Médicaments gastro-intestinaux : un coût important

18/04/2019 Par Corinne Tutin
Hépato-gastro-entérologie
[JOURNEES DE GASTRO-ENTEROLOGIE 2019] Le montant des remboursements de médicaments gastro-intestinaux est estimé autour de 800 millions d’euros par an, avec une part notable des prescriptions d’IPP.

Le Dr Philippe Tuppin, épidémiologiste à la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam), a conduit avec des gastro-entérologues de l’hôpital Avicenne (Bobigny, 93) une étude à partir du système national des données de santé (SNDS) de l’année 2016, afin d’apprécier le poids économique des médicaments gastro-intestinaux.  "L’analyse a pris en compte les médicaments remboursés pour des symptômes gastro-intestinaux (classification ATC), au sein de 57,5 millions de personnes, soit 86 % de la population."  130 millions de prescriptions remboursées ont été recensées pour 25,7 millions de sujets (45 % de la population française). Le montant total remboursé était de 707 millions d’euros (28 euros en moyenne par consommateur). Ce qui correspond, par extrapolation, à un coût global de 808 millions d’euros par an en France.   Les médecins généralistes étaient de loin les premiers prescripteurs de ces médicaments (89,5 % contre 3 % pour les gastro-entérologues, 1,1 % pour les pédiatres). Les auteurs ont été étonnés d’observer que 24 % de ces 25,7 millions de personnes avaient eu une prescription d’inhibiteur de pompe à protons (IPP), "un taux élevé", a considéré le Dr Tuppin. On relevait ensuite 20 % de prescriptions pour troubles fonctionnels intestinaux (TFI), 10 % de laxatifs (ou de préparations coliques), la même proportion (10 %) d’anti-diarrhéiques, anti-inflammatoires/anti-infectieux intestinaux (Smecta), puis 7 % d’anti-émétiques et anti-nauséeux, 6 % de médicaments pour troubles de l’acidité, 5 % de médicaments de l’ulcère digestif et du reflux gastro-œsophagien (RGO) (sucralfate, acide alginique), et 2 % d’anti-acides. La prescription d’IPP représentait un montant de remboursement 10 fois plus élevé que celui des médicaments des TFI : 423 millions d’euros contre 47, et très supérieur à celui imputable aux autres médicaments : 76 millions pour les anti-diarrhéiques, 72 pour les laxatifs, 61 pour les anti-acides….   Augmentation avec l’âge Après un premier pic chez le nourrisson, puis une décroissance dans l’enfance, le taux de prescription d’IPP s’accroissait régulièrement avec l’âge chez les adultes pour dépasser 40 % au-delà de 75 ans. Les prescriptions de laxatifs augmentaient, elles-aussi, avec l’âge (près de 30 % à 75 ans). En revanche, les prescriptions de médicaments des TFI restaient stables, quel que soit l’âge, avec un taux plateau de 20 %.

"Le SNDS est utile pour suivre les pratiques face aux recommandations", a estimé le Dr Tuppin. "Si certains des résultats de cette étude correspondaient à des situations connues : premier pic de prescription des IPP (5 %) entre 0 et 1 an pour reflux, prescription d’IPP en cas d’utilisation chronique d’AINS (62 %), d’autres représentent probablement des situations cliniques discutables par rapport aux recommandations actuelles : comme une prescription de 15 % d’anti-diarrhéiques (Smecta) chez l’enfant de 2 à 9 ans, une prescription fréquente (50 %) d’IPP en cas d’insuffisance rénale terminale". "La Cnam réfléchit à la réalisation de campagnes de sensibilisation confraternelles", a admis le Dr Tuppin.

Etes-vous prêt à stocker des vaccins au cabinet?

Fabien BRAY

Fabien BRAY

Non

Je tiens à rappeler aux collègues que logiquement tout produit de santé destiné au public stocké dans un frigo, implique une traça... Lire plus

 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Déserts médicaux
"J'ai à peu près la même aisance financière mais je travaille moins" : avec ses centres de santé, l'Occitanie...
17/12/2025
20
Podcast Médecine légale
Un homme meurt en sortant les poubelles : le légiste Philippe Boxho revient sur cette histoire "complètement...
23/09/2025
0
Histoire
"Mort sur table" : retour sur l'affaire des "médecins de Poitiers", qui a divisé le monde hospitalier
15/12/2025
3
Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Infectiologie
Ces maladies insoupçonnées qui ont contribué à causer la perte de la Grande armée de Napoléon
21/11/2025
0
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2