Maladie d’Alzheimer : les effets neuroprotecteurs des régimes de type MIND

« Une alimentation équilibrée joue un rôle bénéfique dans la prévention du déclin cognitif, notamment de la maladie d’Alzheimer mais aussi dans les stades précoces de cette pathologie. Plusieurs travaux convergent ainsi vers l’action protectrice du régime Mind (Mediterranean-Dash Intervention for Neurodegenerative Delay) », indique la Dre Marion Lévy, directrice scientifique de la Fondation Vaincre Alzheimer. Conçu pour la protection neuronale, il combine le régime méditerranéen et les « Dash » (Dietary Approaches to Stop Hypertension), un protocole axé sur la santé cardiovasculaire visant à supprimer les produits transformés et à réduire le sel. Une étude épidémiologique française, menée pendant seize ans auprès d’une cohorte de sujets âgés de 75 ans en moyenne, a montré que le régime Mind était associé à un risque moindre de troubles neurocognitifs, tels que la maladie d’Alzheimer ainsi qu’à une préservation de la microstructure de la substance blanche (Thomas S, et al. J Prev Alzheimers Dis 2022). « Une meilleure adhésion au régime Mind est liée à 30 % de risque en moins de développer des troubles cognitifs par rapport à un moindre suivi de ce régime », précise la Dre Lévy.

Ces résultats rejoignent ceux d’études nord-américaines et australiennes (Morris, et al. Alzheimers Dement 2015 et Hosking, et al. Alzheimers Dement 2019).

Vitamines B, caroténoïdes, polyphénols et oméga 3 ont un effet neuroprotecteur

Le régime Mind recommande dix groupes d’aliments et en limite cinq. Les fruits et légumes de saison (en insistant sur les fruits et baies rouges ; les légumes verts à feuilles), les céréales complètes, les légumineuses et les fruits à coque doivent être consommés quasi quotidiennement. Les poissons gras et les fruits de mer sont également conseillés, ainsi que le chocolat noir et le thé. L’huile d’olive doit être la principale source de lipides. À l’inverse, Mind limite le sucre, la viande rouge ainsi que les produits laitiers, ces derniers riches en graisses saturées perturbant la barrière hémato-encéphalique et favorisant l’accumulation de la protéine bêta-amyloïde. « Le régime Mind est riche en vitamines B, caroténoïdes, polyphénols et oméga 3, des nutriments aux propriétés intéressantes dans le contexte de stress oxydatif et d’inflammation chronique observés dans le cerveau de patients souffrant de maladie d’Alzheimer. Une revue de la littérature (Mertaş, et al. Int J Mol Sci 2025) a également relevé, dans des études précliniques portant sur les oméga 3, une réduction de la formation de la protéine bêta-amyloïde, une augmentation de la phagocytose des dépôts amyloïdes, voire un effet sur l’hyperphosphorylation de la protéine Tau. D’autre part, les aliments riches en oméga 3 doivent être préférés à la supplémentation en raison d’une meilleure biodisponibilité », souligne la neuroscientifique.

L’excès de sel altère les fonctions cognitives

« Une étude préclinique a montré qu’une alimentation riche en sel favorise l’apparition de formes anormales et toxiques de la protéine Tau (Faraco G, et al. Nature 2019). En provoquant des perturbations moléculaires en périphérie du cerveau, le sel crée un déficit en monoxyde d’azote dans les parois des vaisseaux sanguins, entraînant la modification de la protéine Tau et affectant le débit sanguin cérébral », alerte-t-elle.

Le café pourrait avoir un effet protecteur

« Un essai clinique de phase III (Cafca), porté par le CHU de Lille, évalue actuellement l’effet d’un traitement par caféine (3 ou 4 expressos par jour pendant 30 semaines) sur la cognition de patients ayant une maladie d’Alzheimer débutante à modérée », annonce la Dre Lévy. Une étude préclinique avait déjà montré que le dysfonctionnement neuronal des récepteurs adénosinergiques A2A, observé dans le cerveau de souris atteintes de la maladie d’Alzheimer, contribuait à la pathogenèse liée à l’amyloïde (Gomez-Murcia V, et al. Brain 2024). De plus, une autre étude avait décrit le mécanisme d’action de la caféine qui, en bloquant l’action des A2A, permettait aux souris traitées de retrouver des performances mnésiques similaires à celles des animaux contrôles (Vania, et al. Scientific Reports 2016).

Le microbiote joue un rôle dans la régulation du métabolisme cérébral

Enfin, les acides biliaires secondaires, des métabolites protecteurs produits par des bactéries du microbiote intestinal, auraient un effet dans la régulation du métabolisme cérébral. En apportant des fibres, les régimes Mind et méditerranéen nourrissent ces bactéries. « Des travaux avaient montré qu’une transplantation de microbiote fécal de souris saines chez des souris ayant la maladie d’Alzheimer a entraîné une réduction des dépôts amyloïdes et une diminution de la formation des dégénérescences neurofibrillaires (Kim MS, et al. Gut 2020). À l’inverse, un transfert du microbiote de souris malades d’Alzheimer âgées vers des souris jeunes a accéléré la progression de la pathologie (Chen C, et al. Science Advances 2020) », informe la Dre Lévy.