L’eskétamine, nouvel agent dans les dépressions résistantes

11/02/2020 Par Corinne Tutin
Psychiatrie
Administré par voie nasale, et en milieu hospitalier, il possède la caractéristique d’agir rapidement

L’eskétamine est un médicament développé par les Laboratoires Janssen, commercialisé aux États-Unis sous le nom de Spravato, qui est proposé sous forme de pulvérisation nasale et dispose depuis septembre 2019 d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) de cohorte en France dans des épisodes dépressifs résistants n’ayant pas répondu à au moins deux antidépresseurs de deux classes différentes et résistant ou ne pouvant ou acceptant de recevoir une électroconvulsivothérapie. Son administration est cependant réservée aux psychiatres hospitaliers.  Ce médicament devrait être prochainement disponible en Europe, le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) ayant émis en octobre 2019 un avis favorable recommandant son autorisation de mise sur le marché dans l’Union Européenne. L’avantage de cet agent thérapeutique est, qu’à la différence des antidépresseurs qui requièrent un délai de quelques semaines pour obtenir une efficacité optimale, il agit rapidement. Deux études de phase 3 réalisées en double aveugle durant 4 semaines, sur respectivement 226 et 230 adultes, Aspire 1 et 2, ont ainsi montré que l’addition d’une administration nasale d’eskétamine de 84 mg deux fois par semaine à une prise en charge par hospitalisation et antidépresseurs, s’accompagne d’une réduction significative à 24 heures du score de dépression MADRS (- 3,8 points dans Aspire 1 et - 3,9 dans Aspire 2) (critère de jugement principal des essais). Une différence numérique entre bras traité par eskétamine et bras placebo a été observée dans Aspire 2 pour l’ensemble des symptômes dépressifs pour tous les points de mesure, ont rapporté Dong Jong Fu et coll. (Laboratoires Janssen, Pennington, États-Unis). Ce médicament détermine toutefois des effets secondaires à type d’étourdissements (41,2 % contre 18,6 % sous placebo dans Aspire 2), de troubles dissociatifs (38,6 % contre 8,0 %), de nausées (33,3 % contre 14,2 %), de somnolence (22,8 % contre 10,6 %)...  Il faudra aussi vérifier qu’il n’est pas détourné de son usage, car la kétamine, qui a une activité anesthésique, a parfois été sniffée dans un but récréatif pour ses effets euphorisants.

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