à d’autres essais cliniques). Moins de 10 patients ont dû avoir recours à d’une transplantation pulmonaire, contre une centaine par an auparavant en France. « La transplantation est donc devenue exceptionnelle et concerne principalement des malades dont les mutations ne répondent pas aux modulateurs. Enfin, 16 décès (0,5 %) ont été recensés. Cette mortalité est très faible, en comparaison des taux de mortalité observés avant la mise à disposition de Kaftrio, d’autant que certains patients avaient commencé le traitement à un stade avancé de la maladie, parfois déjà inscrits sur liste de greffe » conclut le Pr Burgel.

* Ces résultats ont été publiés sous forme de poster lors du congrès de l’European Cystic Fibrosis Society (ECFS) en juin 2025. Les résultats détaillés, notamment pour les enfants de 6 à 11 ans et les patients sévères initiés tardivement, feront prochainement l’objet d’une publication scientifique dans une revue à comité de relecture.

Kaftrio et la mucoviscidose

La mucoviscidose est due à une mutation du gène CFTR, dont la plus fréquente est la F508del. Cette mutation entraîne la production d’une protéine anormale : le canal ionique CFTR, mal conformé en trois dimensions, n’est pas adressé correctement vers la membrane cellulaire. En outre, les quelques canaux présents dans la membrane ne permettent pas un transport des ions chlorure. Les modulateurs développés par Vertex (dont Kaftrio) sont de petites molécules qui se fixent sur la protéine. En corrigeant sa conformation, ils permettent au canal d’être transporté jusqu’à la membrane cellulaire ainsi que de permettre à nouveau le passage des ions.

En France, environ 83 % des patients présentent au moins une mutation F508del. Les 17 % restants n’en sont pas porteurs, mais parmi eux plus de la moitié possèdent d’autres mutations répondant au traitement.

Références :

D’après une conférence de presse de Vertex (4 septembre)

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Claire FAUCHERY

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