Accusé d'avoir "dénigré" la profession infirmière, le Dr Arnaud Chiche se défend
Trois syndicats infirmiers poursuivent devant l'Ordre des médecins le fondateur du Collectif santé en danger, lui reprochant des propos insultants et méprisants à l'encontre de plusieurs Idel ou IPA et de la "profession infirmière dans son ensemble", a révélé France info jeudi 4 septembre. Contacté par Egora, l'anesthésiste évoque des dérapages liés au "cyberharcèlement" dont il se dit victime depuis plusieurs semaines.
"Depuis plusieurs mois, le docteur Arnaud Chiche, sous couvert d'une prétendue représentativité des professionnels de santé, abreuve certains réseaux sociaux de messages haineux, menaçants et insultants à l'endroit de toute personne qui viendrait lui apporter la contradiction", formule une plainte à l'encontre de l'anesthésiste, adressée le 4 septembre au conseil départemental de l'Ordre des médecins du Pas-de-Calais. Dans cette plainte, révélée par France info et dont Egora a obtenu copie, la Fédération nationale des infirmiers (FNI), la FNI du Morbihan et du Pas-de-Calais, l'Union nationale des infirmiers de pratique avancée (Unipa), le Collectif infirmiers libéraux en colère (Cilec) reprochent au fondateur du Collectif santé en danger de tenir des propos "qui salissent la réputation des personnes visées mais aussi la profession infirmière dans son ensemble".
Les IPA, "des personnes incapables d'obtenir le concours de médecine"
Le médecin, qui exerce à la polyclinique de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), est notamment accusé de remettre en cause "la compétence des IPA pour soigner les patients les considérant avec grande condescendance comme des personnes ayant été incapables d'obtenir le concours de médecine".


Pour les plaignants, les propos tenus par Arnaud Chiche -pour la plupart en 2025- sont contraires au code de déontologie médicale, en particulier à l'article 3 (principe de moralité, probité), à l'article 31 (ne pas déconsidérer la profession) et à l'article 68 (bons rapports avec les membres des autres professions de santé). "De tels propos réitérés ne peuvent être justifiés par un autoproclamé combat 'social' et devront être sanctionnés comme il se doit", écrivent les avocats.
Pour le médecin mis en cause, joint par Egora, "cette plainte, c'est l'aboutissement d'un mois de cyberharcèlement" dont il se dit victime. Le point de départ serait sa rencontre avec Yannick Neuder, lors de son déplacement en Corse les 11 et 12 août derniers, suivie d'un "live" avec le ministre de la Santé sur les réseaux sociaux, ainsi qu'une interview donnée peu auparavant sur Europe 1. Dans un contexte de tensions exacerbées entre professions autour des missions des IPA et du nouveau statut d'infirmier référent, il serait reproché au médecin de parler au nom des infirmiers*.
"Dans les suites immédiates de cela, le cyberharcèlement commence. Des comptes parfois anonymes se mettent à me cibler sur le réseau X", relate Arnaud Chiche, qui évoque "des insanités, des attaques, de la menace, de l'intimidation". "Je suis en vacances en famille, je consulte un peu mes réseaux sociaux entre la plage et la paillotte et je vois que je suis attaqué de tous les côtés… j'ai le malheur de répondre un peu, se défend-t-il. Dans les tweets que vous avez sous les yeux, il n'y a pas d'insultes, il n'y a pas de vulgarité. Il y a du mépris et de la véhémence. Je n'aurais probablement pas dû répondre comme ça… Mais vous savez quand vous êtes cyberharcelé c'est compliqué, c'est comme si vous disiez à un petit garçon qui est harcelé à l'école qu'il aurait mieux fait de pas donner un coup de poing quand il s'en pris 10 : c'est la même chose."
Signalements à l'Ordre des infirmiers
A la suite d'un conseil d'administration de l'association Collectif santé en danger organisé "en urgence", "on décide que je ne vais plus répondre", poursuit le médecin. "Mais plus je bloque les comptes, plus il y en a des nouveaux." Identifiant certains de ses détracteurs – membres des débuts du collectif – l'anesthésiste adresse alors plusieurs signalements par mail à l'ordre infirmier du 62 et du 59, tout en appelant à l'aide l'Ordre des médecins, a pu constater Egora. Des signalements qui sont, pour l'heure, restés sans suite, souligne-t-il.

Avec ses avocats, Arnaud Chiche se dit déterminé à se "défendre pour restaurer [son] honneur, [son] éthique et [son] image salement amochée par ces trois syndicats". "Le cyberhacèlement est difficile à caractériser, déplore-t-il toutefois. Souvent, ce sont des procédures qui sont longues et ne débouchent sur pas grand-chose. Le mal qui est fait maintenant… en cela ils ont gagné. C'est dommage car on est en train d'organiser la plus grande marche blanche des professionnels de santé le 4 octobre. Les politiques quand ils voient ça, ils se frottent les mains."
*Un communiqué intersyndical intitulé "Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers" a été diffusé le 21 août dernier
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