Un psychiatre condamné à huit ans de prison pour viols sur une patiente
Jeudi 14 et vendredi 15 décembre, la cour criminelle de Moselle s’est penchée sur des faits dénoncés par la victime, ayant eu lieu entre septembre 2007 et juin 2012. À l’époque, le psychiatre exerçait au centre Mathilde-Salomon à Phalsbourg, qu’il a lui-même fondé, et était spécialisé dans la prise en charge des adolescents souffrant de troubles psychologiques ou de pathologies psychiatriques. La victime avait 28 ans lorsqu’elle a rencontré le praticien sur les recommandations de son généraliste, pour l'aider à guérir d'une anorexie mentale dont elle souffrait depuis ses 15 ans. "C’était le premier médecin avec qui je me sentais comprise, qui m’écoutait. Je le mettais sur un piédestal."
"Au fil du temps, il m'a demandé de faire des photos de nus, pour travailler sur mon anorexie", a-t-elle expliqué. Le psychiatre lui parle de la sexualité comme "un passage nécessaire pouvant la conduire vers la guérison". "Les viols ont commencé à la deuxième séance, il m'a violée pendant plusieurs années, je pensais qu'il avait raison", a-t-elle ajouté. "Il était son psychiatre, son patron, il lui a fait croire qu'il était son ami : tel un virus il s'est propagé et a contaminé tous les registres de sa vie personnelle et intime", a déclaré son avocat, Me José Fernandez. Le psychiatre, aujourd’hui âgé de 75 ans, ne nie pas cette relation, mais assure qu’elle était consentie.
Selon Le Parisien, il avait même noué des liens avec les parents de la patiente, lui faisait croire qu’elle était son amie, l’invitait chez lui, l’a présentée à son épouse... Il se rendait disponible jour et nuit pour elle. Une "hérésie déontologique", pour l’expert psychiatre ayant examiné la victime. C’est à son domicile, en l’absence de sa femme, que les viols ont eu lieu, mais aussi à l’hôtel. "Je n'ai jamais senti chez elle quelque chose de contraint, j'étais amoureux d'elle", a-t-il déclaré, balayant toute "relation d'emprise et de dépendance". Les experts psychiatres qui l'ont examiné ont, eux, estimé qu'il y avait chez lui "une absence totale d'affect". Ils ont pointé sa "grande malhonnêteté" et sa posture de "toute puissance".
La victime n’a porté plainte qu’en août 2016. Elle avait "refoulé les faits jusqu’à ce qu’elle ne soit plus en contact" avec le psychiatre, ont indiqué les professionnels qui l’ont par la suite prise en charge, soulignant la véritable emprise qu’avait le psychiatre accusé sur elle.
Le ministère public avait requis une peine de sept ans de prison contre l’homme que ses avocats décrivent comme "un mari bienveillant, un père attentionné pour ses quatre enfants, un médecin qui a passé plus de quarante ans au service des autres". La cour criminelle a finalement condamné l’ancien psychiatre à 8 ans de prison. En 2018, il avait déjà été condamné pour des faits de viols et d’agressions sexuelles sur six autres patients à 13 ans de réclusion par la cour d’assises du Bas-Rhin. À l’époque, il avait interjeté appel avant de finalement se désister. La moitié de la nouvelle peine sera absorbée dans la précédente.
Les avocats de ce dernier ont indiqué qu’il ferait appel de cette décision.
[avec AFP et Le Parisien]
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