Le 25 février dernier, dans les allées du Salon de l'agriculture, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, n'a pas hésité à traiter Emmanuel Macron de "schizophrène". Des propos que ne supporte plus le Dr Hugo Baup. Ce psychiatrie, exerçant au centre hospitalier de Périgueux (Dordogne), appelle les politiques à "arrêter d'utiliser les troubles psychiques comme des insultes". "De la même manière qu’on ne dit plus 'sale noir' ou 'sale homosexuel', j’aimerais qu’on ne puisse plus dire non plus 'sale autiste' ou 'sale schizophrène' !", développe le praticien, interrogé par Le Parisien. Pour faire entendre sa voix, le psychiatre a lancé fin février une pétition, déjà signée par près de 1 930 personnes. "Les troubles psychiques et neuro-développementaux concernent plus de 20% de la population, soit treize millions de personnes en France, écrit le Dr Hugo Baup. Schizophrénie, trouble bipolaire, troubles du spectre de l’autisme, dépression, TDAH [sont] autant de troubles qui deviennent bien trop souvent des insultes notamment dans la bouche des politiciens pour discréditer leurs adversaires, pointer l’aspect paradoxal d’un propos ou tout simplement psychiatriser le camp d’en face".
Marre d’entendre les troubles psychiques utilisés comme des insultes ou des titres putaclic à la télé / radio ou dans les journaux ?
2 manières de dire stop !
2 pétitions si vous voulez rejoindre les 1100 signataires : https://t.co/f5cEcSE4uUhttps://t.co/GLKJK584XA— Hugo Baup (@Hugo_Baup) March 3, 2024
Malgré une récente prise de conscience de la population sur la question de la santé mentale, les dérapages, notamment ceux des hommes et femmes politiques, persistent. En mars 2017, sur France 2, François Fillon – alors candidat à la présidentielle – n'avait pas hésité à lâcher : "Je ne suis pas autiste". "Il faut être malade mental pour faire ça", avait lancé, trois ans plus tôt, Jacques Attali en parlant de Patrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qu’il avait enregistré à son insu, rappelle Le Parisien.
Pour le Dr Baup, "les médias ont aussi leur part de responsabilité, n’hésitant pas à titrer régulièrement 'la schizophrénie de la France' pour souligner tel ou tel paradoxe sociétal", insiste-il, exprimant sa "colère". Au nom des "professionnels de santé, usagers, familles, enseignants [et] représentants des milieux associatifs et médico-sociaux", le psychiatre demande "que les noms des maladies psychiques soient correctement utilisés dans l'espace public". Au même titre que les insultes racistes ou homophobes, il demande à ce que celles sur "les troubles psychiques ou neurodéveloppementaux" soient punies par la loi. "La stigmatisation, comme une seconde maladie, freine voire empêche le rétablissement des personnes et peut aggraver [ou] déclencher des idées suicidaires". [avec Le Parisien]
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