Toux chronique réfractaire idiopathique : efficacité de la rééducation fonctionnelle
Lorsque la prise en charge des causes tussigènes ne permet pas de soulager suffisamment les patients, la question de l’hypersensibilité laryngée se pose. Dès lors, une approche orthophonique peut être envisagée.
La toux chronique, définie par une durée supérieure ou égale à 8 semaines, est une atteinte très fréquente : selon une méta-analyse, sa prévalence serait d’environ 10 % à l’échelle internationale. La principale difficulté clinique réside dans l’identification de son ou ses étiologies. En l’absence de cause retrouvée durant une exploration clinique pneumologique et ORL (avec EFR, nasofibroscopie, radiographie), et en l’absence d’amélioration malgré la prise en charge optimale des causes potentielles, on parle de toux chronique réfractaire ou inexpliquée (Tocri).
Cette entité est fréquemment associée à une toux chronique par excès de sensibilité, qui se caractérise par une hyperexcitabilité laryngée favorisant le déclenchement de la toux suite à des stimuli habituellement non tussigènes (allotussie : rire, parole, changement de température…) ou une irritation des voies aériennes supérieures. Ces situations sont à l’origine d’une demande fréquente en consultation, du fait de leurs conséquences sociales, psychologiques (dépression), physiques (fatigue, fractures costales, fuites urinaires…) et sur la qualité de vie.
Apprendre à contrôler sa toux
Après échec des traitements pharmacologiques, une intervention non médicamenteuse peut être envisagée : outre la kinésithérapie, la prise en charge orthophonique fonctionnelle peut améliorer ou réduire la survenue des Tocri, même anciennes. Elle se déroule sur 4 à 5 séances : "Un journal de la toux permet d’identifier les causes, et permet parfois au patient de prendre conscience des facteurs déclenchants, utiles pour l’éducation thérapeutique, explique Caroline Coudière-Trouilhet, orthophoniste à Muret. Il faut leur expliquer le mécanisme normal de toux et que le leur, en hypervigilance, conduit à renforcer les fibres laryngées et à entretenir la baisse du seuil de toux."
Le patient respire-t-il bien par le nez ? S’hydrate-t-il suffisamment ? Les spécificités du patient aident à personnaliser le programme de rééducation. "Nous leur apprenons les stratégies de contrôle de la toux et de réduction de l’irritation laryngée. Concrètement, dès l'apparition des signes avant-coureurs (picotement ou brûlure), il s’agit d’effectuer de petits reniflements suivis d'une expiration lente pour apaiser l'irritation et maintenir le larynx ouvert. Des techniques de manipulation peuvent aussi aider à relâcher les tensions musculaires favorisant la toux, au niveau cervical, de la mâchoire, ou du larynx."
L'efficacité de la prise en charge orthophonique est démontrée : plusieurs essais randomisés contrôlés et une méta-analyse récente[1] ont confirmé l’efficacité de la prise en charge orthophonique, seule ou en association avec la kinésithérapie. "La prise en charge d'une Tocri doit donc être multidisciplinaire. Ensuite, un suivi régulier est justifié, car les patients peuvent voir ressurgir leur toux chronique, lorsqu’ils ne maintiennent pas durablement les adaptations et techniques que nous leur avons apprises", conclut Caroline Coudière-Trouilhet.
[1] Yi B, et al. Ther Adv Respir Dis. 2024;18:17534666241305952.
Références :
D’après les interventions de la Pr Sabine Crestani (Toulouse) et de Caroline Coudière-Trouilhet (Muret) au cours de la session « Coopération ORL/orthophonie : le couple choc pour la prise en charge du tousseur chronique », lors du 131ème congrès de la Société Française d’ORL et de chirurgie de la face et du cou (Lille, 1er au 4 octobre).
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