Réchauffement climatique et obésité sont liés
La relation entre surpoids et réchauffement climatique est bidirectionnelle. Si la hausse des températures et la pollution favorisent l’obésité, à l’inverse, l’augmentation du poids est aussi un facteur qui contribue à l’accroissement des gaz à effets de serre.
Les 67ème Journées d’Endocrinologie Clinique Henri-Pierre Klotz, qui se sont tenues les jeudi 12 et vendredi 13 juin à Paris, avaient pour thème cette année « Hormones et Environnement ». L’occasion de revenir sur l’importance de prendre en charge la santé de façon globale dans le concept de One Health.
Parmi les sujets abordés figure l’obésité, dont la prise en charge est en pleine révolution. Alors que les vagues de chaleur se succèdent, il a été question des liens entre réchauffement climatique et augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité.
Ainsi, des estimations récentes (2) montrent qu’une augmentation de 1° C de la température moyenne annuelle entraînerait une augmentation de 12,3 % de la prévalence d’adultes obèses dans le monde, soit près de 80 millions d’individus.
« Lorsque l’on regarde les courbes illustrant d’une part, la hausse des températures, d’autre part, l’augmentation de la prévalence de l’obésité depuis les années 1970, on constate une croissance parallèle, ce qui peut suggérer un lien étroit entre les deux phénomènes », confirme le Pr André Scheen, professeur honoraire à l’Université de Liège, spécialisé en diabète, nutrition, maladies métaboliques et pharmacologie clinique, co-auteur d’un article sur ce sujet récemment publié dans les Annales d’Endocrinologie (1).
Plusieurs facteurs explicatifs
Alors comment expliquer cette relation entre augmentation des températures et développement de l’obésité ? Pour André Scheen, il existe plusieurs facteurs. Tout d’abord, « des températures ambiantes élevées entraînent une baisse de la thermogenèse », c’est-à-dire la capacité de notre corps à produire de la chaleur et de réguler la température corporelle.
Interviennent ensuite les perturbateurs endocriniens : « L’accroissement de la pollution atmosphérique associée au changement climatique peut aggraver les perturbations endocriniennes, affectant le fonctionnement du tissu adipeux ». Enfin, la hausse des températures freine l’activité physique. « Il existe une résistance de l’organisme à pratiquer de l’activité physique dans une ambiance chaude », ajoute le spécialiste.
Une relation à double sens
Mais inversement, l’augmentation du surpoids et de l’obésité contribue au renforcement du réchauffement climatique. Cela est dû à des modifications de l’alimentation et des comportements chez les sujets en surpoids, qui accroissent les gaz à effet de serre (GES).
En effet, la consommation alimentaire est accrue, avec une augmentation des aliments ultra-transformés, qui sont de forts consommateurs d’énergie. Ainsi, dans une étude épidémiologique (3), les auteurs ont estimé que si une population comptait 40 % d'individus obèses, elle aurait besoin de 19% d’énergie alimentaire en plus pour sa dépense énergétique totale, par rapport à une population ayant une distribution normale en fonction de l’IMC.
En outre, les sujets en surpoids ou obèses ont aussi une plus grande dépendance aux transports motorisés (automobile, transports publics…), dont l’utilisation et encore plus consommatrices de carburants du fait de l’augmentation du poids transporté. Et au final, l’impact est important. Ainsi, selon une étude de 2011(3), l’obésité est associée à une augmentation d’environ 20 % des émissions de GES par rapport à un poids normal.
Des changements de comportements à adopter
Face au changement climatique, des stratégies adaptatives sont donc nécessaires. Une étude (4) a ainsi montré qu’une perte de poids de 10 kg chez toutes les personnes obèses et en surpoids entraînerait une diminution de 0,2 % du CO2.
Cela passe par des changements dans nos modes de vie, à l’échelle individuelle mais aussi sociétale, que ce soit en matière d’alimentation, d’activité physique, de transport ou d’utilisation de l’énergie. Il s’agit, par exemple, de choisir une alimentation plus saine. Certains régimes sont ainsi moins producteurs de GES. C’est le cas, par exemple, des régimes pauvres en viande, comme le régime méditerranéen, contrairement aux aliments ultra-transformés.
Il convient aussi de limiter les déplacements motorisés, … « Si des solutions existent à l’échelle individuelle, chacun doit pouvoir être aidé par la société via des politiques de soutien de modes de vie plus sains et plus durables et de lutte contre les lobbyings néfastes. De manière générale, ralentir le processus du réchauffement climatique dans le but de prévenir aussi les effets délétères sur la santé liés à l’épidémie de l’obésité, constitue un enjeu planétaire, à la fois individuel et collectif, qui nécessite des efforts coordonnés pour aborder les deux problèmes de manière concomitante », conclut André Scheen.
Références :
Sources : D’après les 67ème Journées d’Endocrinologie Clinique Henri-Pierre Klotz (Pars, 12 - 13 juin)
Références
(1) Scheen A. Obesity and global warming: a two-way relationship? Annales d’Endocrinologie 2025 May 21;86(3):101783.
(2) Huang K, Hong Q. The impact of global warming on obesity. Journal of Population Economics 2024;37:pages 1-32.
(3) Edwards P, Roberts I. Population adiposity and climate change. Int J Epidemiol 2009;38:1137-40.
(4) Magkos F, et al. The environmental foodprint of obesity. Obesity 2020 ; Gryka A, et al. Global warming: is weight loss a solution? Int J Obes (Lond) 2012
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