Le style de vie seul n’explique pas toute l’inégalité socio-économique en santé

03/05/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme Médecine interne
Les inégalités du statut socio-économique et des styles de vie « malsains » sont associés à un risque supérieur de mortalité et de morbidité cardiovasculaires. Des études ont montré que des facteurs individuels de style de vie pourraient médier les associations entre les facteurs socio-économiques et la santé. Toutefois, les résultats de ces études ne sont pas homogènes et savoir si le style de vie est le seul facteur qui médie l’association avec l’inégalité socio-économique en termes de santé reste un problème important. Afin d’avancer sur ce sujet, une étude de cohorte de population a été menée à partir des données de la National Health Nutrition Examination Survey (NHANES) américaine entre 1988-1994, d’une part, et 1999-2014, d’autre part, et la cohorte UK Biobank.  

L’étude a porté sur 44 462 adultes américains âgés de plus de 20 ans et 399 537 britanniques âgés de 37 à 73 ans. Le score de style de vie était basé sur des informations concernant le tabagisme, la consommation d’alcool, l’activité physique et la qualité diététique. Le score de statut socio-économique reposait sur les revenus familiaux, le statut de travailleur ou au contraire de chômeur, le niveau éducatif et l’assurance de santé (aux Etats-Unis). L’étude s’est basée sur 8 906 décès survenus durant un suivi de 11.2 années et le UK Biobank sur 22 309 décès et 6 903 accidents cardiovasculaires sur un suivi moyen de 8.8 à 11 ans.  

Parmi les adultes dont le score en termes de désavantages socio-économiques était bas (autrement dit qui n’étaient pas trop désavantagés sur le plan socio-économique), le risque de décès ajusté à l’âge était de 22.5 pour 1000 personnes/année dans la cohorte américaine et de 7.4 pour 1000 personnes/année dans la cohorte britannique. Et le risque cardiovasculaire ajusté à l’âge était de 2.5 pour 1000 personnes/année dans la cohorte britannique. Les risques correspondants chez les adultes de score de désavantage socio-économique élevé (autrement dit qui étaient désavantagés sur le plan socio-économique) étaient de 11.4 pour la cohorte américaine et de 1.4 pour la cohorte britannique. En comparaison des adultes ayant un niveau socio-économique plus élevé, ceux qui avaient un niveau socio-économique bas avaient un risque supérieur de mortalité globale (hazard ratio = 2.13 ; IC 95 % = 1.9 à 2.38 dans la cohorte américaine et 1.96 ; 1.87 à 2.06 dans la cohorte britannique), de mortalité cardiovasculaire (2.25 ; 2 à 2.53) et de survenue de maladies cardiovasculaires (1.65 ; 1.52 à 1.79) dans la cohorte britannique. Les proportions médiées par le style de vie étaient de 12.3 % pour la mortalité globale aux Etats-Unis, de 4 % pour la mortalité globale au Royaume-Uni, de 3 % pour la mortalité cardiovasculaire, de 3.7 % pour la survenue d’événements cardiovasculaires. Il n’y avait pas d’interaction significative entre le style de vie et le niveau de désavantage socio-économique dans la cohorte américaine alors que ces associations étaient plus fortes chez ceux qui avaient un niveau socio-économique plus bas dans la cohorte britannique.  

En comparaison des adultes ayant un niveau socio-économique plus élevé et 3 ou 4 facteurs de style de vie sains, ceux dont le niveau socio-économique était bas et qui n’avaient aucun ou seulement un facteur de style de vie sain avaient un risque supérieur de mortalité globale (3.53 ; 3.01 à 4.14 dans la cohorte américaine ; 2.65 ; 2.39 à 2.94 dans la cohorte britannique), avaient un risque supérieur de mortalité cardiovasculaire (2.65 ; 2.09 à 3.38) et de survenue de maladies cardiovasculaires (2.09 ; 1.78 à 2.46) dans la cohorte britannique.  

En conclusion, un style de vie malsain (mauvais pour la santé) médie seulement une petite proportion de l’effet de l’inégalité socio-économique en termes de santé aussi bien aux Etats-Unis qu’au Royaume-Uni. La promotion d’un style de vie sain seul ne permettra donc pas de réduire de manière substantielle l’inégalité socio-économique en santé et d’autres mesures visant les déterminants sociaux de la santé doivent être pris en compte. Quoi qu’il en soit, un style de vie sain est toujours associé à une mortalité et un risque cardiovasculaire inférieurs dans les différents sous-groupes socio-économiques.

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Claire FAUCHERY

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