"On doit changer notre logiciel" : pourquoi le Pr Delfraissy est apparu sans masque pour la première fois en deux ans

26/01/2022 Par A.M.
Santé publique

C’est sans masque que le président du Conseil scientifique est apparu sur le plateau de FranceInfo, mardi 25 janvier. Anticipant une sortie de crise « à la mi-mars », Jean-François Delfraissy a appelé à un changement de « vision » et de « gestion » de l’épidémie de Covid après la vague Omicron. « Il faut qu’on recommence un peu à voir nos visages », s’est-il justifié, tout en appelant à ne pas renoncer au port du masque pour le moment.   Il y aura un « avant » et un « après » Omicron. Le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, en est aussi certain que l’on peut l’être face à un virus qui ne cesse de jouer des (mauvais) tours depuis deux ans. Si le nombre quotidien de contaminations continue de battre des records, le nombre de patients hospitalisés pour Covid en soins critiques, lui, reste sous la barre des 4000, a relevé le Pr Delfraissy, invité de Francetvinfo, mardi 25 janvier. « On doit changer notre logiciel », a-t-il déclaré. « Le chiffre du nombre de contaminations n’a plus tout à fait la même valeur », « les bons marqueurs vont être l’impact sur le système de soins », a-t-il insisté. « La vague est différente, notre vision doit être différente de même que la gestion virus lui-même », a-t-il appelé. Cela tient autant aux caractéristiques d’Omicron, variant plus contagieux mais moins virulent, qu’au fait que désormais 35 millions de Français ont reçu leur dose de rappel, a-t-il souligné. Si les vaccins ont une « action limitée sur la transmission », ils agissent comme des « vaccins-médicaments », avec une « action formidable » sur la réduction des risques de formes sévères et graves, a insisté le président du Conseil scientifique. Leur action est toutefois « limitée » dans le temps, concède-t-il, tout en bottant en touche sur la pertinence d’une 4e dose, notamment pour les plus âgés. Les Israëliens ne partagent leurs données, a-t-il regretté. "On a des données qui ont été réalisées à Lille, par exemple, sur une série d'Ehpad qui montrent que chez des patients dans ces établissements qui avaient été vaccinés au mois de septembre, il y a une profonde diminution de l'immunité mesurée sur les niveaux d'anticorps neutralisants, début janvier, ce qui suggère qu'il y a bien une baisse", rapporte-t-il. L’arrivée du Paxlovid, en revanche, représente « un tournant dans l’épidémie ». « On est à deux ans du début de la pandémie et pour la première on a un médicament relativement formidable. Moi j’y crois », a-t-il déclaré, tout en appelant à ne « pas opposer vaccin et médicament ». La mise à disposition des autotests est également selon lui le signe avant-coureur d’un « changement de concept », d’un passage de « l’injonction » vers « l’auto-régulation » des citoyens.

Anticipant une baisse « très lente » du nombre d’hospitalisations, le Pr Delfraissy voit « atterrir les choses plutôt vers la mi-mars ». Bien que l’on ne soit pas à l’abri de voir émerger un nouveau variant « à nouveau plus virulent », met-il en garde, précisant qu’il est pour l’instant difficile de se prononcer sur le « petit cousin » d’Omicron, le sous lignage BA.2, tant en termes de contagiosité que de virulence. « Voir nos visages » Signe que l’épidémie se trouve à un tournant, le Pr Delfraissy est apparu « pour la première fois depuis deux ans » sans masque sur le plateau de FranceTvInfo, fait remarquer le journaliste. Visiblement gêné par la question, le président du Conseil scientifique se défend d’un relâchement, expliquant qu’il porte « tout le temps » le masque. « Là j’ai décidé de pas le mettre ce matin parce qu’on a quand même un niveau d’expression qui n’est pas le même », se justifie-t-il dans un premier temps. « Et puis c’est un signe aussi qu’il faut commencer probablement à anticiper ce qui nous attend à partir de la mi-mars », poursuit-il. « On est dans une épidémie de long cours, de long long cours, et je n’ai pas dit qu’on avait terminé, loin de là, met-il en garde. Je vous ai dit qu’on allait souffrir, beaucoup souffrir jusqu’à la mi-mars. A l’inverse, on a un niveau de vaccination qui est maintenant très élévé, on a les médicaments qui arrivent, on a peut-être un virus qui va se banaliser. Tout peut être contredit dans 15 jours avec l’arrivée d’un nouveau variant qui serait plus virulent à nouveau néanmoins il faut qu’on recommence quand même à voir nos visages un tout petit peu », a-t-il déclaré, soulignant qu’il se trouvait à plusieurs mètres de distance de ses interlocuteurs. Mais pas question, pour l’instant, de revoir la doctrine sur le port du masque.   [avec Franceinfo.fr]

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