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"L'Ordre des médecins tente de bloquer l'évolution de notre profession", fustigent les infirmières

Dans un communiqué de presse diffusé samedi 1er mars, le collectif des Infirmiers libéraux en colère réagit au courrier de l'Ordre des médecins adressé à Frédéric Valletoux en amont de l'examen de la proposition de loi infirmière. L'instance ordinale émet de vives inquiétudes à propos de ce texte, tant attendu par la profession infirmière.  

03/03/2025 Par Louise Claereboudt
Infirmières
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"Le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), dans un réflexe de patriarcat médical et de surprotection du médecin traitant, 'porte d'entrée' du parcours de soins, oublie encore une fois de prioriser les patients au profit d'une économie de rentrée d'une minorité de professionnel." Alors que doit être examinée la proposition de loi infirmière à partir du mercredi 5 mars en commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, le collectif des Infirmiers libéraux en colère (Cilec) dénonce l'obstruction de l'instance ordinale.

"Nous apprenons que le Cnom, dans son habitude corporatiste, tente de bloquer l'évolution infirmière par un courrier qui aurait étonnamment fuité à la presse", écrit le collectif dans un communiqué de presse diffusé, samedi 1er mars. La veille, Egora révélait que l'Ordre des médecins avait écrit à Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée et par ailleurs coauteur de la PPL infirmière, pour lui faire part de ses craintes concernant ce texte, tant attendu par la profession en mal de reconnaissance. 

La PPL entend d'abord redéfinir la profession d'infirmière diplômée d'Etat, "en précisant dans le code de la santé publique quatre missions socles : la réalisation de soins et leur évaluation, le suivi du parcours de santé, la prévention et la participation à la formation". Elle ouvre également la voie à la création d'une "consultation infirmière", en lien direct avec le diagnostic posé par l'infirmière, et prévoit d'étendre le droit à la prescription. Elle plaide encore pour une évolution de la pratique avancée.

Se disant "favorable" à "la valorisation de l'activité infirmière" dans son courrier à Frédéric Valletoux, le président du Cnom juge qu'elle "ne pourra se déployer que dans le cadre d’un parcours de soins coordonné par le médecin". Le Dr François Arnault alerte également sur le risque de "confusion dangereuse" qui résulterait de la modification du code de la santé publique proposée dans le texte. Il est prévu que ne relèvent pas d'un exercice illégal de la médecine les "infirmiers qui effectuent des consultations infirmières […] ou qui prescrivent les produits de santé et examens ou effectuent les actes professionnels et soins figurant sur les listes prévues à l’article L. 4311‑1". Est également mentionné le "diagnostic infirmier".

"On ne peut pas mettre sur le même plan législatif le diagnostic médical et le traitement médical avec la consultation infirmière, le diagnostic infirmier et les prescriptions que les infirmiers peuvent réaliser", soutient l'Ordre des médecins, appelant les auteurs de la PPL à modifier leur texte.  

Ne pas céder à la pression d'une minorité médicale

"Alors que le Cnom tente de nier le rôle des infirmières, nous tenions à rappeler que le diagnostic infirmier existe depuis 1994 et a pour objectif l'accompagnement de la personne à recouvrer un état de santé optimum", écrit le collectif des Infirmiers libéraux en colère en réaction. "Elle permet, à partir d'une analyse clinique, auprès et avec la personne soignée, de cerner ses ressources et ses limites puis d'en conclure un diagnostic de situation et des soins personnalisés en mobilisant les compétences du rôle propre infirmier." Pour le collectif, né en janvier 2023, "nier cette réalité est une tentative de plonger la profession infirmière dans l'obscurantisme par une vision antiscience".  

Et de tacler : "L'Ordre des médecins devrait plutôt se concentrer […] à la gestion de la profession médicale notamment en luttant contre ceux qui font la promotion de médecins parallèles." "Maintenir les infirmières sous le patriarcat médical relève en 2025 d’une vision erronée de la réalité du terrain !", fustige également la présidente de Convergence infirmière, Ghislaine Sicre, dans un post Linkedin. "La profession infirmière à majorité féminine a toujours été contrainte sous ce joug médical comme du temps ou la femme ne pouvait s’émanciper et devait demander des autorisations à son mari !"

"Nier les 267 diagnostics infirmiers, nier le raisonnement clinique infirmier et le jugement clinique infirmier, c’est nier notre essence, c’est nier nos actions quotidiennes", dénonce encore la syndicaliste. 

Les Infirmiers libéraux en colère appellent ainsi les parlementaires à "ne pas céder à la pression d'une minorité médicale qui ne représente pas l'ensemble de la profession et qui ne se bat que pour préserver des privilèges anachroniques au mépris d'une prise en charge égalitaire des patients sur l'ensemble du territoire", et à voter cette proposition de loi. Les 640 000 infirmières "ne peuvent plus attendre cette reconnaissance promise depuis la fin de la pandémie du Covid", met en garde le collectif des Infirmiers libéraux en colère, qui demande par ailleurs la reconnaissance d'un "droit d'accès direct pour son rôle propre" et une "compétence d'orientation du patient".  

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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 9 mois
Il est curieux de constater la prolongation d’un an des études médicales (9+1) au motif de former de meilleurs médecins généralistes et d’un autre côté le dépeçage en règle de nos missions au profit d’infirmiers et de pharmaciens dont on nous dit qu’ils seraient aussi compétents que nous avec 4-5 ans de formation en moins. Au moins chez Horizon ils vont au bout de la logique et proposent de supprimer le status de MG en alignant la durée de formation sur celle des IDE. Au niveau des rémunérations il est tout aussi curieux de constater que les actes « détournés » sont mieux payés pour les Ide, pharmaciens, kinés proportionnellement aux durées d’études. Tout cela est assez inquiétant pour l’avenir de notre profession….
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17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 9 mois
Moi je constate surtout que tous ceux qui plébiscitent cette loi sont systématiquement des gens qui n'ont jamais été médecins de famille. Ils ont une vision fantasmée du suivi médical (qui n'est qu'en partie algorithmique, tout le reste est un compromis entre la psychologie du patient, ses diverses comorbidités, les limites de la science et les contraintes médico-administrativo-professionnelles), et des pathologies bénignes (qui ne sont bénignes qu'une fois qu'un médecin a écarté les pièges). Nous avons pourtant déjà tous des histoires de chasse avec nos collègues pharmaciens qui ont laissé passé des angines de Vincent (bah oui, le Streptotest est négatif) ou qui ont balancé des antibiotiques sur des cystites qui étaient en réalité des diverticulites (bah oui, les leucocytes sont positifs). C'est tout simplement la création d'une médecine à deux vitesses. Les chanceux verront le médecin traitant, les malchanceux un télétoubib, un infirmier, un pharmacien ou une sage-femme. Ce sera "amusant" de comparer l'espérance de vie et les coûts entre ces différentes modalités de prise en charge.
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1,1 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 9 mois
Les infirmières toujours dans une position victimaire et très vindicatives vis à vis des médecins, c'est navrant cette jalousie pathologique ! Quand à parler de "rente" pour les médecins généralistes, c'est méconnaitre le piètre niveau de leur revenu. Et que dire de certaines tournées d'infirmières qui ont tout d'une tournée des popotes pour faire du chiffre. Bientôt les infirmières seront mieux payées que les med gé qu'elles auront dépecé de leurs seuls actes et consultations rentables, on marche sur la tête
 
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