"Je promets de ne pas trop vous solliciter" : une patiente écrit une lettre de motivation pour trouver un médecin traitant

13/10/2023 Par Mathilde Gendron
Alors qu’elle vient de quitter la région parisienne pour s’installer à Toulouse, une patiente de 74 ans ne parvient pas à trouver un médecin généraliste qui puisse l'intégrer à sa patientèle. Désespérée, elle envoie un courrier, qui a tout l’air d’une lettre de motivation, au Dr Baptiste Beaulieu. Le généraliste en a fait l'objet d'une chronique sur France Inter.

 

C'est une drôle de lettre que le Dr Baptiste Beaulieu, médecin généraliste à Toulouse (Haute-Garonne), a reçue. L'auteure, une femme âgée de 74 ans, explique avoir "quitté la région parisienne pour s’installer à Toulouse". A la recherche d’un nouveau médecin traitant, elle comprend que la tâche s’avère plus difficile que prévue. "Je pensais naïvement trouver un médecin traitant plus facilement ici qu’à Paris, mais il faut croire que le problème des déserts médicaux touche bien toute la France, petites villes comme grandes villes, milieu urbain et campagnes", écrit-elle. 

La septuagénaire tente par écrit de mettre toutes les chances de son côté, espérant que le Dr Beaulieu voudra bien l'intégrer à sa patientèle. Elle se présente, dans sa lettre, comme une femme "à l’aise financièrement", "plutôt sympathique et de bonne composition", qui ne fume pas et ne boit pas. "J’ai conscience de vos plannings déjà surchargés et je promets de ne pas vous solliciter trop souvent [...] j’espère que je vous aurais convaincu de faire une exception pour moi", termine-t-elle. 

Dans le cadre de sa chronique sur France Inter, le Dr Beaulieu s’offusque : "On en est là ? C’est donc comme cela que va devenir le système de santé. On soigne en priorité ceux qui peuvent payer, et ceux qui montrent patte blanche ? Qui ne fument pas ? Qui ne boivent pas ? Qui savent écrire une lettre de motivation à la main où ils vantent leur mérite de bons patients qui se tiennent sages ?", s’emporte-t-il, comprenant que la "nouvelle société" voudrait finalement "des patients qui ne sont pas malades".

Lui, n’est absolument pas de cet avis : le rôle du médecin, "c’est de soigner tout le monde", rappelle-t-il à l'antenne. "Il faut absolument que cela reste comme cela. C’est une question d’humanisme basique", alerte le généraliste. 

[avec France Inter

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5 débatteurs en ligne5 en ligne
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Moi, la lettre m'a plutôt fait sourire. Loin de l'indignation vertueuse du Dr Beaulieu. Libre à lui de choisir les patients qu'il désire. Et s'il ne se sent pas des atomes crochus avec cette personne, Il vaut mieux, en effet, pour tout le monde, patient comme médecin, qu'il ne la prenne pas comme patiente. (Ok, je sais que le vrai sujet de l'article n'était pas ça, mais de pointer à quel point les médecins sont les éternels obligés de la société.)
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Depuis quand le médecin choisit-il ses patients ? Depuis l'instauration du médecin traitant et la "prime" versée par la Caisse ! Mais c'est contraire au serment (même remanié) que nous avons prêté pour exercer notre métier ! De toutes façons, c'est le patient qui choisit son médecin et avec l'expérience, la patientèle finit par ressembler à son médecin et à le garder ou à s'enfuir d'elle-même en emportant son dossier qu'on lui donne avec plaisir ! La patiente en question n'a eu qu'un seul tort, celui de préciser son assise financière qui ne peut être un critère de "choix" puisque toute personne en notre beau pays a une couverture sociale : on ne peut sur cette raison alléguée que lui conseiller un médecin déconventionné !
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12 points
Médecine générale
il y a 2 ans
Le choix du médecin traitant est un contrat mais un contrat vicié dès le départ car il suffit de cocher 2 cases sur amelipro avec la carte vitale du patient pour qu’il soit conclu. Alors que le patient peut rompre ce contrat de façon unilatérale avec un autre praticien qui lui conviendrait mieux, le médecin traitant déclaré qui ne serait pas ou plus en accord avec son patient pour mille et une raisons déjà décrites a l’obligation de trouver son confrère ou sa consœur qui prendra le relais. Personnellement j’accepte tout patient qui me sollicite car nous n’avons aucune obligation d’être médecin traitant dès la 1ere sollicitation ou consultation. C’est en général après 9 à 12 mois de suivi régulier que je valide ou pas le contrat. Cela permet une découverte progressive de l’un comme de l’autre.
 
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