Urgences

"Crise persistante des urgences" : comment les directeurs d'hôpitaux veulent mobiliser la médecine de ville

Face à une "crise persistante des urgences", les conférences des directeurs de CHU et CH appellent à un "pacte de responsabilisation" regroupant dix propositions pour repenser les services d'urgences et améliorer la qualité de prise en charge. Ils proposent notamment un meilleur partage de la permanence des soins entre hôpital et médecine de ville, tous les jours de la semaine. 

06/05/2025 Par Sandy Bonin
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"La France est passée de 10 millions de passages aux urgences en 1996 à 14 millions en 2002 puis 20,9 millions en 2022, dont 14% de personnes de plus de 75 ans. Ce doublement aboutit à une dénaturation du rôle initial des urgences, qui sont trop souvent devenues une modalité d’accès aux soins utilisée en dehors des situations graves et exceptionnelles pour lesquelles elles ont été conçues", écrivent ce mardi 6 mai les directeurs généraux des CHU et des CH, dans un communiqué.

Face à cette crise des urgences, ils appellent à un nouveau "pacte de responsabilisation" associant l’ensemble des professionnels de santé - établissements de santé publics, privés et les médecins de ville. Ce pacte regroupe dix propositions clés "qui ambitionnent de protéger la qualité de la prise en charge des patients tout en confortant les conditions d’exercice et donc l’attractivité des métiers de l’urgence". 

Les directeurs généraux des CHU et des CH appellent, dans un premier temps, à une permanence des soins partagée de façon équitable entre tous les établissements de santé et la médecine de ville tous les jours de l’année, alors qu'aujourd'hui le secteur public assure 85% de la permanence des soins en établissements de santé. Ils proposent concrètement de donner au ARS des moyens de régulation pour assurer une permanence des soins effective dans tous les établissements. La médecine de ville est appelée à se mobiliser pour assurer l’accès à une PDSA avant minuit tous les jours de l’année.

 

Régulation renforcée

Les conférences appellent également à une régulation renforcée en amont des urgences, afin d’y orienter uniquement les cas qui le justifient. Elles appellent à la généralisation du Service d'accès aux soins (SAS), y compris dans ses formats spécialisés (psychiatrie, pédiatrie, dentaire). En revanche, les populations vulnérables (patients mineurs sans accompagnants majeurs, psychiatrie, patients en situation de précarité ou ne s’exprimant pas en français) continueront à être accueillies directement aux urgences. 

L'aval des urgences doit, par ailleurs, être régulé selon les directeurs d'hôpitaux, afin de faciliter le maintien ou le retour à domicile. Concrètement, les conférences demandent à travailler à un modèle économique viable pour les services à domicile, dans un contexte où 80% des sorties de l’hôpital se font à domicile. 

Les directeurs plaident aussi pour une transparence sur la disponibilité des lits dans les établissements publics et privés lorsque l’hospitalisation est nécessaire pour des patients qui sortent des urgences, afin d'éviter des attentes ou des pertes de chance injustifiées.

Enfin, elles demandent une adaptation du nombre et du type de lits de spécialités pour avoir des capacités d’hospitalisation en mesure de faire face aux besoins des patients non programmés, particulièrement en gériatrie et en traumatologie. Les conférences proposent notamment d’augmenter le nombre et d’élargir le rôle des infirmiers en pratique avancée (IPA), qui peuvent proposer une orientation préalable aux patients. 

De son côté, la Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine a annoncé, ce mardi, partager l’analyse des conférences des directeurs et apporter "son soutien sans réserve" au pacte. Les doyennes et doyens demandent, en outre, aux ministères de tutelle d’agir rapidement en concertation avec tous les acteurs de terrain pour enfin mettre en œuvre des solutions efficaces.  

