Menacés par des complotistes, des médecins et scientifiques demandent une protection policière

20/09/2021 Par Louise Claereboudt
Violence
Dans une tribune publiée par Le Parisien - Aujourd’hui en France, le collectif #StopMenaces, dont font partie le Dr Jérôme Marty et la Pr Karine Lacombe, réclament que "les médecins et scientifiques les plus menacés" puissent bénéficier d’une protection policière ou d’un garde du corps.
 

Alors que les soignants luttent depuis plus d’un an et demi contre l’épidémie de Covid-19, ces derniers sont également confrontés à "une autre épidémie, opportuniste", "celle de la désinformation scientifique et médicale et du complotisme, dite infodémie, qui entraîne la défiance envers la science et ses porteurs, et qui s’accompagne d’un déversement de haine incessant", déplore le collectif #StopMenaces dans une tribune qu’il publie dans Le Parisien - Aujourd’hui en France, ce vendredi 18 septembre. "Cette épidémie-là ne progresse pas par vagues : après une phase inaugurale aiguë, elle est immédiatement devenue endémique et monte en puissance, constatent les signataires, dont le Dr Jérôme Marty et l’infectiologue Karine Lacombe. En France, elle s’est abattue brutalement en mars 2020 sur ceux qui ont osé lancer l’alerte concernant des travaux questionnables sur l’hydroxychloroquine à Marseille et la promotion directement auprès du public de cette molécule dans le Covid au mépris de la réglementation, signant l’avènement du populisme scientifique." Ces médecins et scientifiques alertent sur le rythme de plus en plus soutenu de ces insultes, tentatives d’intimidation, menaces, destructions de matériel, et violations de la vie privée dont ils sont victimes depuis plusieurs mois. "Des photos de domicile, de boîtes aux lettres avec géolocalisation ont été publiées, rapportent-ils. Certains d’entre nous ont ainsi été cités sur les réseaux sociaux comme faisant partie de ‘charrettes’, destinés à être traînés en justice, nommés comme des nuisibles à éliminer dans des vidéos YouTube hebdomadaires à très forte audience."

La violence a atteint son paroxysme lorsque, récemment, des appels à la décapitation ont été diffusés. Certains médecins et scientifiques ont déjà été agressés. "Nous sommes des cibles désignées, avec ce que cela implique de préjudice moral et de mise en danger au quotidien", lance le collectif qui appelle l’Etat à "mettre en place tous dispositifs nécessaires pour assurer [leur] protection", en l’occurrence une mise à disposition d’un garde du corps ou d’une protection policière. Démunis face à l’inaction des autorités pourtant "maintes fois interpellées", certains ont d’ores et déjà fait appel à des "agents de sécurité rapprochée, à leurs frais, ou sollicitent une protection fonctionnelle auprès de leur employeur avec plus ou moins de succès". Alors qu’un passage à l’acte est redouté, plusieurs plaintes individuelles ont été déposées au sein du collectif, dont nombre de membres font partie de la liste des condamnés promis à la guillotine dans un article paru dans France Soir le 22 août dernier. Une action collective devrait bientôt être engagée. "Notre collectif #StopMenaces a tenu une conférence de presse à Paris le 7 septembre, qui a eu un fort retentissement médiatique en France, mais aussi en Europe et aux États-Unis. Quelle a été la seule réponse du gouvernement ? Un Vous ne passerez pas, lancé à l’Assemblée nationale par Olivier Véran, ministre de la Santé, à ceux ‘qui veulent faire peur’", regrettent-ils, concluant que "sans action, il s’agit de paroles vaines". L’action du collectif Citizen4Science exhortant quatre ministères à agir, le 5 mai dernier, portée par le sénateur Bernard Jomier via une question écrite est "restée lettre morte". "Nous appelons les parlementaires à agir à leur niveau auprès des autorités, et les citoyens à joindre leur voix à notre appel aux ministères à prendre des mesures pour protéger les personnes harcelées et menacées et s’autosaisir du problème avec des actions concrètes." En ce sens, les signataires réclament que la proposition de loi nº 4 398 visant à améliorer la protection des lanceurs d’alerte soumise à l’Assemblée nationale le 21 juillet dernier soit "soumise au débat parlementaire de toute urgence". [avec Le Parisien]

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

1 débatteur en ligne1 en ligne
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2