Crise de la filière pharmaceutique : l'Académie réclame une politique d'urgence
Exprimant sa "vive inquiétude" quant à l'avenir de l'ensemble de la filière pharmaceutique et des produits de santé, l'Académie de pharmacie appelle à une action immédiate des pouvoirs publics.
"C'est de la souveraineté sanitaire de notre pays qu'il s'agit" et "de la pérennité du modèle solidaire et équitable de santé publique qu'il est question", insiste l'Académie nationale de pharmacie. Dans un communiqué diffusé vendredi 19 septembre, l'institution s'alarme du "danger" qui pèse sur toute la filière pharmaceutique et des produits de santé (médicaments et produits de santé), et appelle à la mise en place en urgence d'une politique dédiée "au plus haut niveau de l'Etat". Celle-ci devra intégrer "l'ensemble des composantes du sujet" (formation, recherche, industrie, officine, fonctions hospitalières et santé publique), prescrit l'Académie.
Première source d'inquiétude pour l'institution : la disponibilité des produits de santé, qui constitue "un enjeu majeur pour les prochaines années", compte tenu du vieillissement de la population française et du contexte international incertain. Les récentes positions de l'administration américaine ont en effet jeté le trouble sur la filière du médicament, en particulier sur les médicaments innovants. Début mai, Donald Trump a ainsi signé un décret ramenant le prix des médicaments au niveau de ceux pratiqués dans les autres pays à revenus comparables, créant "une pression directe sur les laboratoires pharmaceutiques, qui risquent d’exclure la France du 'panier de pays de référence', puisque les prix français sont parmi les plus bas d'Europe".
Or, si la France devient un "marché secondaire", l'accès des patients aux traitements se retrouvera, de fait, "retardé", "voire compromis", craint l'Académie de pharmacie. "Cela aura également des effets négatifs sur l'attractivité, les investissements et la production", ajoute l'institution, qui observe que la France reste en retrait en matière d'investissement dans la recherche et développement par rapport à ses partenaires européens et de l'OCDE.
L'Académie de pharmacie s'inquiète également du récent projet du Gouvernement de réduction des marges sur les médicaments génériques pour les pharmacies d'officine, qui "va davantage fragiliser le réseau officinal". Et ce, d'autant que le rapport du Comité économique des produits de santé (CEPS), rendu public le 19 septembre, "n'évoque aucune mesure de revalorisation des prix des médicaments matures et essentiels, pourtant réclamée dans le rapport sénatorial de 2024 et par la mission Borne". L'instance rappelle que "la politique nationale en matière de médicament ne peut se résumer à une gestion à court terme et au coup par coup des prix des boîtes de médicaments".
En parallèle, poursuit l'institution, la baisse "importante" du nombre d'étudiants en pharmacie en France "aura, à terme, de lourdes conséquences, tant sur la filière officine que sur la filière des métiers de la production pharmaceutique localisée en France", écrit l'Académie de pharmacie qui appelle à ne pas négliger l'impact de cette baisse en matière de santé publique et de souveraineté.
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