"La mort dans l'âme", une centaine de médecins annoncent au directeur de la CPAM de Pau leur intention de se déconventionner

13/03/2024 Par Aveline Marques
C'est une action coup de poing que les médecins membres du Comeli 64 ont mené mardi 12 mars à la CPAM de Pau. En remettant au directeur leur lettre de "demande d'informations" sur le déconventionnement, ces praticiens ont adressé à l'Assurance maladie une dernière mise en garde, à la veille d'une séance de négociations capitale. 

 

Ils sont prêts à franchir le pas du déconventionnement et ont tenu à le faire savoir. A l'appel du Comeli 64, une centaine de médecins libéraux du département se sont réunis, hier après-midi, devant les locaux de la CPAM de Pau-Pyrénées pour montrer leur mécontentement face à la dégradation de leurs conditions d'exercice et aux propositions de la Cnam.  

Crédit : Dr Vonick Corvest

En début d'après-midi, une délégation a été reçue par le directeur de la caisse. "Nous lui avons remis 98 lettres de demande d'informations quant aux conséquences et risques d'un déconventionnement pour nos patients", relate le Dr Vonick Corvest, représentant du Comeli 64. "Nous avons signifié au directeur de la CPAM qu'il fasse remonter sur le plan national, qu'en l'état la convention était inacceptable et que les effets de manche de la communication de M. Fatôme et du Gouvernement étaient contre-productifs", lance ce généraliste.  

Les médecins jugent les propositions de la Cnam "inadaptées", en particulier la revalorisation du tarif de la consultation à 30 euros qui, arrivant trop tardivement, ne compensera même pas la hausse des charges avec l'inflation. Ils dénoncent également les "injonctions contradictoires" du patron de l'Assurance maladie, qui souhaite rendre l'exercice libéral plus attractif tout en fixant des objectifs chiffrés collectifs aux médecins signataires de la convention (+2% de patients médecin traitant par an, +2% de file active par an…). 

"Ce sera la mort dans l'âme que nous irons jusqu'au déconventionnement", lance Vonick Corvest, "mais il sera temps pour nous, médecins de famille, de nous sauver". Le généraliste précise que d'après l'UFML, 111 lettres d'intention de déconventionnement ont été déposées par des praticiens du département sur le site dédié, ce qui représenterait 17% des généralistes installés dans les Pyrénées-Atlantiques. 

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2 débatteurs en ligne2 en ligne
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Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 2 ans
La Santé en France ne se limite pas à une confrontation entre les médecins libéraux et l'Assurance Maladie, il y a aussi et surtout les patients. Il ne faut pas faire semblant de les ignorer. La quasi totalité des médecins ne se déconventionnera pas car l'idée d'une médecine à deux vitesses est incompatible avec notre éthique professionnelle. (Jusqu'à présent en tout cas). Face aux 10000 menaces espérées, les pouvoirs publics ne se gêneront pas pour mettre dans la balance la santé de 68 millions de Français , sans sourciller ni scrupules. Pour quelques milliers de patients "compréhensifs" prêts à sortir 50€ non remboursés, face aux 67 autres millions, on se sentira bien seuls. Les menaces , les promesses, les intentions de déconventionnement...avons nous joué les bonnes cartes ? Au poker peut être....
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Débatteur Passionné
Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique
il y a 2 ans
Pour développer un peu plus le commentaire de petit Bobo, je crois que l'on se trompe de cible et que les menaces ou promesses de déconventionnement ne font que diviser un peu plus le corps médical sans retentissement sur la CNAM Seul un petit nombre en tirera un bénéfice personnel (meilleure organisation du temps de travail, valorisation professionnelle, sélection de la patientelle, etc ...) Car la majorité des médecins généralistes ne pourra pas le faire pour des raisons familiales, éthiques, géographiques et surtout socio-économiques Comment affaiblis par le départ (éventuel) de 10 à 20% de confrères pourront ils négocier ???? Il semblerait que d'autres pistes soient possible à condition de définir les objectifs communs au plus grand nombre à savoir - la pérennité de la médecine libérale - le paiement l'acte (partiel ou total) - la revalorisation du C - la diminution des contraintes administratives - la liberté d'installation - le rôle contractuel de la relation patient / médecin Puisqu'on va surement me le demander, j'étais 20 ans en secteur 2 et 20 ans PH salarié Jamais en secteur 3 Je faisais peu d'esthétique mais beaucoup de chirurgie cutanée et de réparatrice Mes seuls confrères déconventionnés pratiquaient la chirurgie esthétique exclusive
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Les propriétaires d'animaux de compagnie (ils sont tès nombreux) ne rechignent pas à consulter le vétérinaire pour leur petit compagnon et la consultation véto n'est pas à 26,50€ non remboursés ! Quant aux patients, ils ne voient que leur pomme et n'ont plus aucune considération pour leur médecin : ils ne valent que 26.50€ parce que le monde a changé et que le temps de la vocation du métier a disparu, le médecin préférant son épanouissement personnel, sa famille, ses horaires sur rendez-vous à 40h/semaine et sans garde 24h/24 et . . . ses honoraires. Donc la menace de déconventionnement n'est qu'une fanfaronnade : tout dépend de votre esprit de compétitivité et de service: - soit on se déconventionne parce qu'on a la conviction de valoir plus et d'être les meilleurs et on assume alors son libéralisme total avec ses avantages et ses inconvénients, - soit on reste conventionné pseudo salarié de la caisse avec ses maigres avantages de pseudo libéral, - soit on se trouve une vocation de médecin salarié par les départements ou les communes avec tous les avantages du salarié
 
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