Faute de médecin pour constater le décès, un corps reste plusieurs heures sur la voie publique à Arras

19/01/2024 Par Louise Claereboudt
Démographie médicale
L'Ordre des médecins du Pas-de-Calais assure que la situation ne se reproduira plus, puisqu'un médecin retraité s'est porté volontaire pour intervenir en renfort.  

 

Jeudi 11 janvier, dans les quartiers ouest d'Arras (Pas-de-Calais), les policiers ont dû attendre plusieurs heures au pied d'un immeuble, où le corps d'un homme gisait sous un drap blanc. En cause : aucun médecin du Samu n'était disponible pour venir constater le décès de cette personne, qui, "selon toute vraisemblance", "a mis fin à ses jours", rapporte La Voix du Nord

Une situation dramatique qui n'est pourtant pas exceptionnelle. Fin octobre, les gendarmes avaient déjà dû patienter plusieurs heures dans un bois à Marquion, à une trentaine de kilomètres d'Arras, où des enfants avaient découvert le corps d'un SDF. "Nous avons un gros problème lors des découvertes de corps, et cela fait un moment que cela dure", confirme une source judiciaire au quotidien local. 

Des "heures perdues" pour les forces de l'ordre et une attente interminable et "indigne" pour les familles des défunts, déplore une source policière. Le président du conseil départemental de l'Ordre des médecins du Pas-de-Calais, le Dr Francis Meurin, reconnaît ces difficultés, précisant que d'autres juridictions les partagent. Il promet, en revanche, qu'une solution a été trouvée pour le secteur d'Arras. 

Dans un entretien à nos confrères, le président du CDOM annonce qu'un médecin retraité s'est porté volontaire pour constater les décès dans le domaine public, en cas d'indisponibilité des médecins libéraux. Le Dr Meurin rappelle qu'"un médecin retraité ne peut y aller que si un médecin libéral installé dans le coin ne peut y aller dans un délai raisonnable"

Il précise que d'autres médecins retraités du Béthunois se sont montrés intéressés pour faire partie d'une liste de contacts à appeler en cas de besoin 

[avec La Voix du Nord

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Médecine générale
il y a 2 ans
Samedi 11 h en pleine consultation, la gendarmerie me réquisitionne pour un AVP mortel sur une route dans le département voisin qui est loin de mon secteur en l'absence de médecin du secteur. Je laisse mes patients en salle d'attente et vais vers le lieu indiqué. Après avoir parcouru 10 km, route barrée par la maréchaussée qui finit par me laisser passer et 7 km plus loin l'accident : en pleine ligne droite, une voiture face à un 44 tonnes. Beaucoup de véhicules de gendarmerie et de pompiers et curieusement des voitures noires officielles. Un gendarme me demande de faire le constat de décès et la prise de sang du chauffeur de la VL ; celui-ci est déjà sorti de la voiture et emballé dans sa housse blanche. Je demande pourquoi le corps a déjà été déplacé et on me dit que le SAMU est venu pour l'accident survenu à 6 h 50 mais que le médecin du SAMU n'était pas habilité à faire le constat et qu'on ne trouvait pas de médecin sur le secteur ! Je réussis à faire le prélèvement sanguin pour un flacon et le gendarme me demande de faire le papier bleu : je l'ai rempli en ayant constaté le démembrement de la victime. Par acquis de conscience, je demande à examiner le chauffeur du PL très choqué . Je demande à rentrer rapidement à mon cabinet pour mes patients vraiment patients et le gendarme me dit qu'on fera les papiers de réquisition plus tard : je les attends toujours ! Le lendemain, j'apprends par les journaux que la victime avait en fait trucidé sa femme et s'était volontairement suicidé en se jetant sous le poids lourd et que toutes ces voitures officielles étaient celles du procureur, du juge et de journalistes qu'on ne m'a pas présentés! Depuis cette mésaventure, je ne fais plus de papier bleu pour des patients que je ne connais pas et exige l'autopsie systématique...
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Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Cette situation est triste pour un pays développé. Ceci se produit partout ; des amis à nous nous ont raconté ( ils n'ont pas voulu nous déranger) avoir dû attendre 24 heures pour trouver un médecin pour constater le décès à domicile dans son lit de leur mère et belle-mère, et pas dans coin perdu du pays (Malakoff). On peut toujours chercher des responsables et trouver des coupables. Mais il fait avant tout soutenir les familles en imaginant une solution pour que ceci devienne exceptionnel. Certes , dans les pays pauvres ou en guerre pas de médecin probablement pour constater chaque décès. C'est cas de force majeure. Dans des pays favorisés comme le nôtre , quelle valeur a encore la fin de vie et la mort ? Il est probable que constatation du décès par un tiers , obsèques et rites funéraires sont indispensables pour aider les proches ...Commencer un deuil comme décrit plus haut me semble préjudiciable . La civilisation passe aussi par une prise en charge correcte des morts, ce qui est une des caractéristiques de notre humanité , non ?
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
J'ai vu ce cas il y a 25 ans; individu repêché en sale état dans le fleuve, (je m'y promenais à ce moment vers 21 h) gardé toute une nuit blanche par un policier sur le bord de la Néva en attendant l'ouverture des services médicaux. C'est vers ce genre de médecine que l'on va!
 
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