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1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Fabien BRAY
7,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 7 mois
Déjà l'hypocrisie des doyens qui se disent en accord avec les directeurs d'hôpitaux... C'est une évidence tellement leurs intérêts convergent. Si les doyens étaient issus de la médecine générale, peut-être les avis divergeraient-ils... Ensuite c'est l'état qui a souhaité supprimer les astreintes de nuit, pour la même raison qu'il a diminué le numerus clausus : baisser les remboursements. Et à l'époque les directeurs d'hôpitaux étaient bien contents de récupérer cette activité ! Enfin, sur mon secteur les astreintes de 20h à minuit sont assurées toute l'année, et sur mes 4 dernières astreintes j'ai vu 1 seul patient en soirée, donc comme mes collègues je me pose la question de leur pertinence. En ce qui me concerne je ne compte absolument pas m'investir d'avantage pour aider l'hôpital qui s'est lui-même tiré une balle dans le pied. Rappelons que l'hôpital a tout de même vu ses effectifs médicaux grimper fortement depuis plusieurs années au détriment de la médecine de ville, que l'hôpital continue de sous-payer ses infirmières qui fuient la structure publique comme la peste, et sa seule solution est d'inonder le système de jeunes infirmières mal formées, et contraintes de rester à l'hôpital encore plus longtemps qu'auparavant. Donc ne plaignons pas l'hôpital qui mérite ce qui lui arrive.
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429 points
Incontournable
Chirurgie générale
il y a 7 mois
Je suis dans une zone géographique où il fut un temps les gardes des médecins de ville fonctionnaient parfaitement chaque jour que Dieu faisait, et où il avait genre 25 appels le WE en routine et plusieurs la nuit. Ce qui était motivant pour un jeune médecin ayant un emprunt à rembourser et aucune aide ni subvention (je n'étais pas que spécialiste hospitalier, j'étais aussi l'épouse d'un généraliste de ville et je décrochais le téléphone nuits et WE). Et puis un beau jour notre gouvernement a créé la PDS avec numéro unique et régulation, soi disant pour améliorer l'accès aux soins. La situation des médecins s'est, elle, considérablement améliorée : les appels sont passés de 25 à 5, les patients étant priés d'aller aux urgences ou d'attendre le lendemain pour voir leur docteur aux heures ouvrables. En même temps, les déplacements s régulés ont été affectés d'une lettre clé particulière permettant de les tracer, et de mieux les rembourser. C'est ainsi que lors d'une enquête que tout le monde sauf moi a oubliée, on a pu se féliciter de l'efficacité de ces nouvelles mesures : en effet, les remboursements des actes de nuit avaient chuté grâce à la régulation ! Du coup le gouvernement a supprimé l'astreinte de nuit profonde, oui oui parfaitement : hop là, plus du tout de médecin de garde de ville passé minuit. Quand l'indicateur de qualité se révèle ne pas être celui que la population aurait attendu ....... Maintenant autour de chez moi, il y a des zones blanches sans médecin de garde et des tableaux à trous là où il y en a, et tout le monde s'en fiche ! Quant au patient à qui la PDS a dit durant tout le WE de Pâques (lundi férié) qu'il devait patienter et voir son docteur le mardi et qui a vraiment attendu le mardi pour voir enfin un médecin, il avait une nécrose viscérale sur une thrombose porte et il y est finalement resté. Mais les journaux n'en ont pas parlé.
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906 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 7 mois
Il y aurait moins de passages aux urgences si les patients avaient des délais de prise en charge spécialisés et d’imagerie acceptables …. Parce que l’urgence n’est pas seulement l’urgence vitale c’est aussi l’urgence ressentie et le patient qui ne peut supporter plus longtemps ses symptômes , parce que oui une tendinite n’est pas une urgence mais ça le devient quand la douleur est insomniante que les traitements per os sont inefficaces que le kinésithérapeute a 3 mois de délais et le rhumato, l’orthopédiste ou le radiologue ont également 3 mois de délais , parce que la signoidite peut être traitée en ville si le scanner est accessible dans les 48 à 72 heures , pareil pour la colique néphrétique, parce que le patient psychiatrique qui décompense n’est pas une urgence si le psychiatre est accessible en dehors des urgences … etc … pareil pour la phlébite, la suspicion d’EP… la découverte au scanner ou à l’IRM d’un AVC … délais pour le bilan vasculaire et cardio ???? Alors arretons de parler des horaires et des astreintes mais parlons du soin !!!!
 
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