Covid : les recos du Conseil scientifique sur l'isolement des personnes positives et des cas contacts

09/09/2020 Par A.M.
Infectiologie
Dressant un "constat d'échec" de la quatorzaine, les experts du Conseil scientifique prônent une réduction de la durée d'isolement à 7 jours, assorties de "droits" pour les personnes concernées. Une mesure justifiée par l'état de la science. Le point sur les modalités. 

Dépister, tracer, isoler. Ce sont les trois piliers de la stratégie nationale de lutte contre le Covid. Alors que les efforts des pouvoirs publics se sont concentrés jusqu'ici sur l'augmentation des capacités de dépistage et l'identification des cas contacts, l'isolement est un "échec", a constaté ce mercredi le Conseil scientifique lors d'une conférence de presse. Or, le non-respect de cette mesure "par une partie encore à déterminer mais possiblement importante des personnes atteintes par le virus ou contacts à risque, fragilise notre capacité à maitriser les chaînes de transmission", soulignent les experts. Les raisons sont nombreuses : méconnaissance ou refus de principe, en particulier chez les personnes asymptomatiques, pressions liées à l'emploi, crainte d'une ingérence de l'Etat dans la vie privée ou encore carence d'une communication publique concentrée sur le dépistage et le port du masque. 

Sollicité fin août par le ministre de la Santé, le Conseil scientifique vient de rendre public un avis recommandant de réduire de 14 à 7 jours la durée d'isolement. Une mesure motivée par un certain pragmatisme (mieux vaut un isolement de 7 jours bien respecté qu'un isolement de 14 jours peu appliqué) mais aussi par l'état de la science. 

Si "la détection d'ARN viral non infectieux peut être observée au -delà du 30e jour", la "transmission n'a été documentée que très exceptionnellement au-delà du 8e jour d'infection de cas identifiés", souligne ainsi le Conseil. Au-delà de 7 jours, le "risque résiduel" peut être maitrisé par le port "rigoureux" du port du masque et le suivi scrupuleux des mesures d'hygiène et de distanciation. 

Concernant les cas contacts, les experts relèvent que "la médiane d’apparition des symptômes après le comptage est assez courte, entre 5 et 7 jours"; "peu de cas se déclarent au-delà du 10ème jour". "Il est aussi établi que l’excrétion virale pré-symptomatique est détectable en moyenne 3 jours avant l’apparition des symptômes." "Dans 95% des cas, résume le Pr Bruno Lina, la transmission se fait dans les deux jours avant et les trois jours après l'apparition des symptômes." 

Pour les cas confirmés symptomatiques, le Conseil scientifique recommande donc un isolement de 7 jours entiers à partir du début des symptômes. "Il ne faut pas lier l'isolement à un résultat de test positif", a martelé le président du Conseil, le Pr Jean-François Delfraissy. D'autant que les délais d'obtention des rendez-vous peuvent être longs, même pour les cas suspects. 

Pour les cas confirmés non symptomatiques, l’isolement d’une semaine pleine devra être débuté en...

prenant comme premier jour celui de la date du prélèvement positif. Si des symptômes apparaissent dans l'intervalle, "il faudra donc allonger cette période d’isolement afin qu’elle dure une semaine pleine à compter du premier jour d’apparition des signes cliniques". 

Pour les experts, la levée de l'isolement doit être conditionnée à l'absence de fièvre. "Si le cas reste fébrile, l’isolement devra être maintenu pendant 48h après disparition de cette fièvre." 

Cette stratégie n'a pas vocation à s'appliquer aux personnes hospitalisées ni aux personnes immunodéprimées, "pour lesquels l’excrétion de virus infectieux peut être prolongée", précise l'avis. 

Enfin, s'agissant des cas-contacts "avérés" ("lorsqu'il y a eu une rupture des mesures de prévention", précise le Pr Bruno Lina), la durée d'isolement est également de 7 jours : si des symptômes apparaissent, un test RT-PCR doit être réalisé immédiatement. Dans le cas contraire, il ne sera réalisé qu'au 7e jour. "Cela correspond à une surveillance précise jusqu’à J10, date au-delà de laquelle le risque de voir des cas symptomatiques se déclarer est très faible", précise le Conseil. L'isolement sera poursuivi si le test est positif. 

Qu'en est-il des médecins libéraux, qui pour certains se sont isolés au printemps au prix de lourdes pertes d'activités? "Si les mesures barrière sont bien respectées dans les cabinets, ils ne seront pas infectés", nous répond-on. 

En pratique, le Conseil scientifique prône "l'auto-isolement à domicile", quitte à isoler l'ensemble des personnes du foyer. La condition d'avoir une chambre particulière doit être levée. Seules les personnes dont les conditions de vie ne permettent pas l'isolement devraient accéder aux résidences dédiées Covid+. 

Pour que ces mesures soient mieux appliquées, les experts recommandent une stratégie "faite de droits et de devoirs" alliant la promotion du devoir de solidarité à une "palette de mesures d'incitation et de compensation présentées comme des droits" : prescription d'arrêt de travail sans délai de carence (télétravail pour les personnes asymptomatiques quand l'activité le permet), prime de compensation pour les personnes indépendantes, certificats médicaux pour les mineurs absents de leur établissement scolaire pour cause d'isolement d'une personne du foyer, prescription de prestations à domicile (repas, soins de santé, assistante sociale…). 

Le Conseil scientifique ne recommande pas, à ce jour, de rendre l'isolement obligatoire car le "risque d'évitement du dépistage, du diagnostic précoce et du refus" serait "majeur". Mais en cas de reprise aiguë de l'épidémie ou d'échec de l'auto-isolement, des mesures contraignantes pourraient s'envisager localement.  

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