La mortalité néonatale, marquée par les inégalités sociales
Des chercheurs ont voulu préciser l’impact des différences socio-économiques sur la mortalité néonatale.
Alors que la mortalité infantile – et en particulier la néonatale, c’est-à-dire survenant entre la naissance et le 28e jour du bébé - est en hausse en France, des chercheurs (Inserm, université Paris-Cité, Inrae, université Paris-Nord, et AP-HP) ont voulu préciser l’impact des différences socio-économiques dans ce domaine. Pour cela, ils ont mis au point un indice de désavantage social, adapté à la période périnatale, pour chaque commune de France hexagonale. Ce critère tenait compte de plusieurs facteurs : taux de chômage, pourcentage de personnes immigrées dans le secteur, de locataires, de familles monoparentales, ainsi que revenu médian par ménage. Ils ont croisé cet indice avec le taux de mortalité néonatale en utilisant les données du Système national de données de santé (SNDS). Deux périodes ont été analysées : entre 2001 et 2008, puis entre 2015 et 2020.
Il en ressort que les décès de nouveau-nés sont plus nombreux pour les mères qui résident dans les communes les plus défavorisées, et ce quelle que soit la période étudiée. Pour les 20% d’enfants nés dans ces zones défavorisées, le taux de décès néonatal étaient de 3,34 pour 1 000 naissances vivantes, contre 1,95 chez les 20% les plus favorisés, soit une augmentation d’un facteur 1,7. "Si toute la population avait le même risque de mortalité néonatale que les 20 % les plus favorisés, on estime qu’environ un quart des décès, soit 2 496 décès de nouveau-nés, auraient pu être évités rien que sur la période entre 2015 et 2020", indique Victor Sartorius, premier auteur de l’étude.
Prévalence d'autres facteurs
La comparaison entre les deux périodes a permis de confirmer l’augmentation des taux de mortalité au cours de la 2ème période. Cependant, les deux courbes se séparent uniquement pour les groupes les plus défavorisés signifiant que "la hausse observée se concentre uniquement dans les territoires défavorisés, alors que la mortalité est restée stable dans le reste du pays", observe Jennifer Zeitlin, dernière autrice de l’étude.
Pour les scientifiques, ces inégalités pourraient être liées à la prévalence plus importante de facteurs tels que le surpoids, le tabagisme et la pollution, plus fréquents au sein des populations défavorisées, et qui augmentent la prématurité et donc le risque de décès néonatal.
La décision de recourir ou non à une interruption médicale de grossesse pour certaines maladies fœtales peut aussi jouer. "Il faut aussi évoquer l’organisation de notre système de soins, on sait que l’accès aux soins et la capacité des résidents à se saisir du système de santé est réduit dans les territoires défavorisés", déplore Victor Sartorius. S’y ajoutent les sous-effectifs en personnel. Ces difficultés pourraient induire des événements indésirables graves liés aux soins chez les nouveau-nés, dont 57% pourraient être évités, selon une étude de la Haute Autorité de santé (HAS). "La question est donc de savoir comment améliorer l’organisation de l’offre de soins et les conditions de prise en charge des patients, notamment dans les territoires les plus fragiles selon notre indice de désavantage social et périnatal, souligne Jennifer Zeitlin. Cela pourrait passer par un renforcement des effectifs, une meilleure formation des soignants et des infrastructures adaptées, par exemple."
Les auteurs soulignent "l’urgence de mettre en place des mesures de santé publique ciblées sur les zones à haut risque". Ils suggèrent la réalisation d’audits de l’offre de soin en périnatalité dans chaque territoire.
Références :
D’après un communiqué de l’Inserm (16 septembre) ; et Sartorius V, et al. BMJ Medicine. 2025;4:e000954.
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