RGO du nourrisson : de nouvelles recos de la HAS pour limiter les prescriptions d’IPP

20/03/2024 Par Marielle Ammouche
Pédiatrie
La Haute Autorité de Santé veut lutter contre les prescriptions inappropriées d’IPP chez les nourrissons de moins d’un an. Ces traitements ne sont, en effet, pas anodins dans cette classe d’âge. Ils doivent donc être prescrits uniquement après confirmation du diagnostic de RGO pathologique sur examens complémentaires.

Le reflux gastro-oesophagien (RGO) physiologique est un phénomène particulièrement fréquent, car il toucherait 70% des nourrissons âgés de 4 mois. Il est bénin et disparait spontanément avec la diversification alimentaire et l’acquisition de la marche. Il est à différencier du RGO pathologique qui peut entrainer des complications, et qui peut nécessiter un traitement médicamenteux. Or, depuis plusieurs années, « on constate une consommation importante, souvent inappropriée, d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) » affirme la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle a donc décidé de se pencher sur ce sujet et a élaboré une « fiche pertinence », à destination des médecins concernés (médecins généralistes, pédiatres de ville, médecins de PMI) afin « d’améliorer la prise en charge du RGO de l’enfant de moins d’un an et d’éviter une surmédicalisation », associé à un document d’information à l’attention des parents. Ce dernier vise en particulier à rassurer les parents, et à indiquer les gestes simples à effectuer en cas de RGO physiologique (laisser le bébé manger à sa faim; lui faire faire des pauses, et un rot à la fin; le maintenir droit après ; éventuellement épaissir le lait, et fractionner les biberons ; coucher le bébé à plat sur le dos, sans surélever sa tête). Repérer des signes d’alerte La « fiche pertinence », à destination des praticiens, donne tout d’abord des clés pour différencier un RGO physiologique d’un RGO pathologique. En effet, l’existence de régurgitations, de pleurs, ou de troubles du sommeil, ne permettent pas à eux seuls de le faire. L’analyse de la courbe de poids constitue un élément important. Certains signes peuvent ainsi évoquer un RGO pathologique comme des traces de sang dans les régurgitations, des refus répétés du biberon, une cassure de la courbe de poids ou un échec des mesures déjà mises en œuvre. En outre, il faut aussi éliminer une autre pathologie, en particulier lorsqu’il existe des vomissements en jet devenant fréquents, ou des vomissements bilieux par exemple. « Les régurgitations simples ne présentent pas de caractère de gravité, ne nécessitent pas de test pour être diagnostiquées ni de traitement médicamenteux » insiste la HAS. La prise en charge repose alors sur des mesures hygiéno-diététiques qui sont généralement suffisantes. Le IPP, après confirmation du diagnostic En revanche, en cas de RGO pathologique, la question de la prescription d’IPP se pose. Mais cela doit se faire « au cas par cas » considère l’autorité sanitaire. En effet, il existe peu de données scientifiques sur cette classe de médicaments chez les enfants de moins d’un an. Ils relèvent d’ailleurs d’une prescription hors AMM.  En outre, les IPP « ne sont pas anodins, surtout dans cette population » ; en particulier, ils peuvent provoquer des effets indésirables (maux de tête, nausées, diarrhée, constipation…) et augmenter le risque d’infections gastro-intestinales ou respiratoires graves. La HAS recommande donc de recourir à ces médicaments « uniquement lorsque cela est justifié et à la suite d’examens complémentaires (pH-métrie ou endoscopie œsogastroduodénale) pour confirmer le diagnostic de RGO pathologique ».

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Claire FAUCHERY

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7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de jean fessart
336 points
Médecine générale
il y a 2 ans
42 ans de MG. Des NN en pagaille. Des reflux à la pelle. Jamais eu besoin d'IPP chez le NN. Regles hygieno dietetiques, positionnelles, gaviscon, et surtout bien comprendre les pleurs des NN sur alimentés, qui n'en peuvent plus de se prendre un bib à chaque cri. (voir le parallèle pleurs et courbe de poids) Bien sûr dans tout ça il y a les pathologiques qui relèvent du gastro pédia. (2 en 40 ans). Bien considérer aussi le médecin qui a, comme pour l'adulte, le reflexe ordo IPP, qui lui libère la consultation... Comme pour le diabète de l'adulte avec ses myriades de médiocres traitements , chers et au SMR inexistant.... revenons aux fondamentaux. En pédia hospitalière, ces enfants étaient mis en demi assis, et dormaient à poings fermés. Mais c'est un autre temps.
Photo de profil de Xavier Bernard
46 points
Pédiatrie
il y a 2 ans
Ouah, les rédacteurs de cette fiche ont vraiment peur des IPP! On sait qu'ils sont responsables d effet secondaires mais peuvent être utile quand les parents n en peuvent souvent plus dans ces situations et peuvent prévenir quelque part la survenue d un bébé secoué... J ai hâte d en parler aux gastro péd qui ont déjà un délai fou pour les gastroscopie.. Et ils ne détaillent pas la réalisation de la ph metrie, qui reste un examen avec une surveillance hospitalière d après mes souvenirs.. Comme d'hab, ces reco sont adaptées si vous habitez dans une zone qui n est pas sous dotée donc nulle part... Je retiendrais cependant une chose: je prévilegerai alors les hydrolysats de PLV au IPP quand j'hesiterais sur la cause des pleurs importants du nourrisson ( ceux qui font aussi pleurer les parents)
Photo de profil de Frédérique Boyer
39 points
Pédiatrie
il y a 2 ans
La principale complications des IPP sont les allergies alimentaires sur des traitements prolongés . La fibro c’est invasif et nécessite une AG et les délais pour l’obtenir vont compliquer les choses . la première recommandation est d’essayer les hydrolysats de PLV avant les IPP . Mais si on doit faire une fibro avant chaque prescription d’IPP ….. pauvres nourrissons ….et pauvres parents
 
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