Dépression pendant un cancer du sein : 1 patiente sur 5 concernée
Dans le cancer du sein, le risque de dépression a un impact majeur sur la prise en charge et le pronostic.
De nouvelles données sur ce sujet ont été présentées au congrès de l’American Society of clinical oncology (Asco), le 3 juin. Elles sont issues de la Cohorte Canto (26 centres, 14 000 femmes ayant un cancer du sein localisé) sur laquelle se sont basés les auteurs, dirigés par le Dr Antonio Di Meglio, oncologue médical à Gustave Roussy. Leur objectif était de dresser le profil des patientes à risque de dépression dès le diagnostic du cancer du sein, afin de mettre en œuvre des stratégies ciblées pour prévenir ce risque.
L’étude a porté sur 9 087 femmes de la cohorte Canto, avec un suivi de six ans après le diagnostic. Les analyses ont alors montré que 70% d’entre elles avaient eu peu ou pas de symptômes dépressifs. Et près de 7% présentaient des troubles dépressifs au moment du diagnostic, mais qui se sont très vite résolus après le traitement actif (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie). En revanche, 20% des participantes ont développé une dépression pendant la phase de traitement ou pendant le suivi de six ans, alors qu’elles n’avaient pas forcément de troubles dépressifs avant le diagnostic. La phase du traitement actif était la plus à risque pour l’apparition et l’aggravation de la dépression. Mais le type de traitement n’était pas déterminant.
Et concernant les facteurs de risque liés à la patiente, les auteurs ont mis en évidence que les femmes plus âgées avaient un risque de dépression supérieur, ainsi que celles ayant un indice de masse corporelle élevé et celles ayant un niveau socio-économique plus faible. En outre, certains troubles neuro-psychologiques préexistants - anxiété, troubles cognitifs, mauvaise image corporelle, fatigue – étaient aussi associés à un risque de dépression plus élevé.
L’étude a aussi permis de confirmer l’impact majeur de la dépression dans ce contexte du cancer du sein. Ainsi, les femmes dépressives présentent plus d’inquiétudes de manière générale, et en particulier concernant l'emploi et les relations avec le partenaire. Ces troubles sont aussi associés à des changements vers une moins bonne hygiène de vie avec, fréquemment en cas de dépression plus grave, une prise de poids, une réduction de l'activité physique, une consommation accrue d'alcool.
"Le dépistage et le suivi des symptômes dépressifs sont essentiels pour intercepter la vulnérabilité psychologique des femmes ayant un diagnostic de cancer du sein", conclut le Dr Di Meglio. "Un soutien psychologique adapté ainsi que des interventions visant à atténuer les comportements à risque pour la santé comme prise de poids, sédentarité et consommation d’alcool particulièrement pendant la phase du traitement, pourraient aider à réduire les symptômes dépressifs à long terme après le traitement d’un cancer du sein."
Références :
Communiqué de l’Institut Gustave Roussy (4 juin). Abstract n°12009 présenté à l’oral par le Dr di Meglio le lundi 3 juin
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