Justice

Généraliste qui aidait des patients à mourir : un an de prison avec sursis requis

La procureure de la République a requis douze mois de prison avec sursis contre le Dr Bernard Senet, généraliste à la retraite, jugé pour délit d'importation de pentobarbital afin d'aider des patients à mourir. 

06/10/2025 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
Justice

Son procès s'est clos vendredi 3 octobre. Le Dr Bernard Senet, généraliste à la retraite, était jugé depuis mi-septembre devant le tribunal correctionnel de Paris, aux côtés de 11 membres de l'association Ultime Liberté, pour complicité de délit d'importation illicite de pentobarbital, dans le but d'aider des patients à mourir, rappelle La Provence.

La procureure de la République a requis douze mois de prison avec sursis à l'encontre de ce fervent défenseur de l'aide à mourir depuis 40 ans. Une interdiction d'exercer pendant deux ans a également été requise. "Même si je suis retraité, cette réquisition me blesse, a confié Bernard Senet à La Provence. En fait, c'est surtout l'argumentaire de la procureure qui a estimé que je n'avais pas respecté mon éthique."

Pour la procureure, citée par Ici Vaucluse, "tous les prévenus" – qui ont plaidé coupables –"savaient pertinemment que le pentobarbital était une substance vénéneuse illicite et, insatisfaits de cet état du droit, ils ont choisi de dicter leur propre loi pour permettre l'acquisition et l'importation du pentobarbital sur le territoire national". Le parquet n'a toutefois pas réclamé d'amende, tenant compte du "mobile humanitaire" des prévenus, de l'absence d'antécédents judiciaires ou de profit financier.

Pour aider ses patients, Bernard Senet leur donnait une adresse pour qu'ils puissent se procurer du pentobarbital. Une façon pour le généraliste, qui ne cache pas avoir aidé des dizaines de patients à partir, d'"accompagner les gens jusqu'au bout" et de "respecter leur volonté comme le [veut] le serment d’Hippocrate". "Je faisais un bilan médical et je donnais l'adresse où se procurer le produit lorsque c'était la seule option", a-t-il précisé à La Provence.

Le verdict sera rendu le 9 janvier 2026. Bernard Senet espère "des condamnations sans peine". Cela "enverrait un message fort à la société et aux politiques", a-t-il indiqué à nos confrères. 

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2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de Monique  Berthomé-Bel
318 points
Incontournable
il y a 2 mois
Je connais le Docteur Senet et je partage ses prises de positions ainsi que ses actions. Il a agit en fonction de son éthique sans qu'on puisse jamais lui reprocher de rechercher un intérêt personnel. Beaucoup de ses patients lui sont reconnaissant de la qualité et de l'humanité de ses prises en charge. Il s'est exprimé sur la nécessité de faire évoluer la loi actuelle sur la fin de vie en France ainsi que le réclame la majorité de nos concitoyens dans le respect de la volonté éclairée et de la liberté de chacun de faire le choix de sa fin de vie sans contraindre quiqu'onque, le corps médical bénéficiant toujours de la possibilité de faire jouer sa prise de conscience.
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 mois
Dans ce genre d'affaire et surtout quand les personnes jugées sont de "bonne foi" les procureurs réclament une peine et le jugement accorde le sursis. Tant que les lois sur la fin de vie ne seront pas votées (et ça n'en prend pas le chemin) l'euthanasie et autres modalités de l'aide à mourir restent illégales en dehors de la loi Claeys Léonetti et seraient passibles de la perpétuité! Bon, c'est toujours difficile d'être condamné pour des gestes d'une grande humanité! Cela étant je reste surpris qu'on en reste à importer du pentobarbital* alors qu'il est plus "simple" et non illégal de faire appel au thiopental* qui est la même molécule et couramment utilisée en France en anesthésie humaine comme vétérinaire.
 
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