Lancement d’Albane, une vaste étude sur l’état de santé des Français

Une grande enquête vient d’être lancée par Santé publique France (SPF) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) afin d’avoir de nouvelles données sur l’état de santé de la population vivant en France hexagonale, en particulier sur le plan alimentaire, des habitudes de vie et de l’exposition aux facteurs environnementaux. Nommée Albane, il s’agit d’une enquête cyclique qui aura lieu tous les deux ans, sur un échantillon d’environ 3 000 personnes – adultes et enfants – tirées au sort et provenant de l’ensemble du territoire, qui sera découpé en plus d’une centaine de zones.

L’enquête sera basée sur un grand nombre de données provenant de différentes sources : questionnaire en face à face, auto-questionnaire, enquête alimentaire avec un relevé exhaustif des consommations sur trois jours non consécutifs, port d’un accéléromètre sur sept jours pour mesurer l’activité physique, et enfin un examen de santé. Ce dernier comprendra une mesure de la taille, du poids, de la force musculaire et de la pression artérielle. Sur le plan biologique, des prélèvements d’urine et de cheveux seront également réalisés chez les participants de plus de trois ans, ainsi que des prélèvements de sang pour ceux de plus de six ans.

Ces données permettront d’avoir un état des lieux des expositions à diverses substances de l’environnement. En particulier les métaux auxquels la population française est exposée tels que "le cadmium, le mercure ou le plomb" seront recherchés, tout comme les polluants organiques persistants (composés perfluorés, PCB, dioxydes et furanes, hydrocarbures aromatiques polycycliques), a détaillé Loïc Rambaud, chef de projet de l'enquête Albane. Mais aussi les phtalates, les bisphénols, et "l'ensemble des familles de pesticides", dont certains sont "interdits, mais qu'on retrouve largement dans la population et l'environnement", ou encore "les néonicotinoïdes et certains antifongiques". "Une analyse assez large de l'ensemble des pesticides qu'on pourrait trouver dans les urines" sera menée, de façon à "être sûr de n'en manquer aucun", a précisé Loïc Rambaud. Des données complémentaires aux résultats de l'étude PestiRiv sont attendues en octobre, sur l'exposition aux pesticides des habitants des zones viticoles.

De premiers résultats attendus en 2028

Albane permettra aussi d’avoir une photographie de l’état de santé de la population concernant les maladies chroniques, ainsi que les habitudes alimentaires et le niveau d’activité physique.

Les données de l’étude seront ensuite croisées avec les celles du Système national des données de santé (SNDS), ce qui permettra de faire des liens avec la survenue de certaines pathologies. En outre, toutes ces informations seront exploitées à l’échelle européenne dans le cadre du Partenariat européen pour l'évaluation des risques liés aux substances chimiques (Parc), qui fédère 200 partenaires.

Une extension d’Albane aux territoires ultra-marins est espérée "à l'horizon 2028". Elle est "en discussion depuis un an avec les financeurs", a précisé à l'AFP Sébastien Denys, directeur santé-environnement-travail à SPF. En effet, cette extension alourdirait fortement le coût du programme (12 millions d'euros), pour des raisons logistiques notamment. Les premiers résultats d’Albane sont attendus début 2028.