
"Crise persistante des urgences" : comment les directeurs d'hôpitaux veulent mobiliser la médecine de ville
Face à une "crise persistante des urgences", les conférences des directeurs de CHU et CH appellent à un "pacte de responsabilisation" regroupant dix propositions pour repenser les services d'urgences et améliorer la qualité de prise en charge. Ils proposent notamment un meilleur partage de la permanence des soins entre hôpital et médecine de ville, tous les jours de la semaine.

"La France est passée de 10 millions de passages aux urgences en 1996 à 14 millions en 2002 puis 20,9 millions en 2022, dont 14% de personnes de plus de 75 ans. Ce doublement aboutit à une dénaturation du rôle initial des urgences, qui sont trop souvent devenues une modalité d’accès aux soins utilisée en dehors des situations graves et exceptionnelles pour lesquelles elles ont été conçues", écrivent ce mardi 6 mai les directeurs généraux des CHU et des CH, dans un communiqué.
Face à cette crise des urgences, ils appellent à un nouveau "pacte de responsabilisation" associant l’ensemble des professionnels de santé - établissements de santé publics, privés et les médecins de ville. Ce pacte regroupe dix propositions clés "qui ambitionnent de protéger la qualité de la prise en charge des patients tout en confortant les conditions d’exercice et donc l’attractivité des métiers de l’urgence".
Les directeurs généraux des CHU et des CH appellent, dans un premier temps, à une permanence des soins partagée de façon équitable entre tous les établissements de santé et la médecine de ville tous les jours de l’année, alors qu'aujourd'hui le secteur public assure 85% de la permanence des soins en établissements de santé. Ils proposent concrètement de donner au ARS des moyens de régulation pour assurer une permanence des soins effective dans tous les établissements. La médecine de ville est appelée à se mobiliser pour assurer l’accès à une PDSA avant minuit tous les jours de l’année.
Régulation renforcée
Les conférences appellent également à une régulation renforcée en amont des urgences, afin d’y orienter uniquement les cas qui le justifient. Elles appellent à la généralisation du Service d'accès aux soins (SAS), y compris dans ses formats spécialisés (psychiatrie, pédiatrie, dentaire). En revanche, les populations vulnérables (patients mineurs sans accompagnants majeurs, psychiatrie, patients en situation de précarité ou ne s’exprimant pas en français) continueront à être accueillies directement aux urgences.
L'aval des urgences doit, par ailleurs, être régulé selon les directeurs d'hôpitaux, afin de faciliter le maintien ou le retour à domicile. Concrètement, les conférences demandent à travailler à un modèle économique viable pour les services à domicile, dans un contexte où 80% des sorties de l’hôpital se font à domicile.
Les directeurs plaident aussi pour une transparence sur la disponibilité des lits dans les établissements publics et privés lorsque l’hospitalisation est nécessaire pour des patients qui sortent des urgences, afin d'éviter des attentes ou des pertes de chance injustifiées.
Enfin, elles demandent une adaptation du nombre et du type de lits de spécialités pour avoir des capacités d’hospitalisation en mesure de faire face aux besoins des patients non programmés, particulièrement en gériatrie et en traumatologie. Les conférences proposent notamment d’augmenter le nombre et d’élargir le rôle des infirmiers en pratique avancée (IPA), qui peuvent proposer une orientation préalable aux patients.
De son côté, la Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine a annoncé, ce mardi, partager l’analyse des conférences des directeurs et apporter "son soutien sans réserve" au pacte. Les doyennes et doyens demandent, en outre, aux ministères de tutelle d’agir rapidement en concertation avec tous les acteurs de terrain pour enfin mettre en œuvre des solutions efficaces.
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