Désengagement des mutuelles, dispositif "inadapté"... Les psychologues libéraux fustigent "Mon soutien psy"
Dans une lettre ouverte, la Convergence des psychologues en lutte appelle la Cnam à "reconnaître l'inefficacité et la non-pertinence" de "Mon soutien psy", "mis en place de façon hâtive et forcée". L'association alerte, en outre, sur le désengagement financier des ARS envers "des dispositifs qui fonctionnent de façon remarquable depuis des décennies".
Lancé en 2022, le dispositif Mon soutien psy est "inadapté", "rate sa cible", et "ne répond pas aux besoins des citoyens", juge sévèrement la Convergence des psychologues en lutte (CPL), dans une lettre ouverte adressée au directeur général de la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam), Thomas Fatôme, et à la directrice déléguée, Marguerite Cazeneuve. L'association assure regrouper 21 collectifs rassemblant "plus de 20 000 psychologues", "soit un quart de la profession".
"Seules 4,8 consultations [sur les 12 séances qui sont remboursées, NDLR] sont 'consommées' en moyenne ; 75% des personnes qui consultent sortent du dispositif avant la 8e séance ; 36% des patients sont hors indication (le dispositif ne faisant que pallier les manques d'offre conventionnelle) ; seuls 10% des personnes qui utilisent le dispositif sont en situation de précarité", souligne la CPL, qui dit s'appuyer sur des données issues de l'Assurance maladie.
Pourtant, d'autres "dispositifs qui fonctionnent de façon remarquable depuis des décennies […] voient leur activité s'interrompre brutalement car les ARS stoppent tout financement, sous le prétexte que 'Mon soutien psy' a été mis en œuvre", déplore la Convergence des psychologues en lutte. "On assiste ainsi à des ruptures de soin dramatiques, à des abandons de centaines voire de milliers de patients […] qui, du jour au lendemain, se retrouvent sans soin psychologique", alerte-t-elle.
Ces patients "bénéficiaient d'un travail de soin et de prévention de la part de psychologues compétents, formés, qui travaillaient en équipe, la plupart du temps pluridisciplinaire", notamment dans les champs de la "périnatalité, de la cancérologie" ou encore "du handicap", rappelle l'association. Interrogé par l'AFP, son président, Albert Ciccone, cite l'exemple de l'association "Naître et bien-être", à Saint-Etienne (Loire), un réseau ville-hôpital d'aide à la parentalité actif depuis 20 ans qui reçoit "700 bébés par an", mais va devoir cesser ses activités fin décembre.
"Mon soutien psy ne pourra jamais remplacer ces dispositifs ni ces institutions, avec leurs qualités et leur efficience : les psychologues concernés n'ont en général pas d'expérience spécifique dans les champs dont il est question, et aucune formation continue n'est prévue, ni aucun travail d'équipe pourtant indispensable, ou de supervision collective par leurs pairs permettant d'ajuster les pratiques, tels qu'ils existent dans ces dispositifs qui disparaissent", abonde l'association, qui juge ce "démantèlement" "incompréhensible".
"Une très grande majorité de la profession boycotte" le dispositif
La Convergence des psychologues en lutte déplore également que "les mutuelles se désengagent des prises en charge qu'elles offraient déjà" chez des psychologues libéraux, et "qui étaient bien plus avantageuses et qui concernaient tous leurs adhérents sans discrimination". Pour l'association, le budget consacré à "Mon soutien psy" (170 millions en 2024) permettrait de créer des "milliers de postes de psychologues", entre "2500 et 4000", dans le secteur public, submergé de demandes. "Un tel budget permettrait de créer des postes de psychologues aussi à l'école où l'on trouve 1 psychologue pour 1600 élèves alors qu'il en faudrait le double", insiste la fédération de collectifs.
Celle-ci demande à Thomas Fatôme et Marguerite Cazeneuve de "renoncer à la mise en place tout aussi hâtive d'une 'seconde brique', pour les troubles supposés 'graves', dont la conception prescriptive d'outils est encore plus irrespectueuse de la pratique et de la déontologie des psychologues". Elle "sera rejetée avec la même détermination par une très grande majorité des psychologues", prévient l'association, qui rappelle, plus haut dans la lettre, "qu'une très grande majorité de la profession boycotte" le dispositif "Mon soutien psy".
D'après des données communiquées en septembre par l'Assurance maladie, 6 700 psychologues ont signé une convention avec leur caisse d'Assurance maladie (CPAM). Depuis son lancement, plus de 845 000 patients ont bénéficié de "Mon soutien psy". Pour un total de 4,7 millions de séances réalisées.
La sélection de la rédaction
Etes-vous prêt à stocker des vaccins au cabinet?
Fabien BRAY
Non
Je tiens à rappeler aux collègues que logiquement tout produit de santé destiné au public stocké dans un frigo, implique une traça... Lire plus