L’obésité vue avec les syndromes de Bardet-Biedl ou d’Alström serait sensible au setmélanotide, un agoniste du récepteur MC4R

26/12/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Une altération de la signalisation ciliaire dans la voie du récepteur de type 4 de la mélanocortine (MC4R) pourrait contribuer à l’obésité vue chez les patients ayant un syndrome de Bardet-Biedl et/ou un syndrome d’Alström, une maladie génétique rare associée à une hyperphagie et à une obésité précoce, sévère.

Ceci a conduit à mettre en place une étude multicentrique, randomisée, en double insu versus placebo, de phase 3 suivie d’une période en ouvert pour évaluer l’efficacité du setmélanotide, un agoniste du récepteur MC4R sur le poids corporel chez ces patients. L’étude a duré 14 semaines en double insu et a été suivie d’une période en ouvert de 52 semaines. Douze sites, aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en France et en Espagne, ont participé à l’étude. Les patients, âgés de plus de 6 ans, étaient inclus s’ils avaient un diagnostic clinique de syndrome de Bardet-Biedl ou de syndrome d’Alström et s’ils avaient une obésité définie comme un IMC > 97ème percentile pour l’âge et le sexe chez les enfants âgés de 6 à 15 ans et ≥ 30 kg/m2 chez les adultes. Les patients recevaient soit 3 mg de setmélanotide sous-cutané, soit du placebo, une fois par jour durant les 14 semaines de double insu, puis recevaient tous le setmélanotide pendant 52 semaines. Le critère d’évaluation principal était la proportion des patients âgés de plus de 12 ans qui obtenaient une réduction d’au moins 10 % de leur poids corporel à partir de la valeur basale, et cela après 52 semaines de traitement par setmélanotide. Entre décembre 2018 et novembre 2019, 38 patients ont été inclus et assignés pour 19 d’entre eux à recevoir le setmélanotide et 19 le placebo. Seize avaient un syndrome de Bardet-Biedl et trois avaient un syndrome d’Alström dans chaque groupe. Une réduction de plus de 10 % du poids corporel (critère d’évaluation principal) a été obtenue chez 32.3 % (IC 95 % = 16.7 à 51.4 %; p = 0.0006) des patients âgés de plus de 12 ans ayant un syndrome de Bardel-Biedl après 52 semaines de setmélanotide. L’effet secondaire lié au traitement le plus fréquemment rapporté était l’hyperpigmentation cutanée (26, soit 61 % des 38 patients) et un érythème au site d’injection (18, soit 48 %). Deux patients ont eu des effets secondaires sévères (cécité, réaction anaphylactique et idées suicidaires) mais aucun n’a été considéré comme lié au traitement par setmélanotide. En conclusion, le setmélanotide, un agoniste du MC4R, s’accompagne d’une réduction significative du poids corporel chez les patients ayant un syndrome de Bardet-Biedl. Toutefois ces résultats ne permettent pas de conclure chez les patients ayant un syndrome d’Alström. Ces résultats sont en faveur de l’utilisation du setmélanotide dans cette indication et justifient qu’une demande d’autorisation de mise sur le marché soit demandée.

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