cancer du sein

Esmo 2025 : cancers du sein, de la vessie, sarcome…vers des traitements toujours plus ciblés

La prise en charge des cancers bénéficie d’innovations prometteuses, comme l’utilisation en phase précoce d’anticorps drogue-conjugués contre les récidives, et de l’ADN tumoral circulant pour guider les traitements. Tour d’horizon du congrès de l’European Society for Medical Oncology (Esmo), qui s’est déroulé du 17 au 21 octobre à Berlin.

07/11/2025 Par Muriel Pulicani
Cancérologie
cancer du sein

"Les anticorps drogues-conjugués (ADC) changent les pratiques, avec une utilisation cette fois-ci en phase très précoce, en néo-adjuvant ou adjuvant de l’immunothérapie. Ils remplacent progressivement la chimiothérapie cytotoxique classique dans de multiples pathologies en phase avancée", a rapporté le Pr Jean-Yves Blay, directeur du centre Léon Bérard de Lyon et président d’Unicancer, lors d’une conférence de presse organisée par l’instance en clôture du congrès de l’European Society for Medical Oncology (Esmo), qui s’est tenu du 17 au 21 octobre à Berlin.

Les avancées sont notables dans certains cancers du sein, dont la forme HER2+, qui représente 15 à 20 % des cas. Déjà approuvé en deuxième ligne dans les tumeurs non résécables ou métastatiques, l’ADC trastuzumab déruxtécan (Daiichi Sankyo et AstraZeneca), initié à un stade précoce après chimiothérapie néoadjuvante, a amélioré de 53 % la survie sans maladie invasive et sans maladie par rapport au trastuzumab emtansine, dans l’essai Destiny-Breast05 mené sur 1 635 patientes à haut risque de récidive. Utilisé plus précocement, en amont de la chirurgie, il a permis une augmentation significative du taux de réponse pathologique complète lors de la chirurgie : 67,3 % chez les patientes à haut risque ayant reçu le trastuzumab déruxtécan puis paclitaxel + trastuzumab + pertuzumab, contre 56,3 % chez les patientes ayant reçu le traitement standard, selon l’essai Destiny-Breast11 conduit sur 927 femmes.

Les cancers de la vessie sont également concernés : l’ADC Padcev combiné au pembrolizumab en néo-adjuvant et en adjuvant a permis de diminuer de 60 % le risque de récidive par rapport à la chirurgie seule dans la forme localisée avec tumeurs infiltrant le muscle.

"On observe le développement de nouvelles classes d’ADC avec de nouvelles cibles tumorales", a noté le Pr Blay. Par exemple, en ciblant la cadhérine-6, nous avons des signaux d’activité importants sur des tumeurs épithéliales diverses, comme dans le cancer de l’ovaire."

Progrès inédits dans les sarcomes

Les ADC sont étudiés pour la prise en charge des sarcomes, qui représentent "moins de 1 % des cancers", mais "20 %" lorsqu’ils s’ajoutent aux formes rares des cancers courants, a souligné la Dre Armelle Dufresne, oncologue médicale au centre Léon Bérard. "On espère bénéficier des retombées des cancers plus fréquents", a-t-elle plaidé, saluant "la dynamique impressionnante de la recherche", notamment dans l’immunothérapie. "Le sarcome étant une tumeur froide, on essaie de réchauffer le micro-environnement tumoral avec des thérapies ciblées, de la chimio-radiothérapie pour attirer les cellules immunitaires", a expliqué l’oncologue. "Des essais combinent des immunothérapies entre elles (anti-PD1, anti-LAG-3, PD-L1/CTLA4), immunothérapie et radiothérapie à phase très avancée dans les sarcomes localisés, immunothérapie et thérapie ciblée (anti-VEGF, inhibiteurs de MEK, inhibiteurs de HDAC). Les résultats sont intéressants et à confirmer dans le temps."

Un biomarqueur pour guider le traitement

Ce développement de la médecine personnalisée et de précision s’illustre aussi par l’utilisation de l’ADN tumoral circulant pour orienter la décision thérapeutique. Dans l’essai IMvigor011 dans le cancer de la vessie, il a permis de repérer les patients à haut risque afin de renforcer l’immunothérapie. Tandis que l’absence d’ADN tumoral circulant chez certains patients atteints de cancer du côlon a permis d’éviter une chimiothérapie inutile, dans l’essai AGITG Dynamic-III. "Cette technologie doit encore être affinée pour savoir à qui appliquer quel test. Pour prouver sa performance, c’est-à-dire sa spécificité et sa sensibilité, il faudra disposer de panels étendus et la France n’est pas assez avancée en la matière", a relevé la Pre Muriel Dahan, directrice recherche et développement d’Unicancer. "La question de la standardisation des outils est importante. Ce n’est pas un élément de suivi obligatoire mais on s’en approche nettement pour plusieurs pathologies", a ajouté le Pr Blay. "C’est un biomarqueur qui me paraît destiné à un grand avenir dans de nombreuses tumeurs", a-t-il anticipé.

Références :

D’après les présentations des Prs Jean-Yves Blay (centre Léon Bérard de Lyon, Unicancer) et Muriel Dahan (Unicancer) et de la Dre Armelle Dufresne (centre Léon Bérard), lors d’une conférence de presse organisée par Unicancer le 21 octobre, pour le congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO), du 17 au 21 octobre à Berlin.

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Claire FAUCHERY

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