Ophtalmologie : les consultations avancées commencent à "porter leurs fruits"
Selon le syndicat de la profession, le nombre d'ophtalmologistes qui exercent en multisites ne cesse d'augmenter. 14,6% des ophtalmologistes consultent dans au moins deux cabinets en 2025.
Alors que le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a érigé l'accès aux soins au rang de "priorité absolue" – annonçant, lors de son premier déplacement, la création d'un réseau de 5 000 sites France santé à l'horizon 2027 –, le Syndicat national des ophtalmologistes (Snof) loue les efforts réalisés par la profession en la matière. Dans un communiqué de presse, l'organisation se réjouit que "le travail amorcé depuis quelques années commence à porter ses fruits avec une réduction significative des temps de trajet [permettant d'accéder] à un ophtalmologiste".
S'appuyant sur les données issues de Cartosanté, le Snof observe une "réduction des zones éloignées d’un médecin spécialisé en ophtalmologie entre 2022 et 2024, notamment dans les zones montagneuses". Une amélioration que le syndicat associe au déploiement des sites multiples avec consultations présentielles. Sur les 12 grandes régions étudiées par le Snof, "le nombre d’ophtalmologistes en travail [en] multisite[s] (hors site de chirurgie) ne cesse de progresser", peut-on lire dans le communiqué.


En 2025, 14,6% des ophtalmologistes consultent sur au moins deux lieux (un taux qui culmine à plus de 20% dans les Hauts-de-France ou dans les Pays-de-la-Loire), ce qui représente "626 cabinets supplémentaires répartis sur le territoire". En 2024, le Snof avait déjà montré une nette réduction des délais d'accès à un ophtalmologiste (19 jours pour un contrôle périodique) attribué à une coopération accrue avec les orthoptistes et les opticiens.
Alerte sur l'essor de la télé-expertise sans examen médical
"Cette situation améliorée de l'accès aux soins ne justifie donc pas le développement rapide d'offres de télé-expertise sans aucun examen médical", estime le Snof. "A ce jour et malgré une position claire des représentants des opticiens qui considèrent cette pratique comme non conforme, plus de 1400 magasins d’optique sont abonnés à ce type d'offres commerciales, parfois référencées par des centrales d'achat", constate le Snof. "Les magasins proposant ce modèle sont essentiellement situés dans des zones concurrentielles, sans réelle difficulté d'accès aux soins", ajoute-t-il.
Ces solutions de télémédecine permettent de délivrer des ordonnances pour des lunettes et des lentilles "sans examen médical du patient et en absence de parcours de soins", ce qui est "en totale contradiction" avec le référentiel du Conseil national professionnel d'ophtalmologie ainsi qu'avec le code de la santé publique, qui stipule qu'une prescription médicale "doit faire suite à un examen médical", note le Snof. Cette pratique de télé-expertise en magasin n'a, en outre, "aucun cadre validé", dénoncent les ophtalmologistes, contrairement aux protocoles de coopération mis en place avec les orthoptistes.
Pour ces derniers, l'utilisation de cette pratique, "dont le but est commercial", représente ainsi un véritable danger. Elle "prive les clients de ces magasins d'un examen de dépistage des pathologies oculaires comme le glaucome ou la DMLA à un stade précoce".
Se présentant comme un "garant de la santé visuelle des patients", le syndicat appelle de ses vœux que la future loi anti-fraude amène à "une meilleure communication entre l'Assurance maladie et les complémentaires santé afin de lutter contre ces dérives". Le Snof s'étonne en effet que des médecins prescripteurs, "ophtalmologistes et parfois généralistes", de ces plateformes "puissent signer des milliers et parfois des dizaines de milliers d‘ordonnances". "Cela engendre des dépenses optiques importantes non pertinentes", déplore l'organisation.
Cette dernière entend par ailleurs porter des propositions en faveur du développement d'une télémédecine en ophtalmologie "pertinente", "déontologique" et "respectant les référentiels" dans le cadre des assises de la télémédecine.
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