Méningocoque B : le CNGE émet des doutes sur le rapport coût/ efficacité de l’obligation vaccinale
Dans un communiqué publié le 22 décembre, le conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) "s’interroge sur le fait que cette vaccination ait été imposée comme obligatoire en France sans concertation avec les professionnels de santé".
La France a institué depuis le 1er janvier 2025 la vaccination obligatoire contre les méningocoques B (Bexsero, GSK) pour tous les nourrissons de moins de 2 ans, une vaccination qui était déjà recommandée par la Haute Autorité de santé (HAS) depuis 2021. L’objectif était de réduire l’incidence de cette infection grave, qui était encore à l’origine de 56 cas d’infections invasives (IIMB) avant l’âge de 5 ans en 2024.
Dans un communiqué publié le 22 décembre, le conseil scientifique (CS) du Collège national des généralistes enseignants (CNGE) "s’interroge sur le fait que cette vaccination ait été imposée comme obligatoire en France sans concertation avec les professionnels de santé". En particulier, suite à la recommandation de la HAS, les couvertures vaccinales ont fortement augmenté, passant de 48,8 % à 74,7 % pour au moins une dose entre 2022 et 2023, alors même que la vaccination n’était pas encore obligatoire.
Le CS du CNGE affirme, par ailleurs, que l’efficacité de Bexsero sur la réduction de l’incidence des infections invasives à méningocoque B (IIMB) chez le nourrisson ne repose sur aucun essai clinique dans cette population, mais sur des données observationnelles provenant d’autres pays. Il rappelle aussi que la durée de la protection individuelle est estimée à 3 ans, et que "Bexsero n’a pas d’effet sur le portage et donc n’entraîne pas de protection indirecte de la population non vaccinée".
Sur le plan de la tolérance, le vaccin semble bien toléré, malgré "quelques cas de purpura vasculaire et thrombopénique" signalés.
En outre, le CS du CNGE considère que Bexsero "n’a pas, à ce jour, fait la preuve d’un rapport coût/efficacité favorable en population générale". Ainsi, la HAS n’a pas fourni "de nouvelles données concernant le rapport coût-efficacité d’une généralisation de la vaccination contre le méningocoque B à tous les nourrissons ou adolescents", alors que de précédentes données (revue systématique de 2021) montraient l’absence de bénéfice coût-efficacité, "en raison notamment du coût élevé du vaccin et de la faible incidence de la maladie, malgré la gravité des cas et leur impact individuel et collectif ».
C’est pourquoi le CS du CNGE s’interroge sur la façon avec laquelle a été prise cette décision d’obligation vaccinale : "La vaccination contre le méningocoque B devrait faire l’objet d’une décision partagée entre les parents et le médecin, dans un cadre éthique, en s’appuyant sur des données scientifiques tout en respectant la liberté de choix".
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