Un chirurgien orthopédiste soupçonné d'exercer depuis 10 ans sans diplôme de spécialité
Un chirurgien orthopédiste de l'île de Saint-Martin est soupçonné d'avoir exercé plus de dix ans sans diplôme de spécialité. Une enquête a été ouverte.
Une enquête a été ouverte sur l'île antillaise de Saint-Martin après la suspension d'un chirurgien orthopédiste soupçonné d'avoir exercé pendant plus de dix ans sans diplôme de spécialité, a appris vendredi 31 octobre l'AFP, auprès du parquet de Basse-Terre, en Guadeloupe.
Ces "faits sont traités dans le cadre d'informations judiciaires", a précisé le procureur de la République Xavier Sicot, dont la juridiction couvre Saint-Martin.
Le 24 octobre, le CH Louis-Constant Fleming de Saint-Martin avait annoncé dans un communiqué la suspension à titre conservatoire du praticien "le temps de l'instruction destinée à procéder aux vérifications nécessaires", après avoir été alerté "sur ses qualifications" par le conseil départemental de l'Ordre des médecins.
Selon ce dernier, un courrier daté du 16 septembre et émanant de l'université Gamal-Abdel-Nasser de Conakry, en Guinée - d'où le praticien est censé être diplômé - a confirmé qu'il avait obtenu un diplôme de médecine, mais en aucun cas celui "d'études de chirurgie générale, option chirurgie orthopédique et traumatologique" qu'il revendique.
Depuis la révélation de sa suspension par le média local Le Pélican, les témoignages se multiplient à Saint-Martin sur les pratiques du chirurgien qualifié par certains collègues de "boucher". "Avec mes collègues, dès qu'il y avait un accident et que nous savions
qu'il était de garde, nous faisions tout pour envoyer la personne blessée en Guadeloupe", a notamment témoigné auprès de l'AFP une ancienne infirmière, se disant "toujours autant en colère".
Un dossier transmis au ministère en mars 2025
De plus, une patiente opérée du genou en 2013 a affirmé que le chirurgien lui avait "bousillé la vie", disant souffrir encore aujourd'hui de séquelles lourdes malgré deux nouvelles interventions en Guadeloupe.
La sénatrice LR de Saint-Martin, Annick Pétrus, assure avoir alerté dès 2023 sur le cas du praticien et a affirmé à l'AFP avoir transmis un dossier "lourd et sérieux" au ministère de la Santé en mars 2025, puis saisi l'Ordre des médecins en mai. "Je vais demander à ce qu'un collectif se forme et que des plaintes soient apportées au niveau du tribunal pénal. Cela fait dix ans que ça dure. Il faut absolument que la lumière soit faite", a-t-elle ajouté.
De son côté, l'Ordre départemental des médecins de la Guadeloupe a annoncé son intention de porter plainte devant la chambre disciplinaire de première instance du Conseil inter-régional Antilles-Guyane pour "faux et usage de faux".
En mai dernier, l'Ordre départemental a saisi l'ARS pour solliciter une suspension d'urgence du praticien, indique l'ARS Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy dans un communiqué, diffusé ce lundi. Depuis, une inspection a été diligentée pour analyser sur pièces et par des entretiens, et "n'a pas conduit à proposer, une mesure de suspension immédiate et à titre conservatoire, prise par le directeur général de l'ARS", précise le document. Le 22 octobre, l'Ordre départemental a transmis à l'ARS un courrier comprenant une attestation de l'université de Guinée, prouvant alors que "le diplôme de spécialité produit serait un faux". "Le même jour, sur injonction de l’agence, la direction du centre hospitalier Louis-Constant Fleming a prononcé la suspension du praticien", peut-on lire.
L'ARS affirme désormais suivre "avec attention les éventuelles suites disciplinaires et pénales qui pourraient être réservées à la suite des éléments portés à sa connaissance le 22 octobre 2025".
Le chirurgien mis en cause n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
[avec AFP]
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