“Vous attendez quoi ? Qu’on crève ?” : confrontée au manque de moyens des hôpitaux, une mère de famille crie sa colère
Dans un post Intagram largement partagé, une maman raconte la difficile prise en charge de sa fille de 6 ans, victime d’un choc anaphylactique le jour de la Fête de la musique, et critique les orientations politiques qui en sont responsables. L’hôpital, de son côté, réfute tout manquement et explique la situation à laquelle il fait face.
Les faits ont eu lieu le 21 juin. Ce jour-là, Anaïs Doal profite avec ses filles et une amie de la Fête de la musique. Elles s’arrêtent à un snack. L’une de ses filles ayant des allergies alimentaires, elle les signale. Mais malgré cela, la petite de 6 ans fait une réaction, "un début de choc anaphylactique", raconte-t-elle sur son compte Instagram, dans un récit relayé par France 3. "Au début, je pense à une petite réaction. Quelques boutons. Mais cette fois non", écrit-elle.
Étant à 15 minutes à pied de son habitation, elle décide d’y emmener sa fille : "Je rentre", "je n’ai plus le choix. Je dois la piquer", la petite fille ayant des difficultés à respirer. Elle utilise l’EpiPen, puis se rend par ses propres moyens aux urgences de l’hôpital d’Aix, "à 8 minutes", "mais ce soir, c’est la Fête de la musique, des bouchons partout", relate-t-elle. Arrivée sur place, elle constate que l’établissement est "désert", que "le parking visiteurs est fermé", que la grille est baissée et qu’il n’y a "pas d’interphone".
Miracle, c’est encore ouvert
La mère de famille arrive aux urgences pédiatriques, non sans difficultés. Elle tombe alors sur trois infirmières qui prennent les constantes de la petite, mais "il n’y avait pas de médecin ce soir-là pour l’ausculter". Elles lui indiquent que "les urgences pédiatriques sont fermées, l’hôpital aussi", et l’orientent vers l’hôpital nord de Marseille. Anaïs craint de mettre trop de temps à le rejoindre en ce soir de festivités. Elle décide donc d’appeler le 15. "Un médecin me répond. Une voix humaine. Douce. Solide." La régulatrice l’invite à se rendre à la maison médicale, et si elle ne trouve personne, une ambulance lui sera envoyée.
Elle "tente la permanence médicale", alors qu’il est "presque 22h". "Miracle, c’est encore ouvert." L’interne la rassure, ausculte sa fille, qui va mieux. Et lui explique que le fonctionnement dégradé est "politique". Une ritournelle qui ne passe pas auprès de la maman, qui ne dirige pas sa colère envers le personnel soignant, également tributaire, mais envers les politiques. "Je m’adresse à vous, Emmanuel Macron, à vous, Yannick Neuder, ministre de la Santé, à vous tous, élus de la République qui chantez et souriez à la Fête de la musique. Vous attendez quoi ? Qu’on crève ?" Le post a collecté le 26 juin plus de 211 000 likes.
L’hôpital Aix-Pertuis avait néanmoins indiqué, dans un post Facebook datant du 20 juin - et mis en avant par France 3 -, que l’accueil serait restreint au service des urgences pédiatriques, du 21 juin 8h30 au 22 juin 8h30, "en raison des tensions sur les ressources médicales" et que "seules les urgences vitales serai[ent] prises en charge". Il est aussi écrit que "durant cette période, avant de vous présenter au service des urgences pédiatriques, appelez le 15. Un médecin régulateur vous orientera vers la structure adaptée".
France 3 donne la parole à l’établissement, qui se défend. Le Dr Yves Rimet, président de la CME, assure que la jeune fille, suivie à l’hôpital pour ses allergies, n’a pas été mise en danger, qu’elle a été immédiatement évaluée et que ses constantes vitales ne montraient aucun signe de gravité immédiate. "Elle faisait partie des patients 'peu graves' éligibles à pouvoir se rendre dans un autre établissement, dans un délai de 3h, pour la suite de la prise en charge", explique-t-il notamment. Il précise en outre qu’un pédiatre était bien présent, mais qu’il prenait en charge une urgence vitale.
Un retour à l’équilibre en septembre
Le président de la CME et le directeur de l’établissement, Francis Saint-Hubert, indiquent au média qu’il manque actuellement huit pédiatres pour que le service de pédiatrie, dans son ensemble, puisse correctement tourner. "On a un tiers de l’équipe en arrêt pour grossesse et longue maladie. On fait appel à de l’intérim, on collabore avec d’autres établissements, certains pédiatres font des heures supplémentaires, mais malgré cela, on n’arrive pas toujours à couvrir nos objectifs", reconnaissent-ils. Indiquant que l’hôpital Aix-Pertuis connaît "une phase un peu compliquée, mais un retour à l’équilibre est prévu à partir du mois de septembre".
Le directeur insiste sur le fait que les services ne sont pas fermés, mais que, ponctuellement, il peut arriver qu’il y ait un accueil restreint, rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur.
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