"Le médecin ne peut organiser seul le parcours de soins" : les mutuelles plébiscitent "l'équipe de soins traitante"

22/09/2023 Par Aveline Marques
Assurance maladie / Mutuelles
En amont de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, la Mutualité française formule plusieurs propositions de réformes structurelles de l'accès aux soins et du système de protection sociale. 

 

Alors que 65% des médecins généralistes sont contraints de refuser de nouveaux patients*, la Mutualité française appelle à accentuer le partage de compétences en expérimentant "l'équipe de soins traitante" dans les zones médicalement sous-denses. "Face à la raréfaction du temps médical et au développement des maladies chroniques, notre système de soins doit être pensé différemment et le médecin traitant ne peut organiser seul le parcours de soins", plaide la fédération des mutuelles dans un "carnet de santé" présentant ses propositions de réforme du système de santé et de protection sociale. Des "mesures structurelles" qui visent à favoriser "la prévention, l’organisation des soins et l’accès à la complémentaire santé", alors que les 30 dernières années ont été marquées par "la régulation comptable" et "l'hyperréglementation" avec pour résultats une augmentation du renoncement aux soins et des retards de soins (en 2017, 1,6 million de Français auraient déjà renoncé à des soins**). La Mutualité française juge que le Gouvernement se cantonne à des "mesures de court terme" qui ne sont "pas à la hauteur des enjeux".  

"Le partage de compétences au sein d’une "équipe de soins traitante" choisie par le patient et constituée a minima d’un médecin, d’un assistant médical, d’un infirmier et d’un pharmacien, allégerait la charge des médecins et limiterait le renoncement aux soins et/ou la prise en charge tardive notamment", avance la fédération. 

Les mutuelles veulent également contribuer à la construction des "parcours de prévention aux âges clés". Les contrats de complémentaire santé qui proposent à leurs adhérents des actions de prévention devraient bénéficier d'un allègement de fiscalité, estime la fédération. Et plutôt que de doubler la franchise médicale, avec une perspective de recettes "d'à peine 800 millions d'euros", "le Gouvernement devrait rétablir le principe de compensation systématique et intégrale des exonérations de cotisations sociales", "ce qui permettrait de récupérer 3 fois plus, à savoir 2,1 milliards d’euros". Un sondage commandé par la Mutualité française relève d'ailleurs que 75% des Français pensent que leur reste à charge va augmenter***.

En parallèle, la Mutualité française appelle à arrêter de rembourser des médicaments dont le service médical rendu est insuffisant et à mieux partager les informations entre Assurance maladie et complémentaires santé pour "mieux gérer le risque et lutter plus efficacement contre la fraude". 

*Drees, mai 2023

**Drees, juillet 2021

***Sondage Harris interactive – Observatoire Mutualité française, décembre 2022. 

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Eric SEMERIA
2,3 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique
il y a 2 ans
Le partage de compétence n'est pas un partage, c'est une responsabilité de plus pour le médecin !!!!!! Même si mon histoire n'est qu'une histoire la voici 1983-1991 Interne puis chef de clinique 1991- 2010 Installation en privé 2010-2021 Chef de service dans un DOM J'ai diminuer au moins de moitié mon activité médicale me perdant dans des tâches administratives et de surveillance de mon équipe multiples et variées Alors oui le partage de compétence mais PAYER NOUS !!!!! Parce que nous serons les responsables de tout
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Je ne comprends pas comment on peut parler de "parcours de soins" si cela commence déjà par 3 ou 4 portes d'entrées différentes. La secrétaire va donner son avis ("ah vous avez mal au dos, allez voir le kiné"), puis le kiné dire ("ah mais vous avez très mal, allez voir le pharmacien"), puis le pharmacien dira ("ah mais vous avez de la fièvre, allez voir l'IPA"), puis l'IPA dira ("ah mais vous avez du sang à la BU, allez voir le médecin"). Quel beau parcours de soins !
Photo de profil de B M
7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Les mutuelles, les assurances , les banques, tancent le politique, qui adhèrent volontiers moyennant..., à créer à leur image de financier, la médecine de demain, rien à voir avec la vraie médecine qui s'était pourtant constituée en plus de 2000 ans. C'est du grand n'importe quoi comme d'habitude: plus il y a d'intervenants (et maintenant de décideurs/organisateurs, quelques soit la compétence réelle), moins les soins seront efficaces et le patient perdu, à faire confiance en des discours de n'importe quel énergumène, du moment qu'il a une blouse blanche. C'est l'époque de "l'habit fait le moine". Comme je ne serai pas complice de cette énième bétise, on va créer les médecins d'un coté et les équipes de soin de l'autre. Le patient choisira. Mais je ne prendrai pas en service après vente, celui qui a testé l'équipe de soin. Tout comme les téléconsultations. L'avantage, c'est qu'on n'entendra peut être plus le fameux: "voyez avec votre généraliste" pour toute sorte de problèmes, médicaux, mais de notre ressort, ou plus souvent non médicaux.
 
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