Quel impact des limites de la normale des dosages thyroïdiens sur la prévalence du traitement par lévothyroxine ?

28/03/2023 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
La mesure de la TSH avec ou sans mesure de la T4 libre permet d’évaluer la fonction thyroïdienne d’un individu.

On note de grandes variations géographiques dans la prévalence de l’hypothyroïdie traitée par thyroxine qu’on peut expliquer par différents facteurs : différence des proportions de sujets âgés, de femmes, de tabagisme, de prévalence de l’obésité et de la fréquence des dosages mais la décision de la mise en route d’un traitement dépend aussi des valeurs de référence (valeurs normales) obtenues à partir d’un échantillon de population saine. Cependant, les valeurs de référence de la TSH et de la T4 ne sont pas universelles et les laboratoires indiquent dans leur rendu de résultat des intervalles de valeurs normales différents, dépendant des recommandations des fabricants de kit de dosages ou de données locales ou de données provenant d’échantillons importants de la population. Or on comprend bien que les laboratoires qui utilisent des valeurs de référence étroites, par exemple 0.4 à 4 mUI/L pour la TSH, vont probablement faire plus souvent des diagnostics de dysthyroïdie que les laboratoires qui utilisent des valeurs de référence plus larges, par exemple de 0.2 à 6. Or on constate une augmentation du nombre de personnes ayant des concentrations de TSH limites et qui sont traitées par thyroxine. Afin de savoir si les limites de la normale des concentrations de TSH et de T4 avaient un impact sur la prévalence des traitements par les hormones thyroïdiennes pour hypothyroïdie, une équipe britannique a mené une enquête sur les intervalles de référence de la fonction thyroïdienne donnés dans les laboratoires du service de Santé National Britannique et les a mises en relation avec la prévalence du traitement par lévothyroxine dans différentes régions au Royaume-Uni en 2014. La limite supérieure de la normale de la TSH était significativement, linéairement et de manière indépendante associée négativement à la prescription du traitement par LT4 : -0.54 % (IC 95 % = -0.70 % à -0.40 %). La limite basse de la T4 libre était significativement et de manière indépendante associée à la prévalence du traitement par lévothyroxine de manière non linéaire (courbe en J) avec une augmentation notée à partir d’une T4 libre d’environ 9.5 pmol/l. Les auteurs britanniques de cette étude concluent donc que de petits changements dans les valeurs normales de la TSH et de la T4 sont associés à des prescriptions de lévothyroxine. Faut-il proposer d’adopter des valeurs de référence de la fonction thyroïdienne reposant sur des critères cliniques plus que sur des techniques statistiques ?

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