matériel médical

Sans successeur, ces médecins font don de leur matériel : "Je suis rassuré de savoir qu'il sera encore utilisé pour soigner"

Alors que de nombreux médecins libéraux partent en retraite sans trouver de successeur, la question du devenir de leur matériel médical se pose. Le cabinet de conseil Medecos propose de faire don de ce matériel à des associations afin de lui donner une seconde vie.

30/12/2025 Par Malika Butzbach
matériel médical

Que faire de ce matériel médical accumulé durant toute une carrière ? Lorsque le Dr Alain Coudert et sa femme, tous deux médecins généralistes, ont été en âge de partir à la retraite, la question s’est vite posée. "Malgré dix-huit mois de recherche, nous n’avions trouvé personne pour reprendre le cabinet situé à Étampes où j’étais depuis près de 35 ans. C’est difficile moralement de ne pas léguer son cabinet. Sans compter qu’on ne sait quoi faire de notre matériel." Les deux médecins contactent alors le cabinet de conseil Medecos, qui s’engage dans le réemploi du matériel médical dans le don.

"Nous faisons le lien entre les médecins et les associations", résume l’un des fondateurs, Jean-Baptiste Thévenot. Lui-même est familier de cette problématique : lorsque sa mère, gynécologue, est partie en retraite, "son premier réflexe a été de tout jeter car elle n’avait pas du tout le temps de revendre chaque outil et machine un par un". Une aberration pour ce professionnel sensible aux questions écologiques et fort de ses expériences dans l’associatif. Dès 2021, avec Merieme El Orch-Thévenot, sa compagne, ils fondent Medecos qui devient, deux ans plus tard, une SAS. Depuis, ils accompagnent ou ont accompagné plus de 300 cabinets vers une soixantaine d'associations.

"Confiance" et "transparence"

Concrètement, comment cela se passe ? "Dans un premier temps, les médecins nous contactent soit par le bouche-à-oreille soit en nous découvrant via les organisations professionnelles ou les syndicats avec qui nous avons noué des partenariats", explique Jean-Baptiste Thévenot. Ainsi, Alain Coudert a découvert Médecos via l’URPS. "Au début, nous avons été un peu méfiants, reconnaît-il. Mais le premier contact s’est très bien passé." Le cabinet propose gratuitement de lister et évaluer la valeur du matériel donné par les médecins. "Cette première phase est gratuite, un peu comme un devis, explique Jean-Baptiste Thévenot. Souvent, les donneurs sont surpris négativement : ils estimaient leur matériel à un coût plus important puisqu’eux-mêmes l’ont souvent payé au prix fort. Mais le fait est que ce matériel perd de sa valeur."  Un détail auquel Alain Coudert n’a pas prêté attention, car ne faisant "pas ça pour l’argent". "Si j’avais pu trouver un successeur à mon cabinet, je lui aurais sans doute donné gratuitement tout mon matériel", soupire-t-il.

Vient ensuite la mise en relation avec les associations. Celles-ci ne sont pas choisies au hasard par Medecos, prévient le co-fondateur. "Nous avons fait un gros travail de pré-enquête sur chacune quant à leur moralité. Il est hors de question que le matériel donné soit revendu ensuite. De même, nous demeurons vigilants à ce que ces associations respectent les normes et le cadre juridique. Elles doivent notamment être en mesure d’assurer la traçabilité de chaque matériel donné. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons les accompagner à remplir ces normes." Alain Coudert et sa femme ont découvert l’association Horizon Sahel, intéressée par leur matériel, et avec qui ils ont été mis en relation. "Nous avons pu échanger directement avec eux et aussi nous renseigner de notre côté, explique le désormais retraité. Cette transparence, et la confiance qui en découle, est nécessaire dans ce genre d'opérations."

C’est un soulagement de ne pas avoir à gérer toute cette logistique

Vient ensuite le déménagement. "Dans un souci de transport, nous privilégions les associations de proximité, d’où l’intérêt d’avoir un réseau qui maille l’ensemble du territoire", appuie Jean-Baptiste Thévenot. De fait, pour les médecins Coudert, il était plus facile pour l’association Horizon Sahel, située à Vendôme soit à 120 km d’Étampes, de venir déménager l’ensemble du matériel, une fois la date fixée. "C’est un soulagement de ne pas avoir à gérer toute cette logistique et le transport, d’avoir un intermédiaire de confiance, souligne Alain Coudert. Il faut dire qu’à l’approche du départ en retraite, on a beaucoup de choses à faire et à penser. Et l’on préfère prendre le peu de temps que l’on a pour s’occuper de nos patients plutôt que de notre matériel." Le jour du déménagement, le médecin n’a eu qu’à signer une attestation de dons. "Je ne suis pas forcément curieux de savoir dans quel pays mon matériel va atterrir, mais je suis rassuré de savoir qu’il sera encore utilisé pour soigner des gens."

Enfin, le cabinet Medecos accompagne également les médecins dans l’aspect administratif de ce don, puisque celui-ci permet une défiscalisation entre 60 et 66 % de la valeur des dons. Et cette prise en charge administrative est encore un soulagement pour les médecins "Nous leur fournissons les documents nécessaires, notamment le Cerfa. Mais nous pouvons aussi échanger directement avec leur cabinet comptable afin d’expliquer la démarche de don et ses impacts fiscaux", ajoute Jean-Baptiste Thévenot. Une opportunité fiscale qui rend le don parfois plus intéressant que la revente du matériel.

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