"Sauvez-nous" : 13 médecins écrivent une lettre à l'ARS pour passer en zone d'intervention prioritaire

19/06/2023 Par M.G.
Les praticiens lancent un appel à l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Parmi eux, quatre vont partir à la retraite. Pour l’heure, aucun repreneur n’a été trouvé. 
 

“Nous sommes treize médecins pour les 17 000 habitants que compte le pays foyen [Gironde, ndlr]. En début d'année prochaine, nous ne serons plus que neuf, et moins de cinq médecins généralistes dans trois ans. Et on ne voit personne venir s'installer dans notre secteur. (...) Sauvez-nous, la situation est catastrophique !" Ces quelques phrases écrites sur une lettre sont un appel à l’aide envoyés par 13 médecins généralistes à l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine. Quatre médecins partent cette année et aucun repreneur n’a été trouvé.  

Le Dr Henri Garra fait partie des auteurs de ce texte. “Cette lettre est une lettre de désespoir. On est dans une situation à flux tendu. Nous avons entre 1 800 et 2 000 patients déjà chacun. Nous travaillons jusqu'à 12 heures par jour et nous faisons les gardes les week-end. C'est absolument impossible de faire plus. Donc, nous ne pouvons pas absorber les patients de ces collègues dans la mesure où nous avons déjà des clientèles très importantes”, explique le médecin qui exerce à Pineuilh (Gironde). 

Parmi les signataires, Patrick Walquier, généraliste à Le Fleix (Dordogne). Il partira en retraite en septembre prochain, sans avoir trouvé de repreneur. “Il y a beaucoup d'activités ici, pas question de faire 35 heures. Là, je fais douze jours non-stop, car je suis de garde le week-end prochain. On fait les gardes aussi le soir. Et ça, c'est quelque chose qui bloque", confie-il. Si ce rythme n’incite pas les médecins à reprendre son cabinet, Patrick Walquier avance une autre problématique. “Il n'y a pas non plus d'incitation à venir dans la région avec des emplois pour le conjoint du médecin. Et aussi la possibilité d'activités pour les enfants de ces couples qui viendraient s'installer ici", poursuit-il. Conclusion : "On met en danger la population. Par exemple, le week-end prochain, je commence ma garde le samedi midi et je la termine le dimanche soir à minuit. Je serai seul pour toute la population du secteur avec un hôpital à côté dont les urgences seront fermées par manque de médecins, le Smur qui sera aussi fermé par manque de médecins", regrette-t-il, en “croisant les doigts” pour qu’il n’y ait pas de pathologies graves ce week-end.  

Du côté de ses confrères, aucun repreneur non plus. "Dans le cabinet voisin, le médecin généraliste enseigne à la fac de médecine de Bordeaux et accueille régulièrement des étudiants, mais malgré cela, il n'arrive pas à les attirer et à les faire rester ici", ajoute-t-il. 

Passer en zone d’intervention prioritaire (ZIP) permettrait peut-être de résoudre cette problématique. En effet, les futurs médecins pourraient recevoir des aides pour les inciter à s’installer dans la région. 

Contactée par France 3, l’ARS a indiqué que “le secteur de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) est classé en zone d'accompagnement complémentaire et bénéficie déjà d'aides. Le zonage se fait tous les trois ans. Le dernier date de 2022 et il est réalisé à partir de plusieurs critères dont la moyenne d'âge des médecins, celui des habitants et leur nombre. Lors de la dernière évaluation, le Pays foyen ne remplissait pas tous les critères pour passer en zone prioritaire."

L’ARS ajoute : "Nous incitons les médecins à se regrouper en maison de santé dans les secteurs sensibles. Les aides ne font pas tout. Les jeunes médecins ne veulent plus travailler isolés et préfèrent être salariés d'une structure pour échapper à la gestion d'un cabinet. L'attractivité de la région est aussi un facteur déterminant. Les collectivités ont aussi un rôle à jouer". 

Aujourd’hui, les vingt communes formant le pays foyens (Gironde) comptent près de 2 000 patients sans médecin traitant. 

[Avec France3-régions

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