Réforme Pass et LAS : le Conseil d’Etat donne six mois au Gouvernement pour revoir sa copie

Trois ans après la mise en place de la réforme du premier cycle des études de médecine, le Conseil d’Etat a donné raison au collectif Pass/LAS, et enjoint le Gouvernement à revoir les conditions et les modalités d’admission des étudiants en deuxième année.

03/01/2024 Par Louise Claereboudt

C’est une victoire pour le collectif national Pass/LAS, qui se bat depuis trois ans pour abroger la réforme du premier cycle des études de médecine (R1C), qui a mis fin en 2020 à la Paces au profit de deux nouvelles voies d’accès (Pass et LAS). Le Conseil d’Etat a en effet rendu une décision cruciale ce vendredi 29 décembre. La plus haute juridiction administrative avait été saisie il y a un an par le collectif qui pointait des "incohérences" et des "inégalités" dans la mise en place de la R1C. Le Conseil d’Etat somme aujourd’hui le Gouvernement de modifier les dispositions réglementaires encadrant l’accès en deuxième année des études de médecine. En août 2022, le collectif avait demandé par courrier à la Première ministre d’abroger le décret du 4 novembre 2019 relatif à l'accès aux formations de médecine, de pharmacie, d'odontologie et de maïeutique. 

Face au silence d’Elisabeth Borne, le collectif avait appelé le Conseil d’Etat à annuler la décision implicite de rejet de la cheffe du Gouvernement, alertant sur une forme de "massacre des études de santé". Le collectif jugeait les conséquences de cette réforme "catastrophiques", avec des "places en deuxième année non pourvues", des "sélections sur des critères variables aberrants", des "oraux invraisemblables" et des "étudiants brillants poussés vers l’étranger". Conformément au vœu du collectif Pass/LAS, le Conseil d’Etat a jugé que les universités ne devaient plus décider unilatéralement de la pondération respective des deux groupes d’épreuves (écrites et orales). En fonction des universités, l'épreuve orale "pouvait représenter parfois 30% de la note finale, parfois 70%" et certains sujets n'avaient "rien à voir avec la santé: on pouvait parler des montres connectées, de la détérioration de la barrière de corail...", a expliqué l'avocat du collectif, Me Marc Bellange, à l'AFP. Le Conseil d'Etat donne six mois au Gouvernement pour édicter un nouveau décret.

"L'arrêt du Conseil d'État marque symboliquement l'échec de cette réforme", a commenté le collectif national Pass/LAS dans un post publié sur les réseaux sociaux. "Le Gouvernement va devoir reprendre sa copie et fixer une nouvelle organisation par décret en Conseil d’Etat, laquelle réduira tout autant la compétence des universités et espérons-le, les abus constatés en la matière au détriment de nombreux étudiants", a ajouté Me Bellanger. 

L'UFML-S a également réagi par voie de communiqué : "C’est un désaveu cuisant pour le Gouvernement qui s’est entêté à poursuivre une réforme ni faite, ni à faire." Le syndicat du Dr Marty réclame le retrait de cette réforme "qui doit être totalement repensée" et "la possibilité pour les étudiants qui se sont vus collés par ces oraux iniques et inégalitaires de repasser les examens". Le collectif Pass/LAS se montre toutefois prudent : "Nous entendons rester on ne peut plus vigilants pour que l'Etat ne prenne pas seulement acte de cet arrêté mais qu'il agisse, enfin avec un bon sens retrouvé, pour redonner de la clarté et de l'égalité dans les modalités d'admission." 

[avec Le Monde]

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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Incontournable
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Quel que soit le mode de sélection, qu'il soit basé uniquement sur des questions de cours standard bachotables à volonté, ou sur des questions disons "diverses", que le concours soit jugé injuste (par la foule des recalés) ou non (par les heureux reçus) le nombre d'admis en seconde année reste ridiculement faible. Ne sont admis que les N premiers ! C'est le principe des concours ! Evidemment si l'accès en seconde année est uniquement basé non seulement sur les capacités de formation initiale des écoles de médecine, mais surtout sur la quantité optimisée de "petites mains indispensables pour faire tourner les CH&U", nous n'en sortirons pas. Pourquoi alors ne pas envisager dès l'externat des formations hospitalières dans les cliniques et hôpitaux privés, qui, à en croire les classements, sont tout autant prestigieux? Cette éventualité permettrait de libérer des places e tdes enseignants et donc d'accepter en fomation initiale plus de nouveaux futurs confrères, bien indispensables au vu de la démographie déficitaire. Mais Bercy prétendra que cela augmentera les dépenses de santé, accroitra le déficit des retraites, et retardera le montant des "frais de notaire" lors des successions. Savoir ce que l'on veut reste un bel adage politique! Le courage encore plus !
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670 points
Débatteur Passionné
Gastro-entérologie et hépatologie
il y a 2 ans
30 à 70% de la note sur un oral aléatoire pouvant porter sur n'importe quel sujet c'est du délire, on va sélectionner des beaux parleurs et pas des scientifiques.
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14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 2 ans
l'essentiel est que les enfants des mandarins puissent récupérer la chefferie de service que leur donnera leurs pères! pays du tiers-monde!
 
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