Médecin en grève

1030 établissements seront en grève totale à compter du 3 juin prochain

Grève illimitée de l'ensemble des cliniques et hôpitaux privés à partir du 3 juin

Alors que le Gouvernement prévoit une hausse de 4,3% des tarifs des hôpitaux publics et du secteur non lucratif en 2024, seulement 0,3% ont été accordés aux établissements privés. Un affront que n'a pas accepté la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) qui entrera en grève totale à partir du 3 juin prochain.

04/04/2024 Par S. B.
Médecin en grève

1030 établissements seront en grève totale à compter du 3 juin prochain

1030 établissements où exercent plus de 200 000 professionnels de santé, dont 40 000 médecins libéraux, seront en grève totale à compter du 3 juin prochain. Les "activités vitales" comme la dialyse, la radiothérapie ou la chimiothérapie ne seront pas concernées. "Les fermetures dues à la grève ne concerneront pas les maternités. De manière générale, les établissements excluront toute action qui pourrait aboutir à une perte de chance. Les modalités exactes sont en cours de préparation", précise la FHP à Egora.

Ce mouvement social "est une réponse ferme à la décision du Gouvernement de n’augmenter les financements accordés aux hôpitaux privés que de 0,3% alors que les hôpitaux publics bénéficieront de 4,3%", indique la FHP dans un communiqué. Cette hausse quasi nulle "aggrave une situation déjà critique, où les charges augmentent de façon exponentielle tandis que les tarifs demeurent insuffisants pour assurer une gestion viable des établissements", pointe la Fédération de l'hospitalisation privée qui rappelle que "la part d’hôpitaux privés en déficit, qui est passée de 25 à 40% entre 2021 et 2023, atteindra dans ces conditions le niveau alarmant de plus de 60% en 2024".

 

"C'est la médecine libérale qui est attaquée"

"La situation est devenue intenable, nous n’avons plus d’autres solutions que d’entrer en grève pour nous faire entendre. Nous ne pouvons pas rester passifs face à une décision politique qui met en péril nos établissements et compromet l'accès aux soins pour nos patients. Le Gouvernement doit ouvrir les yeux, en affaiblissant l’hospitalisation privée, c’est tout le système de santé qu’il affaiblit", a commenté Lamine Gharbi, président de la FHP. D'autant que les cliniques et hôpitaux privés représentent 35% de l'activité hospitalière avec seulement 18% des dépenses d'assurance maladie pour les établissements de santé, précise le communiqué.

"Imposer 0,3% aux cliniques et hôpitaux privés, c’est décider, en conscience, de la disparition de nombre d’entre eux alors que plus de 40% sont déjà en déficit. C’est faire le choix de la privation d’exercice de milliers de médecins spécialistes qui, chaque jour, et sur tout le territoire, offrent les meilleurs soins aux Français", s'insurge l'UFML-S dans un communiqué. 

Le syndicat, qui dans ce contexte et avec le SML et Avenir Spé - Le Bloc, a suspendu sa participation aux négociations conventionnelles, appelle également à "un arrêt total d'activité à partir du 3 juin". "Chaque médecin doit comprendre que c’est la médecine libérale qui est attaquée, menacée dans son existence-même, au travers de la déstabilisation orchestrée de l’hospitalisation privée", insiste le syndicat. 

Le ministre délégué de la Santé, Frédéric Valletoux, ancien président de la FHF (Fédération des hôpitaux publics), "persiste et signe", comme "un ennemi de la médecine libérale", a indiqué le Dr Franck Devulder, président de la CSMF, le 2 avril dans un communiqué. Il "se joint à l'appel" à la grève de juin. "Les évolutions des tarifs des hôpitaux de 4,3% et des cliniques de 0,3% est inacceptable et ne pourra qu'accroître les dérives de la financiarisation et les difficultés d'exercice et d'accès aux soins des Français. Le Gouvernement doit revoir sa copie. C'est le message que nous avons porté à Fréderic Valletoux", a commenté pour Egora Franck Devulder. 

Une responsable du ministère de la Santé a justifié par la contrainte budgétaire la faible hausse tarifaire accordée à l'hospitalisation privée. "La campagne tarifaire 2024 est la première post-crise" Covid-19 et "marque la fin du quoi qu'il en coûte", a indiqué Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soins au ministère de la Santé, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). "Il n'y a aucune velléité de pénaliser un acteur plus qu'un autre". Elle a expliqué la différence de traitement entre l'hôpital public et l'hôpital privé en 2024 notamment par les différentes typologies d'activités entre les deux secteurs. "Le Gouvernement a fait le choix de valoriser plus que d'autres des activités comme les soins palliatifs, les greffes", et "la médecine en hospitalisation complète", qui sont plus présentes dans les hôpitaux publics que dans le privé, a-t-elle dit. Les maternités vont bénéficier d'une hausse de tarif de 3%, qu'elles soient de statut public ou privé, a ajouté la responsable.

De son côté la Fédération hospitalière de France (FHF) "partage son très vif étonnement et son incompréhension quant à cet appel, qui paraît en décalage complet avec la réalité des arbitrages rendus et avec les enjeux de santé publique", dans un communiqué. La FHF rappelle que le soutien décidé pour certaines activités prioritaires concerne tous les acteurs et que la hausse tarifaire correspond au financement nécessaire pour mettre en place les mesures relatives aux agents publics et de meilleure rémunération de la permanence des soins décidées l'an dernier et votées par le Parlement. "En toute logique, ces mesures concernent essentiellement les hôpitaux publics, et il n'y a là aucune raison de feindre la surprise : ces mesures sont prévues depuis près d'un an (la revalorisation du point d'indice date de l'été 2023)".

"Le choix de la FHP d'appeler à une "grève totale" à compter du 3 juin est à cet égard irresponsable au regard des besoins de santé immenses de la population", tranche les hôpitaux publics qui "connaissent des difficultés budgétaires bien plus profondes que le secteur privé, avec un déficit record de 1,7 milliards d'euros en 2023", conclut le texte.

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