Surveillance du cancer colique opéré : le dosage de l’ACE et le scanner inutiles

15/04/2021 Par Corinne Tutin
Cancérologie
Les résultats de l’étude randomisée Prodige 13, présentée lors des JFHOD (18-21 mars 2021) confirment qu’une surveillance reposant sur des dosages d’ACE ou des scanners n’améliore pas la survie.

  Malgré une absence démontrée de bénéfice sur la survie, il était jusqu’ici habituel de surveiller les patients opérés d’un cancer du côlon, dans un but curatif, par le dosage de l’antigène carcino-embryonnaire (ACE), avec l’idée d’être plus efficace en traitant plus rapidement d’éventuelles récidives ou des cancers métachrones liés au traitement. Les données de l’étude Prodige 13 montrent cependant que « ce mode de surveillance consommateur de ressources est inutile et suggèrent que le suivi doit reposer sur un examen clinique régulier, associé à une échographie abdominale et une radiographie pulmonaire », a expliqué le Dr Côme Lepage (CHRU de Dijon). « De même, un scanner ne devra être pratiqué qu’en cas de suspicion de récidive au vu des données cliniques ou d’imagerie ». Cette vaste étude franco-belge prospective a étudié, chez des patients opérés d’un adénocarcinome colorectal de stade II ou III, grâce à une double randomisation, l’impact d’une surveillance par dosages ou non d’ACE tous les 3 mois, ainsi que celui d’une surveillance semestrielle par scanner par comparaison à l’imagerie standard (échographie abdominale tous les 3 mois et radiographie thoracique tous les 6 mois). Le suivi médian a été de 6,5 ans. Comme l’a rapporté le Dr Lepage le 19 septembre 2020, lors du congrès de la Société européenne d’Oncologie médicale (Esmo), la survie globale s’est révélée identique à 5 ans, quel que soit le mode de surveillance (ACE ou non, scanner ou non) sur l’ensemble des 1995 malades réséqués*.

Les résultats plus récents, présentés lors des JFHOD 2021, confirment que la même conclusion peut être tirée dans le sous-groupe des patients opérés d’un cancer colique, la survie étant non statistiquement différente à 5 ans dans les 4 bras, et ce que la tumeur soit de stade II (n = 779) ou III (n = 730), qu’elle s’associe ou non à des embols vasculaires, à des complications comme une perforation, et quel que soit l’âge, et le sexe. Le taux de récidives (entre 20 et 25 %) était similaire, quel que soit le mode de surveillance. Les patients suivis par dosages d’ACE ou scanner ont eu beaucoup plus souvent une prise en charge à visée curative en cas de rechute (66,3 % des cas dans le bras ACE, 50,7 % dans le bras scanner contre 40,9 % pour la surveillance standard), sans que malheureusement, cela se traduise par une amélioration pronostique. L’étude se poursuit. Les auteurs ont pour objectif d’analyser les effets d’autres outils potentiels de surveillance comme l’ADN tumoral circulant. *Lepage C, et al. Ann Oncol 2020. 31(suppl_4): S409-S461. Abstract 3980.  

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