Aide à mourir : face à l'Ordre et aux médecins, le député Falorni défend sa proposition de loi, "tout sauf laxiste"
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) organisait, mercredi 5 novembre, une journée de débat autour de l’accompagnement des souffrances et de la fin de vie. L'une des tables rondes s'est intéressée aux frontières entre suicide assisté et euthanasie d’exception. A cette occasion, le député Olivier Falorni, rapporteur de la proposition de loi sur l'aide à mourir, s'est expliqué sur son texte face à plusieurs médecins pro ou anti-euthanasie.
"Nous n'avons pas de positionnement marqué, nous observons les évolutions de la société", a indiqué en préambule de la table ronde Christine Louis-Vahdat, présidente de la section Ethique et déontologie du Cnom, exprimant tout de même son inquiétude sur certains "contours flous et préoccupants" pour l'exercice médical de la proposition de loi sur l'aide à mourir.
Réunis à l'invitation de l'Ordre des médecins pour une journée de débat sur le thème de la fin de vie dans les très prestigieux Salons Hoche du 8eme arrondissement de Paris, une centaine de praticiens étaient attentifs aux explications du député Olivier Falorni, rapporteur de la loi sur l'aide à mourir.
Le débat s’est d’abord porté sur le choix des mots "suicide assisté", "euthanasie", "aide à mourir", qui portent une charge symbolique et historique forte. "Le mot euthanasie n'a pas été retenu parce qu'il a été souillé par l'histoire et le régime nazi", a expliqué le député socialiste, professeur d'histoire.
Favorable à l'évolution de la loi, le Dr Jacques Bringer, président du comité d'éthique de l'Académie de médecine, a rappelé quelques chiffres clés, notamment le fait que dans les pays qui l'ont légalisé, "98% des patients meurent sans avoir recours au suicide assisté". "Il faut revenir à ces chiffres pour ne pas manipuler les peurs", a jugé l'académicien. "Un tiers des patients autorisés à l'assistance aux suicide n'y recourent pas, comme si le fait de pouvoir choisir leur mort avait suffit à les apaiser", a relevé Jacques Bringer.
Attaqué sur les critères flous de la loi et notamment la règle de la collégialité, Olivier Falorni a rappelé que pour écrire ce texte, les députés avaient "repris presque in extenso la règle de la collégialité pour la sédation profonde, longue et continue, avec un dispositif encore plus strict à savoir qu'un deuxième médecin spécialiste de la pathologie doit être consulté", en suivant la "méthodologie de la Haute Autorité de santé".
Face à des professionnels inquiets des "dérives", Olivier Falorni a également souligné que la loi "a des critères extrêmement stricts" et ne s'adresse "qu'aux personnes atteintes d'une maladie grave et incurable engageant le pronostic vital en phase avancée ou terminale, ayant des souffrances inapaisables et s'exprimant de façon libre et éclairée". "La loi est tout sauf laxiste et s'inscrit dans une législation parmi les plus strictes d'Europe", a complété le député. "Il s'agit là de répondre à des souffrances inhumaines", a ajouté le Dr Bringer.
Interrogés sur le délit d'entrave et la clause de conscience, Olivier Falorni a souligné que cette dernière était "sanctuarisée au cœur du texte". Quant au délit d'entrave, "c'est un copié collé de celui de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse", a poursuivi le parlementaire.
Avant de conclure le débat, le député a confié avoir rencontré le Président de la République mardi 4 novembre pour lui demander l'organisation d'un référendum sur l'aide à mourir en cas de nouveau report de l'examen de la proposition de loi, prévu au Sénat en janvier prochain. Ce jeudi 6 novembre, le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, a indiqué que les propositions de loi sur la fin de vie seront examinées au Sénat à partir du 12 janvier.
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