Formation des généralistes, télémédecine... Quelles alternatives face à la pénurie de dermatos ?

Passant de 3 546 dermatologues actifs (libéraux et salariés) en 2015 à 2 880 en 2025, la démographie médicale de cette spécialité a chuté de 19%. Et les projections ne semblent pas optimistes car l’objectif national (ARS du 8 janvier 2024) est d’assurer le renouvellement de 60% des spécialistes de plus de 55 ans d’ici 2032 pour atteindre 2 000 dermatologues libéraux (contre 2 469 installés en mars 2025). Alors que depuis 2023, le nombre de nouveaux postes d’internes stagne aux alentours de 112 postes/an, les instances en dermatologie réclament l’ouverture de 125 postes/an pour répondre aux besoins. En attendant, la profession s’organise avec la mise en place de différents outils et initiatives.

 

De nouveaux outils conventionnels

S’inscrivant dans une démarche de territoires, de nouveaux outils sont intégrés dans la convention médicale pour améliorer la pratique et le parcours de soin. "La télémédecine, qu’il s’agisse de téléexpertise ou de téléconsultations, est une solution mais il faut trouver les moyens de la pratiquer de façon correcte. Nous avons besoin de recommandations concernant les critères de qualité relatifs à la transmission des images afin qu’elles soient interprétables. La télémédecine a une véritable valeur ajoutée notamment dans le suivi des plaies chroniques, en Ehpad par exemple. La téléexpertise est utile pour mieux hiérarchiser les demandes de prise en charge et prioriser les cas les plus urgents. Elle a une grande place au sein des équipes de soins spécialisées (ESS)", précise le Dr Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues.

Le deuxième dispositif concerne la formation en dermatologie d’assistants médico-techniques. Afin d’augmenter le temps médical disponible du dermatologue, ce nouveau métier au référentiel défini peut prendre en charge certains gestes au cabinet sous la surveillance et la responsabilité du praticien. Une aide à l’embauche est octroyée. "C’est une modification importante dans le fonctionnement de l’entreprise médicale libérale", assure le Dr Sulimovic.

Reconnues dans la convention médicale signée en juin 2024 et disposant d’un financement dédié depuis 2025 par les ARS (versement d'un crédit d'amorçage et d'une dotation annuelle), les ESS s’inscrivent dans une perspective de territoire pour contribuer, avec les acteurs de soins de premiers recours, à la structuration des parcours de santé. Elles regroupent des spécialistes ayant choisi d’assurer leurs activités de soin de façon coordonnée. "Il est important que les généralistes faisant partie d'un tel réseau aient reçu une formation en dermatologie", ajoute le médecin. Aujourd’hui, l’Île-d- France, la Bretagne, la Corse, l’Occitanie, les Hauts de France, le Centre-Val de Loire et les Pays de la Loire sont dotés d’ESS.

 

Formation renforcée des généralistes

En première ligne, les généralistes sont essentiels pour identifier les pathologies dermatologiques et orienter leurs patients, en cas de besoin, vers le dermatologue. Des initiatives comme les "Rencontres généralistes-dermatologues" de l’association des dermatologues libéraux du Lyonnais ont démontré leur succès. Ces réunions offrent aux généralistes une formation renforcée sur les avancées en dermatologie, les nouveaux traitements et les techniques de dépistage. Elles ont pour objectif de fluidifier le parcours de soins, de mieux dépister les cancers de la peau et de permettre une meilleure orientation des patients vers les spécialistes. 

Au sein des territoires, les généralistes peuvent d’autre part bénéficier d’un accès facilité aux dermatologues en ayant recours à la téléexpertise et demander un avis spécialisé rapidement. De même, une collaboration avec les ESS contribuent à assurer les compléments de formation nécessaires.