Généraliste, il s'installe dans un désert après 6 mois de retraite : "Je n'arrivais pas à rester sans rien faire"
À 73 ans et après 43 ans d'exercice dans la banlieue bordelaise, le Dr Mamode Sondagur a décidé de prendre sa retraite. Mais le praticien hyperactif et amoureux de la médecine n'a pas lâché le stéthoscope très longtemps. Six mois plus tard, le généraliste a renfilé sa blouse et s'est installé début 2025 dans un village rural en mal de médecin depuis dix ans. Il témoigne pour Egora.
"J'ai exercé pendant 43 ans à Lormont dans la banlieue de Bordeaux. J'étais seul dans mon cabinet. Puis, j'ai décidé de prendre ma retraite. J'avais déjà 73 ans, j'étais fatigué. Mais très vite, je me suis senti inutile. Je n'arrivais pas à rester sans rien faire ; lire ou faire le jardin, ce n'était pas pour moi. La médecine me manquait. Ma passion pour la médecine, le contact avec les patients, l'empathie étaient tellement profonds... D'ailleurs, pendant ces six mois, je n'ai pas vraiment coupé. J'allais beaucoup dans des congrès. Je suis aussi parti travailler deux mois à l'île Maurice pour y exercer la médecine générale. Je suis revenu en France parce que mes enfants et mes petites-filles me réclamaient. Je suis marié, et nous avons cinq enfants et onze petits-enfants.
À mon retour, en discutant avec une connaissance, j'ai appris que le village de Préchac, où elle avait sa résidence secondaire, cherchait un médecin depuis dix ans. Elle m'a présenté le maire qui était enchanté et qui m'a immédiatement trouvé un local dans l'annexe de la mairie. Le maire était ravi, il m'a présenté au conseil municipal, c'était la fête ! Le village est dans une zone rurale en plein désert médical, avec de très longs délais d'attente. C'est d'ailleurs ce qui m'a motivé à m'installer ici. C'est à une bonne heure de route de chez moi. Je fais les allers-retours.
Ce n'était pas du tout rentable pour moi
Lorsque je suis arrivé à Préchac, en février dernier, je travaillais tous les jours mais il n'y avait pas assez de patients qui venaient me voir. Ils ont sans doute eu peur de venir chez moi à cause de mon âge, en se disant que j'allais prendre ma retraite. Donc ils ne venaient que pour les urgences. Ce n'était pas du tout rentable pour moi alors que mes cotisations étaient basées sur mes revenus de l'an passé.
Je ne regrette pas mon installation à Préchac, j'y suis allé en me disant qu'il fallait mettre la population sur un pied d'égalité. Se soigner est un droit fondamental. Pour moi, c'est un acte fort en faveur de l'égalité des chances en santé. C'est un engagement citoyen au service des territoires sous-dotés.
Désormais, je travaille deux demi-journées par semaine à Préchac et je remplace une jeune généraliste non loin du village les mercredis matin. Sur une demi-journée, je n'ai jamais plus de dix patients, parfois six.
Depuis le mois de juillet, j'ai ouvert un deuxième cabinet dans la banlieue de Bordeaux. Là, les patients viennent. En une demi-journée, j'examine 18 à 20 patients.
Les week-ends, je travaille aussi pour la boxe où je suis médecin de la Fédération, et je prends parfois des gardes le week-end dans une clinique de la banlieue bordelaise. Pour moi, c'est une manière de voir autre chose, et ça me permet de garder la main.
Aujourd'hui, je suis heureux. C'est l'amour de la médecine qui me motive chaque jour. Pour l'instant, je me sens bien. Je crois que garder une activité est bénéfique. C'est une vraie satisfaction personnelle.
Aucun de mes enfants n'a choisi la voie de la médecine. Je respecte leur choix. Ils m'ont vu submergé de travail et ils n'ont pas voulu suivre ce chemin. En revanche, trois de mes petits-enfants s'intéressent à ce métier et je suis heureux pour eux."
La sélection de la rédaction
Etes-vous prêt à stocker des vaccins au cabinet?
DELA LIE
Non
Pour ne pas être embêté avec la traçabilité. Mais puisque économies il faut, pourquoi ne pas rémunerer au tarif des Ide (4€ et ... Lire plus