En conflit avec le maire après leur déconventionnement, deux généralistes quittent leur cabinet

Le maire de Compans (Seine-et-Marne) avait lancé une pétition pour dénoncer le déconventionnement de ses deux généralistes. Depuis le passage en "secteur 3" des médecins, il a augmenté leur loyer. Face à une "ambiance hostile", les praticiennes ont décidé de quitter la commune. 

18/08/2025 Par Louise Claereboudt
Déconventionnement Démographie médicale

Elles ont annoncé la nouvelle dimanche 10 août. Les deux généralistes de la commune de Compans, en Seine-et-Marne, ont pris la décision de partir pour s'installer à Moussy-le-Neuf, à une dizaine de kilomètres. "Étant donné l'ambiance hostile, on ne se voit pas continuer dans ces conditions-là. Mais on va rester à proximité pour continuer de soigner nos patients", a expliqué l'une d'entre elles, la Dre Aurélie Devinante, à nos confrères du Parisien.

Depuis l'annonce de leur déconventionnement, les relations avec la mairie se sont tendues. En désaccord avec leur choix de passer en "secteur 3", le maire, Joël Marion, a lancé une pétition en juin dernier. "En choisissant la date du 14 juillet pour opérer ce virage ultra-libéral, les médecins infligent une correction à la République et à notre commune", écrivait-il.

Le maire communiste, qui espérait "les ramener à la raison", a même déployé des affiches dans les rues de la commune avec pour slogan "Santé en danger à Compans".

"On les a accueillies il y a onze ans et demi en tant que jeunes médecins. Elles ont eu des conditions exceptionnelles d’installation. On a réalisé un centre médical neuf : 100 m2, trois bureaux, une cuisine, une salle d'attente, un ascenseur PMR, un box, deux places de parking privées", rappelle l'édile au Parisien. "Je les ai alertées que si elles restaient sur leur position, j'allais leur appliquer le loyer du secteur libéral."

Le maire a mis sa menace à exécution depuis. Il a réévalué leur loyer de 940 euros par mois à 4 800 euros. Une décision qui a précipité le départ des généralistes, prévu pour la rentrée.

"On a été franchement blessées par la campagne menée à notre encontre. On n'est pas là pour se battre contre les politiques", a confié Aurélie Devinante à nos confrères. Et de rappeler qu'elles sont passées en "secteur 3" pour s'affranchir des "contraintes qui nous sont imposées par la Sécurité sociale", qu'elles jugent "incompatibles avec une médecine humaine et éthique".

[avec Le Parisien]

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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 4 mois
En réponse à Claire Dox (je n'ai pas la main pour lui répondre directement) Je vous remercie de penser à moi si j'ai pu par mes remarques éveiller votre confiance ;) ... J'ai peur que ce soit ironique et je serai bien en peine de le faire! À mon âge et dans ma spécialité, j'aurais du mal à satisfaire une clientèle. Si je continue à exercer la médecine (à mon seul usage) c'est parce que bien de mes confrères (et certains de mes amis) ont douché mon espoir de les prendre comme médecin traitant, tout en m'assurant qu'ils m'ouvriraient leur porte en cas de problème. La Seine et Marne est un département de très grande surface et globalement très sous doté en médecins et équipements en santé et cela se ressent sur l'état sanitaire de sa population et son espérance de vie (du moins c'était le cas il y a une bonne dizaine d'années quand j'étais "actif" dans un département voisin et participais à l'élaboration du Sross de la région Île de France). Je doute que cela se soit amélioré avec les politiques de santé, sauf ponctuellement au gré de quelques politiques influents.
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68 points
Médecine générale
il y a 4 mois
Là où on voit la totale incompétence -voire la bêtise ? - des personnes ayant proposé cette solution ridicule, c'est quand ils évoquent la problématique de l'accès au pédiatre...alors qu'il n'y a aucune obligation de voir un généraliste avant ! Et la quasi totalité des spécialistes en exercice actuellement confirment vouloir continuer un accès contrôlé par le médecin traitant qui non seulement evite l'engorgement des spécialistes par des consultations non nécessaires mais permet bien sûr un recours rapide en cas d'urgence justifiée...ce genre de propos ça s'appelle le syndrome de Dunning Kruger : moins on est compétent, plus on est péremptoire...
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17,4 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 4 mois
Encore un maire totalement à côté de la plaque, et qui désormais se retrouve bien démuni, à l'image de beaucoup de français qui se comportent comme des enfants capricieux. Ca me fait penser à cette dame qui m'a appelé hier, m'expliquant être à la recherche d'un nouveau médecin après s'être engueulé avec son médecin traitant, je lui ai souhaité bon courage dans sa quête. Quand on croit encore au communisme passé 25 ans, c'est de toute façon qu'on n'a pas compris grand chose à la vie des hommes.
 
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