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Formations "express" en dermatologie : "Un généraliste ne pourra jamais atteindre le degré d'expertise" d'un dermatologue, alerte le syndicat de la spécialité

Se former à la dermatologie en un an, voire en 70 heures ? Pour le Syndicat national des dermatologues-vénérologues, ces formations express dédiées aux médecins généralistes ne sont pas la "solution miracle" à la pénurie de spécialistes. 

05/02/2025 Par Aveline Marques
Dermatologie
Alerte

"Une formation à la dermatologie de quelques heures, à destination des médecins généralistes, ne peut remplacer la formation du cursus universitaire des futurs dermatologues", interpelle le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) dans un récent communiqué.

Alors que la spécialité "connaît une pénurie inquiétante", "qui s'explique notamment par une politique d'absence d'augmentation du nombre de postes d'internes", les formations "express" en dermatologie ne sont pas la solution, estime le syndicat, qui alerte sur le risque d'une "prise en charge en mode dégradé". "Il est proposé aux médecins généralistes des formations universitaires accélérées d’un an en dermatologie et parfois même, par certaines plateformes, des modules express de 70 heures. Certains d’entre eux se trouvent ainsi référencés sur des plateformes de rendez-vous grâce à des mots-clefs, comme dermatologue, lors des recherches effectuées par les patients", pointe ainsi le syndicat.

 

Des formations insuffisantes 

Si le SNDV ne remet pas en cause "les compétences des médecins généralistes", il questionne "le bien-fondé d’un diplôme universitaire en dermatologie, de quelques heures, proposé aux médecins généralistes alors que les dermatologues suivent eux une formation de 4 ans en dermatologie", qui "doit évoluer en 5 ans". "Un médecin généraliste, aussi bien formé qu’il soit, ne pourra atteindre le degré d’expertise d’un dermatologue dont la spécialité est son quotidien", appuie le syndicat. C'est pourquoi, le SNDV "reste critique sur cette alternative provisoire qui pourrait dégrader le parcours de soin du patient et qui ne contribuerait pas à assurer une dermatologie de qualité", met en garde le Dr Luc Sulimovic, président du syndicat.

Pour faire face à la pénurie, le syndicat mise sur le développement des équipes de soins spécialisées* et sur la téléexpertise. "Les médecins généralistes peuvent solliciter l’avis d’un dermatologue libéral par téléexpertise pour un diagnostic ou un avis sur une prise en charge en onco-dermatologie et des maladies chroniques inflammatoires", met en avant le SNDV. "A titre d’exemple, la prise en charge d’un mélanome est de 8 jours" au sein de l'équipe de soins spécialisés en dermatologie francilienne.  

 

*Cinq ont été créées, en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France, en Bretagne, en Corse et Centre-Val-de-Loire 

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 10 mois
Un généraliste ne sera jamais un dermatologue, mais il peut quand même acquérir une certaine expérience clinique. J'ai eu la chance de faire une année de mon internat de région sanitaire avec LE dermatologue de Guyane, le Dr Pradinaud, grâce auquel, je me suis mis plein de choses en mémoire visuelle, et qui m'a appris à poser les bonnes questions, car la dermatologie en Guyane n'est pas celle de la métropole. Grâce à lui, j'ai pu diagnostiquer entre autres des leishmanioses, des vers-macaque, des vers-chien, des pytiriasis rosés de Gibert, des Mollusca contagiosa, voire des lèpres (j'ai aussi une attestation d'études de Léprologie) et même une fois, récemment, un mélanome alors que je n'en avais jamais vu mais il y a une telle iconographie sur internet que le diagnostic en devient facile. Il y a des diagnostic dont je suis sûr, mais en cas d'hésitation ou de doute, je passe la main. Le plus important en médecine, c'est de savoir ce que l'on ne sait pas et donc de connaître ses limites pour adresser au spécialiste. Mais peut-être que les dermatologues craignent surtout que les médecins généralistes leur "chipent" les pathologies courantes faciles à diagnostiquer et à soigner (mycoses et trichophyties par exemple) avec un bon rapport rémunération/temps passé, de la même façon que nous, médecins généralistes, nous sommes fait voler les vaccinations qui étaient simples et rapides à faire, par les pharmaciens et les infirmières. Je pense qu'en 70 heures, avec un module bien conçu, on peut apprendre à se mettre de pathologies dermatologiques simples dans l'oeil !
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679 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 10 mois
Encore un débat derrière Garde ! Il est hors de question de prendre la place des dermatologues …. . Il est juste question d’être plus performant pour reconnaître ce qui doit être prix en charge rapidement ou pas . Aujourd’hui c’est une semaine de délai pour passer sous le laser se faire retirer les poils et c’est six mois un an pour une consultation….. Ce n’est plus de la dermatologie et c’est de l’esthétique . C’est pourquoi dans la majorité des pays de l’UE ce sont les esthéticiennes ou esthéticiens qui le font…… et à des prix qui n’ont aucune mesure avec ce que prennent les dermatologues en France. C’est tellement plus lucratif que les consultations.! C’est Toujours le même problème en médecine le prix des consultations est dérisoire par rapport aux actes techniques. Molière aurait dit «  qui se sent morveux, qu’il se mouche ! »
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366 points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 10 mois
Il est vrai que nos confrères sont sur les dents du fait d'une déclaration de guerre, mais il faut comprendre que la base (les stages en dermatologies sont assez rares, et les internes ne sont pas formés par leurs pairs) qui n'est pas forcément acquise par les généralistes qui n'ont pas eu de formation en dermatologie laisse rêveur. Par contre s'amuser à faire croire via des formations DPC que le généraliste en 4 heures peut faire des diagnostics avec un dermatoscope est à mon avis assez critiquable. Cette pratique est complexe, et il ne faut pas donner des illusions qui peuvent être à l'origine d'erreurs préjudiciables pour les patients. Nous devons tous nous donner la amin, et travailler de manière raisonnée et intelligente
 
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