Cancer pulmonaire, vésical, du col utérin... Des résultats prometteurs au congrès de l'Esmo 2023

24/11/2023 Par Brigitte Blond
Cancérologie Esmo 2023
Cette édition 2023 a été marquée par l’essor de l’immunothérapie et des thérapies ciblées en 1ère ligne, en particulier dans le cancer pulmonaire, ou encore celui de la vessie
 

34 000 oncologues pour la moitié européens, des communications qui ont fait l’objet d’au moins 8 publications dans le NEJM en temps réel... l’édition 2023 de l’ESMO, qui couvrait des sujets particulièrement divers (de la prévention aux nouvelles stratégies de traitements) a été extrêmement riche. La production scientifique, qui regroupait au total 250 communications orales et “mini-orales“ rythmées par les 3 sessions présidentielles qui regroupaient chacune 5 abstracts “transformants“, a couvert tous les organes et en particulier ces zones phares : poumon, sein, sphère gynécologique, urogénitale, tête et cou.   

Poumon : gain de survie important

Le poumon a probablement fait l’objet des communications parmi les plus prometteuses avec la confirmation de l’immunothérapie dès la première ligne dans les situations localisées, gains en survie sans progression (SSP) et en survie globale (SG) à l’appui. « L’un des fils rouges de cet Esmo est effectivement l’immunothérapie, passée de la fin de ligne à la 1ère ligne en situation adjuvante ou néoadjuvante : les résultats y sont d’ailleurs encore meilleurs », relève le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer. Tendance lourde aussi des thérapies ciblées en 1ère ligne ou précocement pour le cancer du poumon, en réalité « partagé » en de multiples cancers différents, et notamment pour les cancers ALK mutés : la thérapie ciblée remplace en traitement adjuvant la chimiothérapie (pourtant le standard des cancers du poumon à risque de rechute, mais en l’occurrence ici battue à plate couture), avec un gain de SSP en absolu de 35 %. Le gain en SG devrait être massif et la guérison même possible pour un sous-groupe (porteur d’une anomalie de la protéine RET) de ces cancers mutés ALK (600 patients en tout, sous-groupe de sous-groupe, à identifier donc). S’agissant des cancers du poumon toujours, les meilleures indications pour un anticorps conjugué (antibody drug conjugate ou ADC) doivent être caractérisées, l’étude Tropion-Lung01 ayant mis en évidence un bénéfice sur la SSP pour les sous-types d’adénocarcinomes d’histologie “non squameuse“ et ce, avec un profil de sécurité acceptable. Sur les cancers à petites cellules, orphelins de la recherche et de traitements spécifiques, un nouvel activateur des cellules T, qui fait le pont entre cellules immunes et cellules cancéreuses, est en phase 2 avec des taux de réponse (de SSP) encourageants. « A suivre encore, un essai pantumeur Destiny avec un ADC qui reconnaît certes la tumeur (sein ou poumon), mais aussi les cancers qui surexpriment le même antigène : un modèle d’essais, “basket“, qui annonce les thérapies anticancéreuses de l’avenir, des traitements que l’on dit “agnostiques"», observe la Dre Muriel Dahan, directrice de la Recherche et du Développement d’Unicancer.
   

Vessie et col utérin : vers un changement des pratiques

Autre cancer qui bénéficie manifestement des nouveaux traitements, et des ADC en particulier (autre fil rouge de l’Esmo 2023), celui de la vessie métastatique en 1ère ligne. L’étude Keynote-A39 fait la démonstration de l’efficacité d’une combinaison d’ADC et de pembrolizumab versus la chimiothérapie de référence : la médiane de SSP est doublée, ce qui aura sûrement un retentissement sur les pratiques, et sur ce que deviendra la 2è ligne… « On change ainsi deux fois de standard ! », résume la Dre Dahan.
 
Le traitement du cancer du col de l’utérus localement avancé (une maladie trop fortement prévalente en raison du retard français à la vaccination) devrait faire l’objet lui aussi de modifications de pratiques grâce à 3 études à impact majeur présentées lors de ce même Esmo qui portaient sur les différentes lignes :elles ont ainsi montré l’intérêt respectivement d’une chimiothérapie d’induction pré radio-chimio, d’une immunothérapie (pembrolizumab+radioCT avec un gain de SSP de 30 %) et, en 2è ligne, d’un ADC.

Pour le cancer du sein, l’essai de phase 3 Tropion-Breast 01, présenté en session présidentielle, objective l’efficacité et la sécurité d’un ADC (le datopotamab deruxtecan ou Dato-DXd) sur des cancers métastatiques RH+/HER-. Il s’agit maintenant de décider du placement de cette nouvelle option thérapeutique qui permet une amélioration de la SSP de 33 %. Enfin, la recherche conduite au sein d’Unicancer présentée lors de cette édition de l’Esmo, en deux sessions miniorales et 7 posters, concerne en particulier les cancers du canal anal, colorectal, du col utérin, de la vulve et du vagin, de la tête et du cou.

8 débatteurs en ligne8 en ligne
Photo de profil de Alain Joseph
1,5 k points
Débatteur Renommé
Médecine générale
il y a 1 an
En matière de cancer, l'immunothérapie est sans aucun doute un espoir certain pour les patients et ceux-ci vont s'en réjouir faute de mieux pour l'instant. Nous savons que l'industrie pharmaceutique désire que le cancer devienne une maladie chronique comme le sida. C'est pour cela que j'écris "faute de mieux". En effet un médicament qui guérit ou une association de médicaments qui guérit - comme la trithérapie antituberculeuse - ne présente de nos jours aucun intérêt. La chronicité est bien plus rentable que la guérison. D'ailleurs il y a peu, un patron d'un laboratoire s'en vanté dans "Les Échos". Certains médecins curieux savent par exemple que la Prostatine molécule extraite de l'écorce de l'Homolantus nutans ou mamala (arbre des îles Samoas) associée à la trithérapie guérissait les malades atteints du sida. Cette molécule que l'on pouvait extraire à bas coûts du Jatropha curcans (plante fourragère utilisée pour la fabrique du biodiésel) n'a jamais été mise sur la marché bien entendu. Une maladie guérissable ne rapporte rien. Enfin cet article assure les bienfaits du vaccin HPV alors que nous savons que c'est le frottis qui a fait régresser le cancer du col en France et que dans tous les pays qui ont adopté la vaccination à grande échelle, le cancer du col est en augmentation. Pour mes sources, à vous de les trouver. En cherchant vous ferez montre de curiosité - denrée rare chez les jeunes médecins. Mais vous pouvez toujours faire vacciner vos filles ! Vous êtes grands et... vaccinés
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6