Certificats de décès par les infirmières : un décret précise les modalités

07/12/2023 Par Marion Jort
Paramédicaux
Un décret paru au Journal officiel mercredi 6 décembre détermine les modalités de mise en place de l’expérimentation permettant aux infirmières de signer - sous conditions - des certificats de décès.  

 

“Bonne nouvelle !”, s’enthousiasme la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé sur X (ex-Twitter). “Il était attendu, le décret permettant l’expérimentation permettant aux infirmiers de constater un décès est paru”, annonce-t-elle.  

Un an après que la mesure a été adoptée dans le PLFSS 2023, le décret publié au Journal officiel précise les conditions à remplir : ainsi, la participation est ouverte à toutes les infirmières diplômées depuis au moins trois ans, inscrites au tableau de l’Ordre. Les salariées doivent, elles, obtenir l’accord de leur employeur. Six régions ont été choisies par le ministère de la Santé pour mener à bien cette expérimentation précise un autre texte : l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Centre-Val de Loire, l’Île-de-France, les Hauts-de-France, La Réunion et l’Occitanie.  

Concrètement, chaque Conseil départemental de l’Ordre infirmier devra établir une liste de volontaires, susceptibles d’être contactées en cas de décès à domicile. Chacune devra impérativement suivre une formation de 12 heures, divisée en deux parties. La première portera sur l’épidémiologie et l’examen clinique du processus mortel, la seconde sur un volet “administratif et juridique”. Ces enseignements pourront se faire en présentiel ou en ligne, précise le ministère. Ils donneront lieu à une évaluation des connaissances afin de s’assurer que les infirmières “sont en capacité de constater le décès et de rédiger le certificat de décès”. Enfin, pour celles qui le souhaitent, une formation additionnelle facultative, sous la forme d’une séance de supervision, pourra être réalisée trois mois après la formation.  

 

 

Les infirmières volontaires et inscrites sur les registres départementaux pourront intervenir “en cas d'indisponibilité d'un médecin pour établir le certificat de décès dans un délai raisonnable (...) lorsque cette personne est décédée à son domicile ou dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes”, est-il indiqué. Elles peuvent être sollicitées par les services d'aide médicale urgente et les services de police ou de gendarmerie ou un médecin traitant dans l’impossibilité de se déplacer.  

Avant toute rédaction d’un certificat de décès, si une infirmière découvre le décès d’un de ses patients, elle doit obligatoirement informer le service d'aide médicale urgente ou le médecin traitant “en vue de permettre le déplacement d'un médecin au domicile du patient pour établir le certificat de décès”, dans un premier temps. A défaut, elle pourra produire le certificat.  

Enfin, aucune infirmière n’a l’autorisation de rédiger un certificat de décès lorsque le caractère violent de la mort est manifeste.  

Chaque document doit être papier et transmis à la mairie du lieu du décès.  

2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de Jacques Briand
2,3 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 10 mois
Petite anecdote hors sujet. Lors de mes remplacements en zone rurale (dans les années 80), un couple appela le 15 à 2h du matin, pour faire constater le décès du grand père. Bien que doutant de l'urgence de me déplacer, je me mis en quête de trouver une maison avec les volets bleus (en pleine nuit noire...), située à plus de 20 minutes de trajet, avec pas un chat dehors, la nuit étant glaciale et les routes verglacées. Ne disposant de pratiquement aucun repère dans le noir, l'instinct fut très utile pour arriver à bon port, mais l'accueil à l'arrivée fut glacial : pas une proposition de boisson chaude, pas un "merci d'être venu", juste un laconique "ça fait 45 minutes qu'on vous attend". Constater le décès fut facile, mais le couple n'apprécia pas du tout l'inspection du corps à la recherche d'éventuelles blessures, et encore moins l'interrogatoire médical, pourtant nécessaire pour signer le certificat de décès. À peine le certificat en main le mari appela les pompes funèbres, pour qu'elles viennent le plus vite possible et laissa un message sur le répondeur du notaire, pour être reçu dans la journée. Il n'était pas encore 4h du matin... Pour la première fois de ma vie, je mis un DE sur la feuille de soins.
Photo de profil de Magalie Rigaud
713 points
Débatteur Renommé
il y a 1 an
A tous vous lire, je vois très peu de commentaires qui prennent en compte les besoins des familles en deuil ! Pardonnez-moi si je suis brutale mais vous ne parlez que de vos propres besoins : la rémunération, le monopole médicale, la fragilité de l'IDE formée pendant 12H00, l'éventuelle responsabilité de meurtre... Où est le besoin du patient, du défunt et de son entourage ? Quand vous penchez-vous sur le problème ? Quelle solution avez-vous à proposer face au la pénurie de médecins et à l'augmentation des soins palliatifs à domicile ?,,, Car, là, il n'est pas question de décès brutaux mais bien de soins palliatifs !... Nul ne vous accusera d'avoir sciemment tué le patient en le déclarant mort alors qu'il ne l'était pas !...
Photo de profil de Veronique Fueyo
298 points
Débatteur Renommé
Infirmiers
il y a 1 an
Il était d'abord question de faire la déclaration de décès d'uniquement des patients qu'on suit et dont le décès est prévisible à court terme. Exemple, le mois dernier, l'HAD m'appelle à 19h50 parce que le fils d'un patient en fin de vie venait de téléphoner qu'il pensait que son père était décédé. Donc l'IDE de l'HAD m'a demandé "d'aller vérifier avant de déplacer le médecin du SMUR" ... Par contre, faire la déclaration de décès inattendu d'un patient connu à la place d'un médecin, c'est très (trop) délicat. Mais là, ce serait aussi pour des gens totalement inconnus? Je préfère continuer comme maintenant : je constate, j'examine et j'appelle un médecin en semaine et en horaires de consultations ou le 15
 
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