Pratique avancée des infirmières anesthésistes : les médecins appellent à ne pas dépasser "les lignes rouges"
Rappelant que l'exercice des infirmières anesthésistes diplômées d'Etat (Iade) s'effectue "sous la responsabilité" des médecins, le CNP de la spécialité demande à être associé aux discussions sur la pratique avancée des Iade pour s'assurer que les "lignes rouges" qu'il a fixées soient respectées.
Le 5 septembre, un arrêté paru au Journal officiel a fixé la liste des diplômes et certificats d'infirmière anesthésiste permettant l'exercice en pratique avancée, officialisant ainsi cette avancée obtenue dans la loi Valletoux. Cette loi, promulguée le 27 juin dernier, stipule que les Iade – mais aussi les infirmières de bloc opératoire ou puéricultrices –, peuvent exercer en pratique avancée "selon des modalités propres à leur spécialité définies par décret en Conseil d'Etat".
"Si la pratique de l'anesthésie en France, et notamment au bloc opératoire, voit sa sécurité garantie par le binôme médecin anesthésiste réanimateur-Iade – chacun dans des périmètres différents et interdépendants – la modification du périmètre de l'un implique nécessairement la modification du périmètre de l'autre", estime le Conseil national d'anesthésie-réanimation médecine périopératoire (CNP ARMPO) dans un communiqué diffusé lundi 29 septembre.
Regrettant de ne pas avoir été consulté "en amont de la publication" de l'arrêté, le CNP ARMPO s'inquiète de l'évolution réglementaire "suggérée par les 'modalités propres […] définies par décret en Conseil d'Etat'". Le conseil professionnel rappelle que l'"ouverture des discussions sur la pratique avancée des Iade s'"est faite sur un accord avec le ministre", qui était de "respecter les lignes rouges de l'anesthésie-réanimation". A savoir, respecter le "décret de la sécurité anesthésique" (1994) et le décret de compétences des Iade (modifié en 2017).
"Ces deux principes, qui garantissent une sécurité anesthésique maximale à la prise en charge des patients, sont intangibles", appuie le Conseil national d'anesthésie-réanimation médecine périopératoire, qui demande à être associé "à toute discussion visant à modifier la réglementation de l'exercice des Iade, celui-ci s'effectuant sous la responsabilité du [médecin anesthésiste réanimateur]". Cette réforme "ne doit en rien dégrader la prise en charge peropératoire", souligne le CNP ARMPO, précisant avoir formulé cette demande en concertation avec les infirmières anesthésistes.
Et de réclamer que les "lignes rouges" fixées auparavant continuent à être "sanctuarisées". "L'anesthésie-réanimation – médecine périopératoire n'a fait qu'améliorer sa sécurité dans son histoire : la médicalisation de la spécialité, puis la pertinence du binôme MAR-IADE en sont les principales explications. L'anesthésie-réanimation – médecine périopératoire est et doit rester une spécialité médicale", conclut l'organe national de représentation de la spécialité.
"Le CNP ARMPO affirme [...] vouloir 'préserver les équilibres'. Mais de quel équilibre parle-t-on ? Celui où les médecins conservent le monopole du discours et de la décision, tandis que les IADE assurent en silence une grande partie de la sécurité des soins ?", a réagi le secrétaire général-adjoint du Syndicat national des Infirmières anesthésistes (SNIA), Simon Taland, sur LinkedIn. Et de revendiquer que l’anesthésie est "aussi", "et historiquement", "une spécialité infirmière". "Le décret de 1994 est souvent brandi comme un texte intouchable. Mais il ne reflète plus les réalités actuelles. Loin de là. Il invisibilise le rôle réel des Iade", déplore l’infirmier.
"Ce que nous demandons, ce n’est pas un ‘élargissement unilatéral de nos compétences’. C’est une reconnaissance réglementaire de ce que nous faisons déjà et de ce que nous pourrions faire au bénéfice des patients, rappelle le représentant du SNIA. Que les discours changent : que l’on cesse de réduire notre impact à une ‘assistance’, alors que notre expertise participe activement à l’accès aux soins, à la réduction des risques, à la fluidité du parcours et à la qualité des soins." "Il est temps de construire un nouveau cadre, avec toutes les parties prenantes. Sans paternalisme. Sans dogme. Et sans invisibilisation”, appelle-t-il.
La sélection de la rédaction
Etes-vous prêt à stocker des vaccins au cabinet?
Fabien BRAY
Non
Je tiens à rappeler aux collègues que logiquement tout produit de santé destiné au public stocké dans un frigo, implique une traça... Lire plus